Ceux que l’on n’attendait pas

Ils visaient le maintien, l’objectif est quasiment déjà atteint à la mi-saison. Désormais, ils vont pouvoir jouer pour une place européenne sans la moindre pression. Ils, ce sont le FSV Mainz 05, le Sport-Club Freiburg et l’Eintracht Francfort, les trois révélations du Hinrunde.

FSV Mainz 05 (6e, 26 points)

Le FSV Mainz est en train de vivre les plus belles heures de ses 108 ans d’existence. Certes, le Karnevalsverein a moins fait parler de lui cet automne que lors de la saison 2010-2011 qu’il avait entamée par sept victoires mais il est en train de s’affirmer comme une valeur sûre de la Bundesliga. Mainz dispute sa quatrième saison consécutive dans l’élite et son excellent premier tour lui assure déjà quasiment de repartir pour une cinquième en août prochain ; un long bail pour un club qui, auparavant, n’a avait eu droit qu’à trois petites saisons dans la grande ligue (2004 à 2007) sous la houlette d’un certain Jürgen Klopp. Aujourd’hui, l’entraîneur miracle de Mayence s’appelle Thomas Tuchel et réalise un boulot incroyable depuis qu’il a repris, en août 2009, une équipe qui semblait condamnée à un retour immédiat en Zweite Liga quelques semaines seulement après avoir retrouvé la Buli.

Comme d’habitude, Tuchel a tiré le maximum du contingent à disposition, un contingent sans grande vedette, sinon le Hongrois Adam Szalai, passé par la réserve du Réal Madrid et de retour après une longue blessure pour s’affirmer comme l’un des meilleurs attaquants de Bundesliga, un nouveau Edin Dzeko. Derrière son buteur hongrois, Mainz vaut surtout par son dynamisme avec des joueurs qui se défoncent sans compter et exercent un énorme pressing sur l’équipe adverse, des joueurs qui paraissent interchangeables, ce qui permet à Thomas Tuchel d’exercer un turn-over constant pour toujours envoyer des troupes fraîches au combat. Paradoxalement, le seul petit bémol de ce 1er tour est venu du joueur le plus prometteur de l’effectif, le défenseur central (ou demi défensif) Jan Kirchhoff, convoité par les plus grands clubs d’Allemagne et que son entraîneur a souvent relégué sur le banc à mesure que les négociations sur une éventuelle prolongation de contrat s’enlisaient. Finalement, le jeune homme s’en ira au Bayern en juin, peut-être avant pour pallier à l’absence de Badstuber.
Même sans son jeune espoir mais avec les révélations Marco Caligiuri, Nicolai Müller ou Shawn Parker, Mainz, débarrassé de toute pression, va s’offrir un deuxième tour assez sympa avec en point de mire la troisième qualification européenne de l’histoire du club après 2005 (grâce au fair-play) et 2011. Et en point d’orgue un quart de finale de DFB-Pokal à domicile alléchant contre une autre bonne surprise de la saison, Freiburg.
Départ :
Arrivée :

Sport-Club Freiburg (5e, 26 points)

Les hivers se suivent et ne se ressemblent pas du côté du Breisgau et là je ne parle pas de l’enneigement mais de la situation du SC local : il y a une année, Freiburg était bon dernier du classement et revendait ses meilleurs éléments, dont le buteur Cissé et le capitaine Butscher, pour amortir économiquement une relégation qui paraissait inéluctable. Douze mois plus tard, les Breisgauer évoluent toujours en Bundesliga, ont quasiment déjà assuré le maintien suivant et peuvent rêver à la troisième qualification européenne de leur histoire après 1995 et 2001. L’artisan de ce redressement spectaculaire, c’est l’entraîneur Christian Streich, arrivé l’hiver dernier, un drôle de personnage, toujours mal fagoté, un peu bougon, souvent à se plaindre de l’arbitrage mais qui parvient à tirer la quintessence d’un effectif très limité et en partie composé de juniors du club inconnus jusque-là. A 22 ans, le gardien Baumann est devenu une valeur sûre en Bundesliga, des joueurs comme Ginter (18 ans), Sorg, Caligiuri, Flum, Schuster ou le Français Schmid, sortis de nulle part, sont devenus des titulaires indiscutables, le Congolais Makiadi, éternel remplaçant, s’impose comme le maître à jouer de l’équipe et l’attaquant de pointe, Max Kruse, est un milieu de terrain débauché à St. Pauli en Zweite Liga.

Et pourtant, avec une solidarité et une envie de tous les instants, une débauche d’énergie permanente, un jeu simple mais efficace et une organisation au point, ce contingent hétéroclite défie tous les pronostics. Maintenant que le maintien est plus ou moins acquis, tout ce qui viendra en plus sera du pur bonus et, avec l’enthousiasme de la jeunesse, les Breisgauer vont se faire un malin plaisir de continuer à faire déjouer les ténors de la Bundesliga. Bien sûr, la logique voudrait que les Fribourgeois ne tiennent pas la distance (spécialité fribourgeoise s’il en est) et se fassent doubler par des adversaires sur le papier bien mieux armé mais, avec ce diable de Christian Streich, tout paraît possible. Sérieusement, je te recommande d’aller faire un tour du côté du Dreisamstadion lors de ce Rückrunde : c’est tout près, c’est un stade avec un charme un peu vétuste d’un autre temps mais très chaleureux, il y a des bars partout, la bière est bonne et l’équipe locale vit une belle aventure, une chouette destination pour une course d’école avec une vision assez authentique du football.
Départ :
Arrivée :

Eintracht Frankfurt (4e, 30 points)

Voir le néo-promu Eintracht Francfort boucler le premier tour à la quatrième place avec 30 points, à égalité avec le champion Dortmund, absolument personne ne l’aurait imaginé en début de saison. En tous les cas pas l’entraîneur Armin Veh lui qui, quelques jours avant la reprise estivale, larmoyait sur les limites de son contingent, en particulier en défense. Et l’élimination piteuse au 1er tour de la Coupe à Aue semblait lui donner raison. Mais, dès l’entame du championnat, surfant sur l’euphorie de la promotion, SGE a marché sur l’eau, volant de victoire en victoire et occupant longtemps la place de dauphin de l’intouchable Bayern. Eintracht a récolté les fruits d’un recrutement estival bon marché mais judicieux : après un printemps difficile à Kaiserslautern, le gardien Kevin Trapp a démontré qu’il faisait partie des (très nombreux) candidats à une place en équipe nationale à l’avenir, alors que les renforts venus de Zweite Liga Occean mais surtout Aigner et Inui se sont immédiatement imposés dans l’élite. Et puis certains cadres de l’équipe ont profité de la confiance emmagasinée lors de la promotion pour prendre une dimension supplémentaire : la latéral Sebastian Jung est considéré comme le successeur de Philipp Lahm, le milieu Sebastian Rode est convoité par tous les grands d’Allemagne, le capitaine Pirmin Schwegler est le patron et métronome de l’équipe alors qu’Alexander Meier, avec ses 11 buts, rivalise avec les Ribéry, Müller, Götze et autres Kiessling pour le titre de meilleur joueur du 1er tour.

SGE est un petit peu rentré dans le rang à l’approche de l’hiver mais a montré, en bouclant son 1er tour par deux victoires probantes, qu’il valait mieux qu’un simple tube de l’été. Certains comparent son parcours avec celui du Borussia Mönchengladbach l’an passé ; à mon sens, l’Eintracht a quand même un peu moins de substance. La charnière centrale reste en particulier très vulnérable, elle a souvent fait de l’équilibrisme lors du 1er tour, on a l’impression qu’il suffirait d’un peu de réussite et de confiance en moins pour qu’elle vole régulièrement en éclat, malgré le retour de l’expérimenté Marco Russ. Francfort ne visait rien d’autre que le maintien cette saison ; celui-ci étant assuré il n’aura rien à perdre lors de ce 2e tour. Je pense qu’il lui sera toutefois difficile de se maintenir dans le quatuor de tête, synonyme de Ligue des Champions ; en revanche, avec l’avance prise au 1er tour et l’appui d’un public formidable quoique parfois un peu turbulent, une place en Europa League n’a rien d’utopique, ce qui constituerait déjà un formidable succès pour le néo-promu.
Départ : Demidov (Celta Vigo).
Arrivée : Russ (Wolfsburg).

Écrit par Julien Mouquin

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1 Commentaire

  1. Ca fait plaisir de voir Frankfurt à ce niveau !
    Avec un kop qui est pour moi un des si ce n’est le meilleur de la Buli (pas forcément en termes de nombre, mais plutôt d’énergie et d’animation, ils sont très inventifs sur leurs tifos aussi) et une équipe agréable à regarder.

    Ca fait également plaisir de voir que Pirmin Schwegler fait mieux que tenir la route à haut niveau, même s’il a le malheur d’occuper le poste où on a, à mon sens, le plus de bons éléments en Suisse (avec notamment le trio napolitain).

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