Esprit sportif bafoué : du cœur à l’outrage

Protêts coutumiers, footballeurs interdits de jouer, contrat cassé, stratégies judiciaires, pressions politiques et financières, notification d’une décision à 20 minutes du coup d’envoi, plaintes pénales et tournants de match joués sur un article de loi… Les règles ont changé et le sport semble avoir mal à son esprit.

Foutaise aux dires de la démagogie ! Les buts statutaires de la SFL «consistent  à promouvoir le football» et leurs dirigeants semblent bien déterminés. Car entre plan de carrière et impartialité, il a fallu choisir. Et ils n’ont pas tremblé…De son côté, le Jean-Jacques Rousseau du FC Sion est réputé de longue date pour les machinations mondiales dont il est la victime, une malédiction qu’il combat armé d’une loyauté de notoriété publique. Que les amoureux du sport se rassurent, le football est entre de bonnes mains.

Un combat pour l’injustice

Les mensonges fusent de toutes parts, les communiqués officiels font preuve d’un énorme parti pris, les procédures se multiplient, les actes officiels ne sont que trop rarement rendus publics et les résumés journalistiques cherchent le scandale.
Si la mission consistait à noyer le poisson, l’objectif est plutôt réussi. Car qu’on le veuille ou non, tout a commencé par l’acquisition frauduleuse d’El Hadary. En signant à Sion sans le bon de sortie du club auquel il était lié, l’Égyptien a rompu son contrat. Et selon le règlement, un club se permettant de signer un contrat avec un tel joueur est présumé l’avoir incité à léser son ancien club jusqu’à preuve du contraire. Sachant qu’aucun document n’a été signé par les parties et que les lettres échangées par les clubs démontrent qu’aucun accord n’a été trouvé sur le montant du transfert, la présomption de culpabilité n’a logiquement pas pu être renversée. Le FC Sion n’avait dès lors plus qu’à purger sa sanction. Mais c’était oublié qu’en ce bas monde, les lois sont faites par Christian pour Constantin.


Tout ça pour ça…

Dès lors, il criera haut et fort ne rien lâcher afin que la justice et l’esprit du sport triomphent. Le paradoxe est nauséabond, mais tel un dictateur en faute au sommet de son balcon, il haranguera les foules à coups de mensonges et de scandales bien placés. Pour faire bien dans le paysage, il invoquera notamment le cas de l’AS Roma qui avait pu fractionner la sanction à purger. Il omettait bien évidemment de mentionner que le règlement applicable n’était plus le même et qu’en l’absence de «circonstances exceptionnelles», la nouvelle version ne permettait plus une telle souplesse. Afin de mettre court à toute discussion possible, l’arrêt de l’AS Roma mentionnait même que sous l’empire du nouveau règlement, la sanction serait de deux périodes complètes.
Quand l’on sait que le club n’a purgé qu’une seule période complète, de l’aveu même de Constantin, on comprend mieux pour quelle raison la FIFA s’obstine à ne pas plier dans son bon droit. Par un cas unique, certes, c’est toute la sauvegarde de la crédibilité de ses règlements qui se voit menacée par un individu cherchant à vivre au-dessus des lois.

Magie juridique et pression politique

Amendé de 20 francs pour ne pas avoir bouclé sa ceinture de sécurité, un Valaisan – encore un – était allé jusqu’au TF  afin de ne pas la payer. À la surprise générale, son avocat avait obtenu gain de cause en sortant de son chapeau un problème de délégation législative. Même si le cas et les enjeux ne sont pas les mêmes, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, Christian fait partie de ces gens-là. Il allait pour sa part tenter de jouer sur les différents noms du club. Le TAS relève qu’il a fait preuve de mauvaise foi, car le permis provisoire d’El Hadary fut octroyé au «FC Sion» et fut logiquement considéré par toutes les parties comme notifié au club professionnel de l’Olympique des Alpes. Il était dès lors abusif d’invoquer que la décision future notifiée au «FC Sion» le fut à tort au club amateur.
Dans un autre registre, Constantin allait même menacer d’invoquer un cas de force majeure pour  renvoyer les matches. La pirouette juridique est encore plus grotesque, car l’esprit de la loi de la SFL ne vise assurément pas à contourner les sanctions de la FIFA. C’est donc en s’appuyant sur de faux arguments juridiques, en soulevant son état de victime, en faisant pression avec l’engagement de nombreux joueurs et en touchant le point sensible de la FIFA qu’il allait se battre comme son compatriote Bernard afin de ne pas purger la peine prévue. Si sa détermination est incroyable, on peine néanmoins à comprendre le caractère héroïque d’une démarche qui pourrit l’équité sportive.


CC fait la grimace, mais ne va rien lâcher

Renversement du score

Si la méthode peut faire vomir, c’est pourtant lui qui aujourd’hui collectionne les soutiens. Le Valais tout entier semble à sa cause. Même les Ultras, ses plus fervents opposants, ne se sont jamais permis de rentrer dans le débat. Plus effrayant encore, une bonne partie de l’opinion suisse alémanique considère le combat légitime.
Mais si CC a su gagner la sympathie, il le doit peut-être plus à ses adversaires qu’à lui. La SFL et la FIFA paient actuellement les pots cassés d’une sale réputation construite sur la durée. Et comme si cela ne suffisait pas, elles n’ont fait que renforcer les soupçons par d’étranges comportements publics. Prétendues gardiennes du sport, elles ont traîné dans la boue l’esprit qu’elles étaient censées préserver.

Bavures sur bavures : une affaire mal gérée

Juste sur le fond, le verdict du jugement a été connu par le club égyptien avant la notification faite aux parties. La FIFA se moque du monde en répondant qu’aucune communication de sa part n’a été faite et le TAS se contente de dire qu’il a l’entière liberté pour revoir le droit et les faits, de telle sorte que les irrégularités procédurales de la FIFA n’entrent pas en ligne de compte. Pour une institution en proie à de multiples scandales de corruption, le ménage semble bizarrement fait et les monstrueuses violations de procédure bénéficient d’une place de choix au sein de ces décisions.
Prétendant initialement devoir suivre la FIFA, la SFL aurait pu raisonnablement se ranger derrière le jugement civil auquel cette même FIFA doit se plier. Mais c’est dans l’incompréhension générale que le président de la Ligue allait s’acharner contre l’un de ses propres clubs en mentionnant la proximité du tribunal civil avec les bureaux de Constantin, tel un enfant frustré de perdre toutes ses parties de Playstation contre un petit frère trop fort pour lui.
Et la partialité a ses limites que la bêtise ne connaît pas. Brillants d’intelligence, les garants du sport  ont notifié par SMS une décision influençant gravement le cours du match à 20 minutes du coup d’envoi. Dans le jargon sportif, la technique se nomme «sacré coup de pute». La décision est d’autant plus incompréhensible que le règlement disciplinaire s’applique aux joueurs qualifiés et que les six joueurs concernés ne l’étaient pas au moment des faits incriminés. Pire encore, on incrimine le recours aux droits civils. Si le CC (le bouquin cette fois-ci) précise que toute personne jouit des droits civils, il serait peut-être bon de se demander de quelle espèce vivante le droit de la Ligue et de la FIFA considèrent ses joueurs.
Au vu de l’acharnement dont il a fallu faire preuve pour construire une telle sanction, on peine à croire que le bien du sport soit le motif directeur de toutes ces actions. Mais ce n’est pas tout, car les justiciers du pouvoir absolu ne pouvaient pas s’arrêter en si bon chemin. Sévèrement malade durant de très nombreuses années, même Bosman éclaterait de rire en entendant  le président de la Ligue prétendre que le système sportif doit l’emporter sur le système civil. Assurément, l’étudiant en droit de première année tient  là de toutes belles perles et l’honnêteté semble sauve. Initialement bien armées pour contrer le problème, les instances se sont fourvoyées sans aucune raison de trembler. On en rigole jusqu’en Écosse.


Feindouno pourra-t-il (enfin) jouer ?

Le karcher est de sortie

Ainsi, d’antisportif et bien qu’il le reste, le combat semble devenu d’utilité publique. Avec sa gueule déformée par le combat à la Stefan Lehmann, Constantin n’est pas prêt de plier devant les soumis de l’une des plus puissantes organisations de ce monde, une organisation qui s’amuse avec le joystick SFL. Après une course d’anthologie face à Bulat, le voilà sur le ring prêt à démonter du Grimm. Un Grimm au bord de la démission qui menace désormais d’éliminer le FC Sion, c’est-à-dire de radier d’un bon coup de plume l’équité du championnat et de jeter du jeu des dizaines de milliers de supporters , des dizaines d’employés et des dizaines de jeunes aux portes d’une potentielle carrière. Pour quelques coups de gueule au vitriol, la solution finale a de quoi surprendre. Une preuve de plus, au besoin, que le bien du sport passe avant tout. Et pour y parvenir, on use désormais de plaintes pénales et de menaces de mort. Les gamins ont troqué la boule de neige pour le pistolet à plomb. Dans un tel contexte, la sentence d’un verdict favorable à l’une de ces parties aurait de quoi laisser sceptique.
S’il fallait en trouver un, le seul mérite jusque-là aura été de cimenter les rangs des joueurs du FC Sion, bien trop seuls à devoir supporter les lourdes conséquences de ces aberrations. La partie juridique biaise le championnat depuis 2008 et tourne plus que jamais au ridicule. S’il serait hypocrite de ne pas reconnaître que le cirque tient en haleine le public, on se réjouit néanmoins que le chapiteau soit démonté pour le bien du sport que ces gens ne connaissent pas…

Écrit par Marc Berthouzoz

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16 Commentaires

  1. Alors là c’est de loin un des pires articles que j’ai pu lire sur CR et pourtant ça fait des années que je vous suis! En voyant le titre je me suis dis: Super, Carton Rouge traite enfin du sujet et va expliquer une fois pour toute l’affaire depuis son début afin que les gens qui ne savent rien du fond de l’affaire arrêtent de critiquer CC à tout va. Au lieu de cela, on a le droit à l’article typique du type qui ne connait l’affaire qu’à travers ce qu’il a pu en lire dans la presse, sans aucune recherche et approfondissement de la part de l’auteur. Je suis désolé mais pour lire des articles traitant de l’affaire superficiellement et n’amenant rien de nouveau au Schmilblick on est déja assez servi en Suisse avec le Torchon orange et le Blick, alors si Carton Rouge s’y met aussi…

  2. Ben au contraire du posteur précédent, là je suis bluffé. Je crois que, une fois n’est pas coutume en tout cas par rapport à Sion, Carton Rouge semble être le média qui a le mieux épluché le dossier. Rien avoir avec les copier/coller (et traduit) de la presse écrite sur la base du journal de boulevard Suisse-Allemand.

    De la boulette de CC de repartir avec le B(o)uffon sans le moindre papier ou accord écrit jusqu’aux notifications et argumentaires du TAS, on sent qu’il y a eu de la recherche !

    Manque peut-être juste la mention que le TAS relate qu’une personne externe au club atteste qu’un accord verbal avait été trouvé avec Al-Ahli avant le départ du gardien. Mais sans preuve écrite, CC s’est fait b…. ou a voulu aller trop vite.

    Ni que si le TAS admet que FC Sion = Olympique Des Alpes lors de la sanction, il n’admet en revanche pas que le recours du FC Sion équivalle à un recours de l’ODA… Si les 2 sont considérées comme une seule et même entité, cela aurait dû l’être dans les 2 sens.

    Pour les reste, encore bravo, excellent article.

  3. J’ai trouvé cet article bien fait. Comme la majorité des gens je suis cette affaire par les presse et je j’avoue que ces derniers temps je trouvais cette affaire drôle mais je perdais le fil conducteur de l’histoire. Il me semble que cet article résume l’essentiel des étapes de l’affaire vue par les parties concernée. Donc bravo CR!

  4. Tu a craqué mon pauvre Thieum1950…. cet article n’a rien à voir avec ceux du torchon orange. Personne n’est défendable dans cet histoire et l’article met le doigt dessu de bien belle mannière.

  5. très bon compte rendu, bravo et merci !

     » Dans le jargon sportif, la technique se nomme «sacré coup de pute».  » j’adore !

  6. Très bonne article qui je crois résume l’avis de bcp de monde!

    Les 2 parties sont ridicules mais bon dieu, que le sport prime!

    En fin de compte, j’avoue que CC a attiré ma sympathie et j’espère que Feidouno et consort pourront bientôt fouler les pelouses, car finalement, c’est la seule chose à laquelle ils aspirent!

    bon week-end!

  7. Très bon article, Jean-Jacques. J’ai aimé ton impartialité. C’est une denrée assez rare dans cette affaire.

    P.S.: Avec un peu de chance, l’affaire ne sera pas réglée avant que tu finisses le master et là, avec un peu de chance, CC aura besoin d’un 2è avocat. Postule, on sait jamais…

  8. Je trouve la démarche du « tous pourris » trop facile. Vive l’intrusion du civile dans le fonctionnement totalitaire de la FIFA.

  9. Article malheureusement inexact sur un point essentiel : la notification faite par la FIFA est erronée. Le club a deux entités, l’une non professionnelle (l’association), l’autre professionnelle (la SA), la seule qui aurait dû être concernée.
    Quant une autorité (ou un organisme qui entend se prévaloir de prérogatives liées à un tel statut) notifie sa décision, il lui incombe de s’assurer qu’elle notifie sa décision au bon destinataire. S’il y a deux Jean Dupond, qui se distinguent que par l’année de naissance, elle doit veiller à identifier le bon et lui notifier sa décision. Si elle la notifie à l’autre, tant pis pour elle.
    C’est ce qui arrive à Sion. La sanction a frappé l’association, alors qu’elle n’aurait dû frapper que la SA. CC a même rendu attentif la FIFA, qui a confirmé que la SA était hors du coup! Alors, que la FIFA ne s’en prenne qu’à elle-même : elle aurait dû recommencer la procédure en notifiant sa décision à la SA, et on n’en serait pas là aujourd’hui.
    Je me demande où ils ont trouvé leur juristes.

  10. assez bon article dans son caractère ‘résumé’ du feuilleton ! il manque juste la référence à la dernière décision du tas de juillet dernier mentionnant qu’il n’y avait pas possibilité d’accorder un effet suspensif car la sanction de la fifa n’avait aucun caractère executoire en 2011….
    comprenne qui pourra l’acharnement fifa et sfl contre le fc sion !

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