Ceux que l’on attendait plus ou moins

L’opération reconquête est en bonne voie pour le Bayern Munich. Avec neuf points d’avance sur le Bayer Leverkusen et surtout douze sur son tombeur des deux saisons écoulées, le Borussia Dortmund, le Rekordmeister devrait, sauf cataclysme, ramener le Meisterschale en Bavière.

Borussia Dortmund (3e, 30 points)

C’est avec un sentiment forcément mitigé que le Borussia Dortmund a bouclé son premier tour. Arithmétiquement, le bilan n’est pourtant pas tellement moins bon qu’il y a douze mois. En Bundesliga, le BVB possède quatre points de retard sur son tableau de marche de sa saison 2011-2012 record mais a survolé un groupe de Ligue des Champions comprenant aussi les champions d’Espagne, Hollande et Angleterre, alors qu’il avait échoué la saison dernière dans une poule bien moins relevée. Si l’impression générale est plutôt négative, c’est aussi parce que le Bayern Munich a mené un rythme infernal, reléguant la conservation du Meisterschale dans la Ruhr au rang de vague hypothèse. Et comme la Bundesliga sera toujours plus importante que la Ligue des Champions, cela augure d’un printemps un poil moins exaltant que lors des deux exercices écoulés.
Dès lors, comment expliquer qu’une équipe qui a manifestement franchi un cap et gagné en qualité au plus haut niveau international se retrouve en difficulté au plan national ? C’est à mon sens surtout une question d’intensité : lors des deux saisons écoulées, le BVB jouait tous ses matchs de Bundesliga à 100 à l’heure en exerçant un pressing constant sur l’adversaire, sans trop se préoccuper de se ménager, quitte à balancer un peu la Coupe d’Europe pour se reposer. Cette saison, la Ligue des Champions a été prise plus au sérieux ; en revanche, en Bundesliga, on a clairement discerné une volonté nouvelle de s’économiser et de gérer. Le problème, c’est que l’équipe manque de maturité et de concentration : dès que le pressing se relâche et que l’adversaire a le loisir d’organiser ses attaques, la machine jaune et noire devient plus vulnérable. Ainsi, le Borussia  a laissé échapper beaucoup de points après avoir mené au score et, avec les mêmes joueurs en défense, a encaissé presque autant de goals en un tour que sur la totalité des saisons 2010-2011 et 2011-2012.

Durant la trêve, le BVB a créé l’événement en rapatriant l’enfant du pays et grand artisan du titre 2011, Nuri Sahin, dont ni le Real Madrid ni Liverpool n’ont su exploiter les qualités. C’est un transfert sans doute davantage mû par des raisons affectives que stratégiques car la place jadis dévolue à l’international turc est aujourd’hui parfaitement occupée par Ilkay Gündogan. Certains estiment que cette arrivée prépare un passage du 4-2-3-1 au 4-3-3, je n’y crois guère, je pense par contre que Gündogan pourrait avancer d’un cran pour compenser le départ de Perisic, lequel n’a jamais trouvé sa place dans le collectif. De toute façon, l’apport de Nuri Sahin ne sera pas de trop pour relever les défis qui attendent le BVB ce printemps. Ces défis, quels sont-ils ? Le titre, on n’y croit plus et, de toute façon, c’est avant tout entre les mains du Bayern. L’entraîneur Jürgen Klopp a promis que l’on allait retrouver le vrai Borussia avec plus d’intensité dans le jeu mais l’objectif sera avant tout d’accrocher la 2e place ou, au pire, la 3e pour décrocher l’accès direct aux millions de la prochaine Ligue des Champions. Dans cette dernière compétition, le BVB jouera un huitième assez excitant contre Donetsk, soit les deux formations les plus attractives de la phase de poule. Donetsk en février, ça s’annonce assez chaud, je ne suis pas encore à 100% sûr d’y aller mais, le cas échéant, je te raconterai. En tous les cas, Dortmund peut jouer un rôle d’outsider intéressant en C1. Et puis, il y a la DFB-Pokal à préserver, avec un quart de finale de titans à jouer à Munich contre le Bayern, afin de prouver que, même si le titre devait s’en aller du côté de l’Isar, le BVB reste le meilleur club d’Allemagne.
Départs : Perisic (Wolfsburg), Löwe (Kaiserslautern).
Arrivée : Sahin (Liverpool).

Bayer 04 Leverkusen (2e, 33 points)

Si Leverkusen a accueilli certaines deuxièmes places comme un drame, cette année il s’en satisfait volontiers. Le capitaine Simon Rolfes a même déclaré rêver d’un titre de vice-champion en mai prochain… Et après on s’étonne que Vizekusen traîne sa réputation d’éternel perdant ; enfin, cela permet aux fans du HC Genève-Servette de se sentir un peu moins seuls. Ironie mise à part, il est vrai que les observateurs étaient peu nombreux en début de saison à voir la Werkself en position aussi flatteuse avec un jeune duo d’entraîneur Hyypiä-Lewandowski peu expérimenté et un contingent guère renforcé. Certes, si les largesses du sponsor Bayer ne sont plus ce qu’elles étaient, le club avait tout de même donné un signal ambitieux en refusant des offres mirobolantes pour ses joyaux Schürrle et Bender. Toutefois, l’homme fort de ce 1er tour a été le revenant Stefan Kiessling. Longtemps mis en concurrence, notamment avec Helmes et surtout Derdiyok, l’attaquant allemand a profité d’un contingent offensif désormais restreint pour s’imposer comme titulaire à la pointe de l’attaque et retrouver son meilleur niveau. Avec douze réussites, il termine meilleur buteur du Hinrude et a emmené dans son sillage une équipe au collectif parfaitement rodé. Après un début de saison laborieux, Leverkusen a enchaîné les bonnes performances, étant même la seule équipe à réussir l’exploit de s’imposer cet automne sur la pelouse du Bayern Munich (1-2). En Europa League, la phase de poule a été aisément franchie et le prochain tour contre Benfica apparaît tout à fait jouable.

Eliminé en Coupe d’Allemagne, Leverkusen jouera donc sur deux tableaux ce printemps. La priorité, ce sera d’aller chercher une place dans le trio de tête afin de retrouver la Ligue des Champions. Cela paraît parfaitement envisageable : si Dortmund demeure menaçant, le reste de la concurrence est déjà distancé, à part Francfort, lequel ne devrait toutefois pas tenir la distance. C’est donc plutôt devant lui que Leverkusen doit regarder. Cette saison peut-elle être la bonne, celle où Neverkusen récolte enfin ce titre après lequel il court en vain depuis 109 ans ? Je ne pense pas, malgré la victoire du match aller à Munich. Le retard sur la tête du classement est déjà conséquent et le contingent du Bayern apparaît en tous points supérieurs. Derrière Schürrle, Kiessling et un Gonzalo Castro excellent durant le premier tour, il n’y a pas beaucoup de monde pour marquer des buts. Et la défense, malgré l’affirmation d’une jeune charnière centrale Toprak-Wollscheid, reste très perméable lorsqu’elle est mise sous pression. Une place entre la deuxième et la troisième reste l’issue la plus probable pour Leverkusen, ce qui constituerait déjà une belle satisfaction au vu des ambitions affichées en début de saison.
Départ : Renato Augusto (Corinthians), Carlinhos (Regensburg).
Arrivée : Milik (Gornik Zabrze).

FC Bayern Munich (1er, 42 points)

Vexé après les deux titres perdus au profit du Borussia Dortmund et la claque reçue en finale de la dernière Coupe d’Allemagne, le Bayern Munich a mis sur pied le contingent le plus cher de l’histoire de la Bundesliga pour reconquérir sa suprématie nationale. Et cela a fonctionné : le Bayern a largement dominé son sujet dans toutes les compétitions. Avec le Brésilien Dante qui s’est immédiatement imposé en défense, le retour de Schweinsteiger, Kroos, Ribéry et surtout Müller à leur meilleur niveau, ainsi qu’un Mandzukic flamboyant en début de saison, le Bayern a été souvent impressionnant, rouleau compresseur en attaque, intraitable en défense (seulement 7 buts encaissés en 17 matchs). Ces résultats sont d’autant plus impressionnants que des pointures comme Robben, Gomez ou Alaba n’ont que très peu joué en raison de blessures et que le transfert le plus onéreux du groupe, l’Espagnol Martinez, pas encore adapté à l’intensité supérieure de la Bundesliga, n’a pas été d’un grand secours jusqu’ici. Les seuls accrocs dans la marche triomphale bavaroise : les défaites à Borisov en C1 et à domicile contre Leverkusen en Buli, ainsi que les revanches ratées contres les bêtes noires de la saison écoulée, les Borussia de Dortmund et Mönchengladbach, tous deux repartis avec un point de l’Allianz Arena.

Cela ne devrait pas empêcher le Rekordmeister de fêter un 23e titre national en mai prochain. L’avance est confortable et, contrairement à l’an dernier, le contingent est suffisamment fourni pour parer à quelques blessures, comme celle de Badstuber qui va encore manquer un bout de temps. On pensait que la succession de Jupp Heynckes pouvait être le grain de sable qui ferait dérayer l’express bavarois mais l’engagement surprise de Guardiola a réglé le problème. Don Jupp pourra donc terminer son mandat dans la tranquillité. La priorité absolue cette saison, c’était la reconquête du titre. Avec, pour bien retrouver la suprématie sur le football allemand, la volonté farouche d’enfin battre le Borussia Dortmund dans un match plus significatif que la Supercup remportée en juillet, soit dans le quart de finale de DFB-Pokal à l’Allianz, soit dans le match de Buli au Westfalenstadion lors de l’antépénultième journée. Mais les Bavarois ont sans doute dans la tête de ne pas attendre jusque là pour assurer le Meisterschale, histoire de pouvoir aussi jouer leur carte en Ligue des Champions, même si cette saison il n’y a plus la pression liée à la Finale daoham. Depuis quelques jours, tout le monde s’attend à ce que Pep Guardiola soit l’entraîneur qui ramène cette Coupe aux grandes oreilles qui fuit les rives de l’Isar depuis 2001. Mais Jupp Henyckes est passé maître dans l’art du contre-pied : en 1998, Don Jupp était controversé et en fin de son très bref règne madrilène, cela ne l’avait pas empêché de réussir là où tant d’autres avaient échoué, soit ramener un titre de champion d’Europe qui fuyait Madrid depuis 1966. On verrait assez le vénérable Heynckes couper l’herbe sous les pieds du fastueux Guardiola et boucler sa carrière par une victoire en Ligue des champions à Wembley. Vu la qualité du contingent à disposition, le scénario n’a rien d’utopique. Enfin, à condition de ne pas rencontrer le rival dortmundois en cours de route. 
Départ : Weiser (Kaiserslautern).
Arrivée :

Écrit par Julien Mouquin

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