L’Europe fait encore rêver (si, si…)

La Bundesliga est la seule ligue qui peut se targuer d’avoir placé trois clubs (sur trois) en tête de leur groupe de Ligue des Champions et sept clubs (sur sept) qualifiés pour les phases à élimination directe des Coupes d’Europe. C’est dire si les places pour la prochaine campagne européenne seront chères dans un championnat qui n’a aujourd’hui plus d’égal sur le continent en termes de qualité, de densité, d’homogénéité et de popularité.

SV Hambourg (10e, 24 points)

Et si c’est une femme qui avait sauvé le SV Hambourg de la première relégation de ses 125 ans d’histoire ? La question mérite d’être posée car le HSV a très mal débuté la saison avec une élimination en Coupe d’Allemagne à Karlsruhe et trois défaites liminaires en championnat. L’équipe semblait complètement désorientée, sans âme ni repères, et les jours de l’entraîneur Thorsten Fink paraissaient déjà comptés. Puis, en fin de mercato, l’opportunité de faire revenir Rafael van der Vaart s’est présentée. Présentatrice à la TV germanique et désireuse de revenir en Allemagne, Sylvie van der Vaart a achevé de convaincre son époux ; cela tombe bien, un généreux mécène s’était annoncé pour offrir un renfort au club, à la seule condition que ce renfort s’appelle Rafael van der Vaart, ce qui a permis de sponsoriser l’opération, malgré l’état précaire des finances du club. Depuis un réveillon un peu musclé, Sylvie et Rafael van der Vaart ne forment plus un couple mais le HSV va mieux.
Plus que par ses buts, ses assists ou son impact sur le jeu, le Hollandais a donné le signal fort d’un club qui renaissait à une certaine ambition et c’est tout le groupe qui a retrouvé confiance. L’autre homme fort des Rothosen sur ce 1er tour a été le gardien René Adler. Ecarté par des blessures de ses places de titulaire en équipe d’Allemagne (au profit de Neuer) et de Leverkusen (Leno), le portier de 28 ans a montré être revenu à son meilleur niveau et postule à nouveau à une place avec la Nationalmannschaft.
Ceci dit, tout n’a pas été parfait, Thorsten Fink n’a pas résolu tous ses problèmes et les Rothosen ont connu quelques sévères rechutes : Westermann, Aogo et Jansen n’ont pas retrouvé le niveau qui avait fait d’eux des internationaux, Bruma et Mancienne restent trop légers en défense centrale, les prometteurs Son et Beister sont trop inconstants, Berg est définitivement un flop et Rudnevs, malgré quelques bonnes dispositions devant le but, n’est pas le nouveau Lewandowski annoncé. Mais Hambourg a au moins définitivement quitté la zone de relégation, ce qui n’avait rien d’évident en début de saison, et peut regarder devant lui. Derrière le trio Bayern-Leverkusen-Dortmund qui paraît au-dessus, il y a des places à prendre et le HSV fait partie des prétendants, peut-être pas le mieux placé mais relativement crédible tout de même, pour un retour en Coupe d’Europe après trois ans d’absence qui serait fêté triomphalement.
Départs : Mickel (Fürth), Tesche (Düsseldorf).
Arrivée :

VfB Stuttgart (9e, 25 points)

C’est une véritable malédiction à Stuttgart : le début de saison est invariablement raté. Pourtant, lors de la 1ère journée, le VfB bénéficie d’un pénalty à la 89e à 0-0 mais Ibisevic tire sur le gardien puis manque le but vide et Wolfsburg l’emporte 0-1 sur le contre. Derrière, les Souabes en ramassent six à Munich (1-6) et ils ont traîné ce départ raté comme un boulet durant tout le 1er tour. Certes, contrairement à certaines saisons passées, le VfB a relevé assez rapidement la tête, n’a pas trainé en position de relégable et n’a pas viré son entraîneur. Néanmoins, on a toujours eu l’impression d’une équipe en proie en doute, incapable d’enchaîner les matchs solides et susceptible de plonger dans la crise au moindre grain de sable. L’entraîneur Bruno Labbadia manque de charisme et de constance dans ses choix, l’équipe n’a pas assez de caractère, la défense prend trop de buts, les techniciens Kuzmanovic et Hajnal ont fini par perdre leur place de titulaire, Harnik est resté très en-dessous de son niveau de la saison passée alors que le buteur Ibisevic est capable du meilleur comme du pire.
Mais, malgré l’impression générale très mitigée de ce premier tour, Stuttgart s’en sort finalement plutôt pas mal en restant en embuscade dans trois compétitions. En championnat, l’Europa League n’est qu’à un point, la Champions League à cinq ; en Coupe, le VfB aura l’avantage de jouer son quart de finale à domicile contre Bochum ; enfin, en Europa League, les Souabes ont profité d’un heureux concours de circonstances pour passer en 1/16èmes sans avoir gagné le moindre match à domicile contre les modestes Dynamo Moscou (play-off), Steaua Bucarest, FC Copenhague et Molde (poule). Et avec Genk au prochain tour, puis le vainqueur de Gladbach – Lazio, la suite du parcours n’apparaît pas injouable. Néanmoins, je ne vois pas cette équipe capable de se transcender pour aller chercher une série victorieuse  susceptible de lui assurer une place dans les six premiers du championnat ni réussir un immense parcours européen. La meilleure carte du VfB, ça paraît être la DfB-Pokal pour retrouver l’Olympiastadion six ans après la défaite en finale contre Nuremberg. A condition de ne pas sous-estimer l’obstacle Bochum en quart et de ne pas tirer le vainqueur de Bayern – Dortmund en demie ; ça devrait le faire car cette saison Stuttgart est vraiment verni avec les tirages au sort.
Départ : Maza (Club America).
Arrivée : Suljagic (Etoile Rouge Belgrade).

Borussia Mönchengladbach (8e, 25 points)

Les lendemains d’hier ont été plutôt difficiles pour le Borussia Mönchengladbach de Lucien Favre. La belle euphorie de la saison passée a laissé place à une froide sinistrose en début de championnat. C’est mal parti avec une élimination rageante en éliminatoire de la Ligue des Champions contre Dynamo Kiev puis un départ catastrophique en Europa League. En championnat, d’aucuns (y compris des joueurs eux-mêmes) parlaient même de relégation après quelques prestations catastrophiques (défaites 4-0 à Brême, 5-0 à Dortmund, 2-3 à domicile contre Nürnberg…). L’équipe était orpheline de Dante, Neustädter et surtout Marco Reus, que ni de Jong ni Xhaka n’ont pu faire oublier alors que certains des héros de la saison passée, comme ter Stegen ou Herrmann, apprenaient à leurs dépens qu’en football le plus difficile est toujours de confirmer. Fort heureusement, Lucien Favre a toujours pu compter sur quelques tauliers, en particulier l’Autrichien Stranzl en défense et surtout le Vénézuélien Arango, qui a par moment porté à lui tout seul l’offensive des Fohlen, pour maintenir le navire à flot.
Et le vent a fini par tourner : si Gladbach n’a jamais retrouvé la même qualité de jeu que la saison passée, il a été crescendo. Une double confrontation bien maîtrisée contre Marseille a ouvert les portes d’une qualification en Europa League avec la perspective d’un duel excitant en 1/16e contre la Lazio Roma entre les deux entraîneurs à licence suisse connaissant le plus de succès dans un club étranger, Favre et Petkovic. En Bundesliga, Gladbach a bouclé avec le sourire un 1er tour longtemps morose en terminant par quatre matchs / huit points dont deux nuls méritoires sur les pelouses de Schalke et surtout du Bayern grâce à un gardien ter Stegen retrouvé. Comme Lucien Favre commence à trouver des solutions pour intégrer les nouveaux et que des automatismes semblent enfin se créer, les Fohlen paraissent avoir une marge de progression intéressante ce printemps, avec en plus le retour de blessure de Luuk de Jong qui vaut mieux que ce qu’il a montré au 1er tour. Bien loin des soucis de relégation qui lui semblaient promis, l’autre Borussia a donc les moyens de grappiller quelques rangs ce printemps pour au moins atteindre une qualification européenne, voire même rééditer sa quatrième place de l’an dernier. 
Départ : Zimmermann (Fürth).
Arrivée :

FC Schalke 04 (7e, 25 points)

Schalke 04 est à la Bundesliga ce que le LHC est au championnat suisse de hockey, un club incapable de vivre une saison sans crise ni changement d’entraîneur. Pourtant, tout n’a pas été négatif dans la première moitié de saison des Knappen. En Ligue des Champions, ceux-ci ont assuré sans coup férir une première place d’autant plus savoureuse que leur groupe (Arsenal, Oympiakos, Montpellier) ressemblait à s’y méprendre à celui dont le rival Dortmund avait fini bon dernier l’année précédente (Arsenal, Olympiakos, OM). En championnat, l’entame était aussi prometteuse : les Königsblauen ont certes foiré, comme d’habitude, le choc au sommet à domicile contre le Bayern (0-2) mais, après 9 journées et un succès en forme de revanche sur la pelouse du rival honni dortmundois, occupaient la deuxième place du classement. On se disait alors que Schalke allait être conforme à sa réputation d’éternel loser en réussissant une magnifique saison justement l’année où le Bayern était intouchable pour un énième titre de vice-champion.
Puis tout s’est gâté : il y a d’abord eu les interminables négociations pour les prolongations de contrat des deux stars offensives, le buteur atone Klass-Jan Huntelaar, qui a fini par prolonger après des mois de feuilleton, et le meneur de jeu Lewis Holtby, lequel avait fait oublier le départ de Raul mais s’en ira gratuitement en juin (peut-être avant…) à Tottenham (lequel réalise là l’affaire du siècle, c’est rare d’acquérir un joueur de cette qualité sans bourse délier). Les résultats s’en sont ressentis tout d’abord à l’extérieur puis à domicile, provoquant le courroux du très impatient public de la Veltins Arena. En chute libre au classement, Schalke a alors réalisé l’impensable : virer l’entraîneur Huub Stevens, l’homme qui a amené les plus grands succès de l’histoire récente du club (Coupe UEFA 1997, Coupes d’Allemagne 2001 et 2002 et le Meisterschaft der Herzen en 2001). Mais le choc psychologique n’a pas fonctionné et le 1er tour s’est achevé dans la déprime avec une élimination en Coupe à domicile contre Mainz.
Les dirigeants königsblaue ont surpris en remplaçant l’institution Stevens par le pâle Jens Keller, un entraîneur qui s’est surtout distingué avec des équipes de jeunes, à part un intérim peu remarqué à Stuttgart. Les spéculations vont d’ailleurs déjà bon train sur l’identité de son successeur (Jol, Tuchel, Streich…) ; ainsi va la vie à Gelsenkirchen… En attendant, Jens Keller aura pour mission, entre autres, d’enfin trouver un gardien titulaire, stabiliser sa défense centrale (si possible sans Metzelder), gérer le départ d’Holtby, relancer Barnetta et redonner confiance à Huntelaar. Un vaste programme pour atteindre les deux objectifs du club ce printemps : passer l’obstacle Galatasaray pour atteindre les ¼ de finale de C1 pour la troisième fois en six ans et assurer une place dans les quatre premiers en championnat pour être de nouveau de la partie en Ligue des Champions la saison prochaine. Sur le papier, c’est largement atteignable, Schalke conserve l’un des contingents les mieux fournis de la ligue, surtout en phase offensive ; dans les faits, il faudra trouver un minimum de sérénité avec un public qui ne pardonnera rien et cela ce n’est pas gagné.
Départ :
Arrivées : Edu (Fürth), Raffael (Dynamo Kiev).

Écrit par Julien Mouquin

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