Aller-retours bavarois ?

Après une pause d’un mois déjà bien trop longue à notre goût, la Bundesliga reprend ses droits vendredi prochain. On commence les traditionnels présentations d’avant deuxième tour par les cancres de la ligue, avec deux clubs bavarois qui devraient retrouver la Zweite Liga respectivement un et deux ans après l’avoir quittée, ainsi que deux prétendants ambitieux qui ont beaucoup déçu.

SpVgg Greuther Fürth (18e, 9 points)

Le Greuther Fürth s’était fixé comme objectif que la première aventure de son histoire en Bundesliga ne péjore pas sa situation financière ; du coup, les investissements avaient été restreints, tant au niveau des infrastructures que de l’effectif. C’est donc davantage une bonne équipe de Zweite Liga qu’un membre de l’élite à part entière qui a joué ce premier tour. Kleeblatt était même meilleur l’an passé en deuxième division avec Schröck et surtout Occean en plus. Malgré les limites de son contingent, l’entraîneur Mike Büskens, c’est tout à son honneur, n’a pas voulu déroger aux principes de jeu spectaculaires et généreux qui avaient permis aux Franconiens de dominer la Zweite Liga la saison dernière. Mais, au final, Kleeblatt a quasi systématiquement été rattrapé par le manque de qualité de son contingent, avec beaucoup trop d’erreurs défensives et une attaque anémique (11 buts seulement), souvent réduite au seul Gerald Asamoah (aucun goal), qui connaît une fin de carrière vraiment pathétique. En plus, le calendrier n’a pas été trop favorable : avec deux premiers matchs à domicile – perdus – contre les ténors Bayern et Schalke, Fürth n’a jamais pu profiter de l’euphorie de la promotion. D’ailleurs, il attend toujours la première victoire à domicile de son histoire en Bundesliga puisque le seul succès en 17 matchs remonte à un 1-0 à Mainz lors de la deuxième journée. Dans ces conditions et avec un recrutement hivernal pas très spectaculaire, on ne voit pas trop comment Fürth pourrait faire autre chose qu’un aller et retour express en Bundesliga. Il ne s’est pas vraiment donné les moyens qu’il en soit autrement. De toute façon, le trèfle à trois feuilles, l’emblème du club, ça ne porte pas chance. Petite consolation : avec ses 9 points, Kleeblatt a déjà fait mieux que la pire équipe de l’histoire de la Buli, Tasmania Berlin, qui n’avait réussi que 8 points (converti avec la victoire à trois points) lors de son unique passage dans la grande ligue.
Départs : Edu (Schalke), Kraus (Heidenheim).
Arrivées : Djurdjic (Djurgarden), Zimmermann (Mönchengladbach), Mickel (Hambourg), Onuegbu (Sandhausen), Park (Wolfsburg II).

FC Augsburg (17e, 9 points)

Dix-huit mois après son apparition dans l’élite, Augsburg paie au prix fort une succession de mauvaises décisions de ses dirigeants. Il y a tout d’abord eu l’arrivée d’un nouveau manager en fin de saison dernière qui a voulu imposer son autorité en modifiant le staff de l’entraîneur Jos Luhukay, lequel avait permis au FCA de fêter la promotion puis un maintien miraculeux. Du coup, l’entraîneur hollandais est parti au Hertha Berlin. Ensuite, il y a eu un recrutement estival complètement foireux, notamment en attaque avec les flops Giovanni Sio et Aristide Bancé. Le nouvel entraîneur, Markus Weinzierl, qui restait sur une belle promotion avec Regensburg mais n’avait aucune expérience dans l’élite, n’a jamais vraiment trouvé la formule gagnante. Certes, Augsburg n’a pas été ridicule, a souvent bousculé les ténors de la ligue, y compris le Bayern et Dortmund, mais repartait en général battu, faute de qualité là où les choses se passent, soit dans les deux surfaces de réparation, avec une inefficacité rédhibitoire devant le but. Quand tous les week-ends ou presque, une équipe finit ses matchs en se disant « on méritait mieux, on n’a pas eu de chance », c’est qu’il y autre chose que de la malchance. Si le manager a changé, l’entraîneur Weinzierl conserve la confiance des dirigeants, malgré un bilan famélique d’une seule victoire en 17 matchs. Les Bavarois espèrent sans doute réussir le même coup que l’an dernier où, un moment largués au classement, ils avaient finalement obtenu le maintien en laissant leur entraîneur travailler dans la sérénité. Toutefois, cette saison, le retard concédé est plus important. Il y a encore un petit espoir d’aller chercher la 16e place d’Hoffenheim, synonyme de barrage, mais le contingent des Kraichgauer paraît largement supérieur. Sinon, le reste du peloton est déjà hors de portée. Et le recrutement hivernal ne plaide guère pour une remontée fantastique, avec pour principal renfort le Coréén Dong-Won Ji, dont le seul titre de gloire est un but victorieux marqué le 1er janvier 2012 avec Sunderland contre Manchester City, que j’avais eu l’occasion de célébrer dans un bar de Manchester. Bref, selon toute vraisemblance, l’aventure d’Augsburg en Bundesliga ne durera pas plus de deux saisons.
Départ :
Arrivées : Parkhurst (Nordsjaelland), Ji (Sunderland).

TSG Hoffenheim (16e, 12 points)

Depuis son irruption en Bundesliga en 2008, jamais Hoffenheim n’a été aussi sérieusement en danger de relégation. Cela nous fend le cœur car jamais non plus le jouet de Dietmar Hopp n’avait été aussi actif que l’été dernier sur le marché des transferts. Mais l’effectif n’a pas digéré cette ambition nouvelle et l’équipe ne s’est jamais remise d’une débâcle historique 4-0 contre une quatrième division au 1er tour de la Coupe. Il y a eu un léger sursaut mais le grave accident de voiture du milieu de terrain Vukcevic a fait replonger les Kraichgauer dans la sinistrose. Avec 41 buts encaissés en 17 matchs, la défense est de loin la plus perméable de la ligue, avec un Tim Wiese catastrophique dans les buts et des cadres comme Beck ou Compper qui ne sont plus que l’ombre des joueurs qui étaient aux portes de l’équipe nationale il y a quelques saisons. Offensivement, l’entraîneur Markus Babbel a fait permuter ses attaquants Firmino, Derdiyok, Volland, Joselu ou Schipplock dans tous les sens, sans trouver la solution. Finalement, l’ancien joueur du Bayern et Liverpool sera viré début décembre. Depuis le départ de Ralf Rangnick en janvier 2011, Hoppenheim a déjà usé quatre entraîneurs, Pezzaiuoli, Stanislawski, Babbel et Kramer, l’intérimaire du mois de décembre qui n’a pas réussi à provoquer le choc psychologique.
C’est donc avec un nouveau mentor que 1899 entamera son deuxième tour, Marco Kurz, lequel reste sur un échec et un licenciement au printemps dernier à Kaiserslautern ; néanmoins, c’est un personnage charismatique et un grand motivateur, il peut être l’homme de la situation. Son rôle sera crucial car Hoffenheim n’a pas la culture de la lutte contre la relégation et on n’est pas sûr que les renforts venus pour viser l’Europe seront tous prêts à se transcender pour sauver un club qui reste une coquille vide évoluant dans un anonymat populaire grandissant. La valeur du contingent devrait au moins permettre d’éviter les deux dernières places synonymes de relégation directes et, si Marco Kurz trouve rapidement la solution, d’éventuellement remonter les 8 et 9 points de retard sur Nuremberg et Düsseldorf, les équipes les plus vulnérables au-dessus de la barre. Mais le droit à l’erreur sera très limité et personne ne fera le moindre cadeau à un club que les fans de presque toute l’Allemagne souhaiteraient voir tomber.
Départ :
Arrivée : Advincula (Sporting Cristal Lima).

VfL Wolfsburg (15e, 19 points)

Après le Bayern Munich, Wolfsburg avait été le club le plus actif lors du dernier mercato estival, c’est donc une grosse déception de le retrouver à la limite de la zone de relégation. Mais, manifestement, les méthodes de GI de Felix Magath ne passaient plus auprès des joueurs. Après un succès initial miraculeux à Stuttgart, les Wölfe ont enchaîné une série de sept matchs/deux points avec un seul but marqué qui a été fatale à celui qui les avait conduits au seul titre de leur histoire. Le choc psychologique a fonctionné, les joueurs faisant bloc derrière le nouvel entraîneur, le gentil Lorenz-Günther Kostner, dans l’espoir que celui-ci soit définitivement confirmé. Mais l’embellie n’a pas duré et, malgré un succès de prestige à Dortmund (Danke Wolfgang Stark) et une qualification en Coupe contre Leverkusen, le bilan à Noël a été jugé insuffisant pour que Kostner poursuive l’aventure. L’engagement de Bernd Schuster semblait acté, une idée curieuse car, après l’échec de Magath, pas sûr que c’est d’une nouvelle très forte personnalité dont Wolfsburg avait besoin. Mais les négociations avec l’ancien Madrilène ont finalement échoué et c’est le plus consensuel Dieter Hecking qui arrive. Ce dernier a réussi des miracles avec peu de moyens à Nuremberg mais aura-t’-il les épaules assez larges pour gérer les contingent et ambitions supérieurs des Wölfe ? Hecking avait échoué en 2009 lorsqu’Hanovre avait mis sur pied un contingent ambitieux mais depuis il a pris de la bouteille. Et il pourra compter sur l’appui de l’un des managers les plus respectés d’Allemagne, Klaus Allofs, débauché cet automne de Brême et dont la première mission sera de dégraisser l’effectif pléthorique mis sur pied par Magath. D’ici la fin du mercato, les Kyrgiakos, Madlung, Kahlenberg, Träsch, Lakic ou le Suisse Rodriguez (victime collatérale du départ de Quälix) pourraient recevoir un bon de sortie pour alléger une masse salariale pharaonique.
Mais, même allégé, le contingent à disposition de Dieter Hecking a de l’allure. Au but, Benaglio a réussi en automne l’un des meilleurs tours de sa carrière alors qu’en défense les Kjær, Naldo, Pogatetz, Fagner ou Schäfer ont suffisamment d’expérience pour faire mieux que ce qu’ils ont proposé au 1er tour. Le potentiel offensif est assez impressionnant avec l’ancien Olic, le Brésilien Diego, quand il a envie, le Hollandais Dost, qui claque but sur but depuis le départ de Magath, les retours de blessure de Pilar et Helmes et l’arrivée d’Ivan Perisic, qui n’a jamais vraiment trouvé sa place dans  le collectif du Borussia Dortmund mais qui reste un joueur bourré de talent. Dans un climat un peu apaisé, le club de Volkswagen devrait rapidement quitter la zone rouge et peut même espérer, si la mayonnaise prend, combler ses sept points de retard sur la dernière place européenne (6e), même s’il y a beaucoup d’équipes qui les en séparent. Et puis, le VfL a un bon coup à jouer dans une Coupe d’Allemagne décapitée de nombreux ténors (Schalke, Gladbach, Brême, Hambourg, Leverkusen, Hanovre, Francfort et le perdant de Bayern – BVB), avec un quart de finale à jouer sur la pelouse du petit Poucet de la compétition, Kickers Offenbach (Dritte Liga). Cette saison bien mal embarquée pourrait donc au final valoir quelques satisfactions du côté d’Autostadt.
Départ : Russ (Eintracht Francfort).
Arrivée : Perisic (Dortmund).

Écrit par Julien Mouquin

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