Semaine 1 ap. L.-O.

Au revoir Kane, Seguin, Tavares et consorts. Libéré de ses grévistes – certains n’ont pas attendu la fin officielle du lock-out pour se faire la malle –, le championnat suisse de LNA va enfin pouvoir se poursuivre sans être honteusement faussé. CartonRouge.ch revient ici sur la dernière semaine des trois clubs romands – ou du moins les plus romands – de l’élite.

Retour sur terre…

Rentrer de quatre semaines en schlaps et passer 33 heures entre avions et aéroports pour assister le soir du retour à un 0-6, chez nous contre Berne: ça, c’est fait. Paraît que c’était un match au sommet, on a en fait surtout vu des Dragons à côté de leurs patins une fois le 3e encaissé. ‘Fin bref. Paraît qu’il vaut mieux perdre une fois 6-0 que six fois 1-0… Si cette baffe pouvait avoir le même effet sur nous que le 6-1 infligé aux Haribos il y a un an avait eu sur eux, je signe tout de suite. Je signe aussi tout de suite pour que l’état d’esprit général du kop reste le même: ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas ramassé autant, mais ça faisait encore plus de temps qu’on n’avait pas été autant à chanter jusqu’au bout. Witer so, Jungs!
Bien que totalement naze, je n’ai pas pu résister à l’idée d’aller voir le match du lendemain chez les autres bilingues. Ce qui m’aura au moins permis: 1) de constater qu’il y avait une vingtaine de gars plus raides que moi, en bas sur la glace, en blanc, et 2) de croiser un bon pote exilé dans le Jura bernois en tenue complète de Robocop (ça fait drôle, je vous jure). Et accessoirement, de ramener deux points toujours bons à prendre, même si la place de leader nous échappe (provisoirement). On ne va pas trop la ramener, parce que les Biel/Biennois méritaient clairement plus que nous, mais c’est rassurant de faire des points même lorsque rien ne fonctionne et que les gaillards sont à l’agonie.

On rejoue les mêmes le week-end prochain, et j’imagine mal qu’on puisse sortir deux semaines de suite quelque chose d’aussi mauvais, d’autant qu’à en croire le teletext depuis sous mes palmiers, ça tournait plutôt pas mal ces derniers temps. Perso, je suis zen: Bührer finira bien par prendre un goal un jour, et compte tenu de l’écart avec le 3e, et vu l’avance sur le groupe Cardons – Kirsch – Züri Gschätzlets qui nous suit au classement, on devrait pouvoir garder une des deux premières places jusqu’au début des séries. Tout marche comme prévu.
Crosse d’Or : Christian Dubé. Malgré la déroute contre le SCB, le meilleur compteur des Dragons n’a jamais cessé de dégager une immense classe et de bosser aux deux extrémités de la glace. Il est partout, fait jouer les autres et ne la ramène pas. Respect au bonhomme.
Crosse de Plomb : Les mecs tout en haut du kop de St-Léonard, sur les gradins en bois. Celui qui gueule «Tue-le!» à chaque duel sur la glace pourra garder la canne chez lui. Acheter un abo à 600 balles pour venir à tous les matchs cracher sa frustration en balançant exclusivement des insultes, même contre Ambri: moi pas comprendre.

Le crash de l’Aigle

Genève-Servette ne fait plus peur à personne, et depuis longtemps. Avec un bilan médiocre de 22 victoires pour 15 défaites, les boys de Chris McSorley ont beau occuper une flatteuse 3e place, celle-ci est loin de refléter leur niveau actuel. J’en veux pour preuve la lamentable défaite 3-0 contre un Rapperswil qui en avait pris 7 la veille à Lugano, suivie d’une nouvelle mais tellement prévisible déconvenue à Berne (2-0).
Avec un seul attaquant digne de ce nom blessé (Cody Almond), Genève-Servette ne peut trouver aucune excuse valable pour justifier ce mutisme ridicule devant les filets. Contre les Lakers, le meilleur joueur fut – et de loin – John Fritsche, ce qui en dit long sur l’état des troupes. Et combien Berne aurait-il marqué de buts sans Tobias Stephan? Dire qu’il est sur le départ… Bref, rien ne va plus du côté des Vernets: on se rend compte maintenant que, en fait, Weber n’était pas si mauvais, et plus personne ne fait l’effort de relever le nom du gardien adverse quand il fait un blanchissage. Heureusement, Jesus devrait dégotter un ou deux renforts d’ici les play-off pour relancer la machine, et alors Fribourg n’aura qu’à bien se tenir avec sa première place du tour qualificatif !
Crosse d’Or : Kévin Hecquefeuille (jamais été aussi bon depuis son départ).
Crosse de Plomb : un attaquant à choix.

La semaine biennoise sous LSD

Une seule rencontre figurait au programme de Biennois encore occupés à se passer en boucle les vidéos youtube des exploits de ses ex-pigistes made in NHL. Mais quelle rencontre, puisque ce n’était rien de moins que le leader fribourgeois himself qui s’en venait les défier samedi soir. Las, cette affiche prometteuse ne devait accoucher que d’un piètre spectacle entre des seelandais ne pouvant pas, n’alignant aucun renfort étranger et des singinois ne pouvant plus, encore accaparés par la digestion de leurs excès de Nusstorten pendant les fêtes. Pour l’anecdote, le destin de ce pauvre petit ours polaire menacé par un mâle bien malintentionné pour lui avoir chipé un tout petit bout de carcasse de baleine avait éveillé en moi bien plus d’émotions et de tension au visionnage d’un très bon documentaire animalier l’après-midi même. C’est dire…

Crosse d’Or : et oui, il y a malgré tout du bon à trouver dans ce point chapardé au désormais deuxième du championnat. Il y a la très bonne prestation personnelle de Gaétan Haas, poison permanent mais un peu esseulé, et la découverte du hockey très «j’en ai rien à foutre que ce soit Heins en face, j’ai 16 ans et je fonce dans tous les sens parce que j’ai un talent fou que je vais pas tarder à aller exploiter ailleurs» du fils Ehlers sur qui je n’écrirais pas un mot de plus de peur que quelqu’un s’aperçoive de sa flamboyance et ne vienne nous le piquer.
Crosse de Plomb : Mention collective à chacun des auteurs des 45 tirs adressés à Benjamin Conz. Et je dis bien «à Benjamin Conz» et non pas en direction de la cage dudit Conz. Là réside la subtile explication au mutisme seelandais, le gardien fribourgeois s’étant vu adresser des essais par bien plus dangereux… pendant l’échauffement de ses coéquipiers! Est-il bien nécessaire de préciser que l’égalisation biennoise tomba plus par maladresse générale et coup du sort que de façon délibérée et préméditée? Et pourtant, en face, la SBP fut bien chanceuse de pouvoir compter sur deux énormes bévues défensives locales pour sauver les apparences, et rien de plus.

! Dernière nouvelle-flash-dernière nouvelle-flash !

On nous apprend à l’instant que le HC Bienne alignait bien trois détenteurs d’un passeport à feuille d’érable samedi soir. Les autorités canadiennes étudient en ce moment l’opportunité de porter plainte pour usurpation de nationalité hockeyistique.

Photos Hilde Blatter (Rwanda) et Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par H. Blatter, M. Rigatori et L.S. Diebstahler

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4 Commentaires

  1. Tant vrai et merci de le souligner a nouveau…

    Crosse de Plomb : Les mecs tout en haut du kop de St-Léonard, sur les gradins en bois. Celui qui gueule «Tue-le!» à chaque duel sur la glace pourra garder la canne chez lui. Acheter un abo à 600 balles pour venir à tous les matchs cracher sa frustration en balançant exclusivement des insultes, même contre Ambri: moi pas comprendre.

  2. Honteusement faussé ?

    Au contraire, tout vrai fan de hockey a été comblé de voir des joueurs qui sont d’un autre monde et d’un autre niveau que ceux de notre championnat suisse, à l’image de Johnny Tavares, un artiste sur la glace, un sens de la passe hallucinant et une maturité incroyable pour son âge, sans compter son engagement à 100 % sur chaque shift. Personnellement en 30 ans, c’est le meilleur attaquant que j’ai jamais vu jouer en Suisse, supérieurs aux mythiques 90 Bykov et 91 Khomutov, qui avaient l’avantage d’être deux pour se compléter (et ça n’a pas suffi pour être champion). D’ailleurs, le niveau de jeu du Team Canada à la Coupe Spengler a été stratosphérique, déclassant dans les matchs éliminatoires de belles formations qui n’ont pas eu l’ombre d’une chance.

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