Période I : 1er – 13 janvier

On redémarre pour une nouvelle édition du Crampon Rouge. On change un peu la formule pour cette deuxième édition afin de laisser un peu plus de chances aux gardiens et aux défenseurs. La succession de Lionel Messi est donc lancée.

On a constaté que, l’année passée, nos différentes sélections hebdomadaires faisaient la part trop belle aux joueurs offensifs. Alors, désormais, si on va continuer d’accorder des bonus en fonction des titres remportés, on va changer l’attribution des points chaque semaine. Désormais, on élira les trois tops joueurs de la semaine, plutôt dans le sens most valuable player, soit des joueurs qui ont fait gagner des points ou des matchs importants à leur équipe, ensuite on élira les trois meilleurs gardiens, défenseurs, milieux de terrain et attaquants de la semaine, plus les trois flops, comme auparavant. Logiquement, cela devrait nous permettre d’avoir un palmarès qui ressemble un peu moins à un classement des buteurs.

Les tops

1. Robin van Persie (Manchester United) 25 points
Robin van Persie a débuté l’année en trombe : un doublé à Wigan, une égalisation en Cup à la dernière minute à West Ham qui sauve United de l’élimination et l’ouverture du score dans le derby contre Liverpool. On regrettera juste que Skrtel puis Reina se soient retrouvés sur la trajectoire de ses deux talonnades raffinées contre les Scousers. Il reste maintenant au Hollandais à prouver qu’il peut aussi marquer des buts qui permettent de gagner des titres, ce qui n’a pas été tellement le cas jusque là dans sa carrière ni à Arsenal ni en équipe de Hollande. Mais a priori Manchester United est plutôt une bonne adresse pour cela.  
2. Cristiano Ronaldo (Real Madrid) 20 points
Un doublé pour arracher la victoire à 10 contre 11 contre la Real Sociedad, un hat-trick et un assist pour assurer une qualification un temps compromise au match aller en Coupe du Roi contre le Celta Vigo, Cristiano Ronaldo n’a pas fait dans le détail pour ses deux premiers matchs 2013. A ce rythme-là et dans un championnat où la « concurrence » est de plus en plus fantomatique au fur et à mesure des faillites et autres redressements judiciaires (La Coruña en dernier lieu mais d’autres suivront), le Portugais peut espérer battre le record de buts dans une année civile, toujours détenu par le mythique Godfrey Chitalu (107 en 1972). Quelque part, CR7 a aussi marqué des points lors du peu glorieux match nul du Real à Osasuna (0-0) : on a pu constater que les Merengue, il est vrai peu aidés par l’arbitre (expulsion sévère de Kaka et but valable annulé), deviennent une équipe assez quelconque en l’absence de leur joueur vedette qui était suspendu.
3. Hernanes (Lazio Roma) 15 points
La Lazio Roma, c’est l’équipe de ce début d’année : en l’espace d’une semaine, les Laziali ont repris cinq points à la Juventus en championnat et se sont qualifiés pour les demi-finales de la Coupe. Le meneur de jeu, Hernanes, est à l’image de son équipe : il est assez discret, ne fait pas beaucoup parler de lui mais est diablement efficace : avec deux buts contre Catania et un gros match ponctué d’un assist sur coup franc contre l’Atalanta, le Brésilien a de nouveau porté son équipe vers la victoire. Alors que le scepticisme était de mise lors de l’engagement de Vladimir Petkovic, complètement inconnu en Italie, la Lazio est toujours en lice pour un triplé Coupe-Championnat-Europa League.

Les gardiens

1. Julio Cesar (Queens Park Rangers) 12 points
On l’avait un peu perdu de vue depuis son départ de l’Inter mais Julio Cesar vit toujours. Le vainqueur de la Ligue des Champions 2010 s’est offert deux blanchissages de prestige avec des Queens Park Rangers en pleine reprise dans les derbies contre Chelsea et Tottenham. En rendant à chaque fois une copie parfaite, avec notamment un double arrêt étourdissant devant Defoe et Adebayor face aux Spurs.
2. Marco Storari (Juventus Turin) 8 points
Quant tu es la doublure de Gianluigi Buffon, les occasions de jouer ne sont pas légion. Alors si ton entraîneur t’aligne en Coupe contre l’AC Milan, il ne faut pas te rater. Marco Storari a su saisir sa chance avec plusieurs parades décisives en fin de match pour préserver le succès turinois. Dans un style peu orthodoxe, à la limite on se demande chaque fois s’il a fait exprès, mais cela a suffit pour expédier la Vieille Dame en demi-finale.
3. Guillermo Ochoa (AC Ajaccio) 4 points
L’armada offensive parisienne tenue en échec par le grand Ajaccio, c’est le gag du week-end. Car, même réduites à dix après la caresse de Thiago Motta sur Sammaritano, les stars made in Qatar auraient dû passer l’épaule contre la modeste équipe corse. Mais elles se sont heurtées à un impeccable Guillermo Ochoa, auteurs notamment de deux magnifiques sauvetages en deuxième mi-temps ; pour le reste, la tignasse du portier mexicain a sans doute impressionné les Ibrahimovic, Moura et consorts qui n’ont cadré que 4 frappes sur 25.

Les défenseurs

1. Patrice Evra (Manchester United) 12 points
Au printemps dernier, j’estimais que Manchester United devait se chercher d’urgence un nouveau latéral gauche. Je reconnais mon erreur car, après deux saisons d’errance, Patrice Evra est revenu à son meilleur niveau. Contre Liverpool, il a tout fait : c’est lui qui offre le premier but à van Persie, lui qui lance Welbeck sur l’action qui aurait dû valoir l’expulsion à Skrtel (Howard Webb est tragique), lui qui marque le 2-0 si l’on fait abstraction de la légère déviation de Vidic, lui qui se lance dans un solo improbable pour provoquer le premier avertissement de Johnson qui aurait dû être suivi d’un deuxième (Howard Webb est tragique)… Par contre, je maintien qu’United doit se chercher d’urgence un gardien digne de ce nom.
2. Ben Davies (Swansea City) 8 points
Depuis le début de l’année, Swansea a déjà mis en échec Arsenal en Cup (2-2), Chelsea en League Cup (0-2) et Everton en Premier League (0-0). Et aussi Aston Villa mais ça c’est moins glorieux en ce moment. La victoire à Stamford Bridge laisse entrevoir l’opportunité d’un finale contre Bradford City et d’une qualification européenne qui récompenserait l’excellent travail réalisé par Michael Laudrup au Liberty Stadium. Parmi les révélations de l’équipe, on trouve le jeune défenseur gallois Ben Davies, 19 ans, particulièrement en vue contre les Blues et promis à un brillant avenir.
3. James Collins (West Ham United) 4 points
Un doublé contre Manchester United, ce n’est pas très fréquent pour un défenseur, cela valait bien une petite citation pour James Collins, défenseur de West Ham. Il n’aura guère eu le temps de savourer car, la semaine suivante, il se blessait à Sunderland et laissait son équipe sombrer sans lui. Deux Gallois dans la sélection sans Gareth Bale ni Ryan Giggs, on est bientôt aussi crédibles que le Best Player de l’UEFA. Sauf que nos Gallois à nous ne sont pas amateurs à Bangor City.

Les milieux

1. Gökhan Inler (Napoli) 12 points
On ose quand même une petite séquence chauvinisme dans cette première sélection de l’année avec Gökhan Inler. Avec un but sur une mine lointaine et un assist sur une passe inspirée, le capitaine de la Nati s’est illustré avec Naples ce week-end. Mais gardes-en tout de même un peu pour les matchs contre Chypre, Gökhan !

2. Nemanja Matic (Benfica Lisbonne) 8 points
Le championnat portugais, c’est comme feu les championnats écossais et espagnols : à la limite, tu regardes le match entre les deux mastodontes et tu zappes tout le reste sans trop de regrets. Sauf que j’ai aussi zappé le Benfica – Porto de dimanche au profit d’un terne Sampdoria – Milan, ce n’était pas le bon plan car il y avait déjà quatre buts, deux de chaque côté, après vingt minutes (après nonante aussi), dont une reprise somptueuse du milieu de terrain de Benfica Nemanja Matic. Ils chantent aussi « Nemanja oh oh oh oh, Nemanja oh oh oh oh, He comes from Serbia… He’ll f**kin’ Murder Ya! » à Lisbonne ?
3. Patrick Ebert (Real Valladolid)  4 points
La Liga devient un peu l’éden des footballeurs grillés en Allemagne, c’est toujours une aubaine pour un club espagnol endetté de récupérer gratuitement un mec à qui plus personne ne voulait proposer de contrat en Bundesliga ou en Zweite Liga, style Lell, Gekas, Trochowksi, Demichelis etc. Si personne n’a jamais douté du talent de Patrick Ebert à Berlin, ses frasques ont fini par lasser. Avec ses deux buts somptueux contre Majorque, surtout le deuxième, l’ancien joueur du Hertha a montré qu’il pouvait être aussi à l’aise balle au pied que dans la destruction de rétroviseurs après une soirée arrosée. Passer de Berlin à Valladolid, c’est un peu comme un hockeyeur qui passe du LHC à Ajoie ou Viège : ça diminue les tentations nocturnes et laisse plus de temps à se consacrer à son sport.

Les attaquants

1. Mauro Icardi (Sampdoria)  12 points
Un doublé à Turin contre la Juventus et Gianluigi Buffon, ce n’est pas donné à tout le monde, surtout quand cet exploit est réussi par un jeune Argentin de 19 ans jouant avec une équipe menacée de relégation, la Sampdoria, victorieuse 1-2. Et pourtant le jeune homme ne voulait pas jouer ce match, lui qui aurait préféré aller jouer avec l’équipe d’Argentine M-20. Son club a bien fait de le retenir. Car, en l’espace d’un match, la valeur marchande de Mauro Icardi, acheté 400’000.– euros au FC Barcelone où il a été formé durant trois ans, a décuplé. On nous répète souvent que le QFCB fait tout tout juste en toutes circonstances mais, sur ce coup-là, il va peut-être se mordre les doigts.
2. Lionel Messi (FC Barcelone) 8 points
Lionel Messi n’a pas franchement profité de ma (rare) présence dans les tribunes hors de prix du Camp Nou pour m’éblouir (je ne vais pas recommander ce joueur au FC Echallens), se contentant d’un but sur un pénalty généreux dans le fade derby contre Espanyol. C’était plus convaincant à Malaga : si le but de l’Argentin doit beaucoup à un défenseur andalou en mode Ivanovic (voir ci-dessous), ses deux passes de goal lui valent un strapontin dans la sélection. En plus, il paraît que c’était un match au sommet (bâillement à peine masqué).
3. Ilan Araujo (SC Bastia)  4 points
Tous les malheurs du monde semblaient s’abattre sur Bastia en ce début d’année : une élimination en Coupe contre le petit voisin local de National, la bêtise de ses supporters, l’acharnement de la ligue et la suspension du stade. Puis il y a eu l’éclair dans la grisaille, avec la somptueuse bicyclette réussie par Ilan Araujo à Reims. De quoi remporter trois points bienvenus dans la course au maintien et mettre un peu de baume au cœur des supporters qui ne sont pas prêts de revoir un match à domicile de leur équipe de sitôt.

Les flops

1. Branislav Ivanovic (Chelsea) –15 points
La mafia des paris truqués a t’elle encore frappé ? On peut sérieusement se poser la question en voyant les deux boulettes de Branislav Ivanovic en demi-finale de League Cup contre Swansea qui ont offert les deux buts de la victoire aux Gallois, la première avec un contrôle qui part à cinq mètres directement dans les pieds d’un joueur adverse, la seconde sur une passe en retrait foireuse qui a permis à Graham de partir seul au but.
2. Jonathan Walters (Stoke City) –10 points
La mafia des paris truqués a t’elle encore frappé (bis) ? On peut sérieusement se poser la question en voyant Jonathan Walters entrer dans le cercle très fermé des joueurs ayant inscrit deux autogoals dans le même match lors de la défaite contre Chelsea (0-4). De tête, Karim Haggui d’Hanovre avait réussi pareil exploit il y a quelques saisons à Mönchengladbach mais le Tunisien est au moins défenseur, Jonathan Walters lui est attaquant, ce qui magnifie encore son exploit. L’Irlandais a bien tenté de se racheter en tirant le pénalty obtenu par son équipe mais le ballon a filé cinq bons mètres au-dessus de la transversale. Gageons que Jonathan Walters n’est pas près d’oublier ce Stoke – Chelsea. 
3. Philippe Mexès (AC Milan) –5 points
Tu vas dire que je m’acharne toujours sur les mêmes ; certes, mais il y a en a qui ne font rien non plus pour échapper à mes foudres. Averti au début du quart de finale contre la Juventus pour un vilain tacle, Philippe Mexès aurait pu voir rouge avait même la mi-temps sur une obstruction aussi stupide qu’inutile sur le… gardien adverse. Finalement, la mansuétude de l’arbitre n’aura guère profité au Milan AC puisque le roi de la bicyclette a précipité la défaite des siens avec une affreuse roue libre sur le but décisif de Vucinic sous la forme d’un tacle à côté du ballon. Le Français n’a pas été plus inspiré quelques jours plus tard à Gênes où les deux meilleures occasions de la Sampdoria provinrent de deux de ses relances ratées directement  dans les pieds adverses dont il a la secret. Et dire qu’il fut un temps où la défense du Milan AC c’était Baresi, Rijkaard, Maldini, Nesta, Costacurta…

Écrit par Julien Mouquin