Période VII : 18 – 24 février 2013

La semaine a été faste sur tous les terrains d’Europe. La Juventus, le Bayern, Manchester United, le PSG et le Barça continuent leur marche en avant (enfin, sauf pour le Barça en C1…) tandis que les Suisses, de Sienne à Dnipropetrovsk, ont été en réussite. Voici notre sélection hebdomadaire.

Tops

1. Yaya Touré (Manchester City) +25 points
Yaya Touré, c’est l’automate à bons ballons. Le jeu transite par lui et pour lui, ses accélérations sont décisives, son jeu de passe est carrément fulgurant; le métronome par excellence. Face à Chelsea, son ouverture du score frise l’excellence: contrôle intérieur pied droit pour se défaire de Lampard, légère feinte de corps pour liquéfier Obi Mikel, enveloppé du pied droit pour crucifier Cahill, puis Cech. Non, la course au titre n’est pas terminée en Angleterre — United a bien lâché huit points d’avance l’année dernière. Après son calvaire à la CAN, le retour de Yaya offre à City le droit d’y croire encore. Sublime face à Chelsea dimanche, il prouve encore qu’il est l’un des meilleurs du monde à son poste, que Machester City est bien une équipe ambivalente, avec ou sans Yaya, ce n’est pas pareil.
2. Michu (Swansea) +20 points
Le Machu Michu est un phénomène temporel, sa prestance physique lui valent, semaine après semaine, l’ire des défenses adverses. Mine de rien, en toute simplicité, Swansea a cueilli un titre ce week-end en tartant Bradford (5-0) en finale de la Coupe de la Ligue (alias la Capital One Cup). Ce titre, sans doute le doivent-ils avant tout à leur collectif fantastique, De Guzman, Nathan Dyer, Routledge, mais ici sera récompensé Michu, non seulement pour l’ensemble de son œuvre galloise, mais pour sa propension à enfiler les buts. Swansea, l’équipe qui sacrifie l’individu (départs en 2012 de Joe Allen, Scott Sinclair et Gylfi Sigurdsson) pour le bien du collectif. Michu en tête de pont.  Swansea sur le pont.  Dès la saison prochaine en Europa League, avec le grand Michu.
3. Innocent Emeghara (Sienne) +15 points
"Une étoile est née" s’esclaffe la Gazzetta dello Sport, qui a encensé Emeghara du titre d’homme du match face à la Lazio, lundi dernier après son doublé (3-0). De là à pousser la chansonnette, bonjour la consécration: "Il possède la vitesse d’Obafemi Martins et la technique de Jay Jay Okocha". Si la rose Gazzetta ose à ce point-là, Emeghara mérite aisément une mention dans votre rubrique Crampon Rouge. Dimanche et sans un Buffon superbe, il aurait marqué face à la Juventus (défaite 0-3). Mention bien pour l’homme qui se dandine sur la pelouse avec une chaussure Adidas au pied droit, une Nike au pied gauche, question confort, paraît-il: "D’habitude je porte Nike. Mais la chaussure gauche était trop serrée, alors j’ai mis une ancienne Adidas".  Christian Gorcuff himself ne comprend rien au phénomène Emeghara, lui qui a dit qu’il n’était "qu’une erreur de casting à Lorient", et il ne parlait pas godasses. La Nati est en manque d’attaquants, voilà un doux euphémisme.  Et même si Sienne semble promis à la culbute, l’innocence juvénile d’Emeghara ravira au moins l’équipe nationale.

Gardiens 

1. Stéphane Ruffier (Saint-Etienne) +12 points
L’ASSE cartonne. Depuis la reprise en 2013, il caracole en tête du classement du second tour, juste derrière le PSG. Les places européennes lui semblent enfin redevables, le retour à la gloire des Verts est certes encore lointaine, mais la coupe hirsute à Aubameyang et la coupe rasée à Ruffier sont un tandem destructeur. Stéphane Ruffier, gueule de pitbull, allure longiligne, brillant sur sa ligne, le portier capable de faire gagner son équipe au gré d’interventions divines. Face à Nancy ce weekend (3-0), il a encore conservé l’invincibilité qui fait la fierté des gardiens; et si l’AS Saint-Etienne détient la deuxième meilleure défense du championnat, Stéphane Ruffier mérite sa part de reconnaissance.
2. Claudio Bravo (Real Sociedad) +8 points
Sociedad-Bilbao. Le derby basque, l’Euskal Derbia, un match pour la fierté, pour l’honneur de porter la tunique. Au pays basque, vaincre son plus féroce rival tient non pas du pensum, mais du devoir. La Real Sociedad a donc battu Bilbao (1-3).  L’indécrottable Claudio Bravo, au club depuis 2006, tient son poste et réussit quelques interventions aériennes propres.  Une efficacité, en toute discrétion, qui propulse la Sociedad vers les places européennes, mais une victoire qui plonge, surtout, Bilbao vers les tréfonds du championnat.  Deux accomplissements à savourer pour la Sociedad, et un bon match de plus pour le portier de la sélection chilienne, Claudio Bravo.
3. Timo Hildebrand (Schalke 04) +4 points
Le bon Timo Hildebrand, il revient de loin. Phénoménal à Stuttgart, médiocre à Valence, oublié à Hoffenheim, cadavérique au Sporting, revoilà le blond en prime-time, décisif cette semaine en Champions League (1-1 Galatasatay), affuté en Bundesliga (2-1 Fortuna Düsseldorf). Son physique n’a pas changé d’un pet, tignasse blonde sur corps félin, à 20 printemps (Stuttgart) comme à bientôt 34 ans (à Schalke 04), il symbolise l’efficacité sur sa ligne, comme quoi la patience à ses vertus. Timo Hildebrand détient toujours un record en Bundesliga, avoir maintenu sa cage inviolée pendant 884 minutes, c’était en 2003–04.  Sans excès, sans fioritures, Timo Hildebrand se refait une santé en Bundesliga, et sa semaine vaut une maigre reconnaissance.

Défenseurs

1. Sébastien Corchia (Sochaux) +12 points
De nos jours et c’est bien connu, les latéraux ne sont plus confinés aux simples tâches défensives. Terminée, l’époque où un latéral n’avait aucune classe technique, tout juste fût-il bon à saucissonner l’adversaire le plus talentueux.  Sébastien Corchia est la quintessence du latéral moderne: vitesse, puissance, technicité, assiduité.  Déjà virevoltant face au PSG la semaine dernière (3-2), le Sochalien a excellé ce weekend à Rennes (2-2), avec un but mirifique en guise d’apothéose: débordement côté droite, crochet intérieur, enroulé parfait dans le petit-filet opposé.  Sébastien Corchia a la mine des grands jours, et les grands clubs comme le Bayern semblent déjà frétiller à l’idée de l’enrôler pour les années à venir.
2. Sylvain Armand (PSG) +8 points
La tronche la moins glamour du vestiaire parisien.  Travailleur inné.  Cabochard méticuleux.  On l’affublait volontiers de la cinquième roue du char défensif parisien, loin derrière Thiago Silva, Mamadou Sakho, Alex ou Zoumana Camara.  Depuis quelques semaines pourtant, Sylvain Armand se glisse discursivement dans la peau d’un titulaire, impose son vécu, dirige la défense du PSG de son pied gauche facile (avoir un défenseur central gaucher, c’est un atout indéniable en termes de relance). Dimanche face à l’OM et pour son 400e match de Ligue 1, il a su mettre l’embonpoint à André-Pierre Gignac au silence, parfait dans ses interventions défensives, excellent dans son replacement.  A lui tout seul, cet Armand-là incarne les seules valeurs qui porteront éventuellement les sbires à Carlo Ancelotti vers le titre: celles du travail et du don de soi.
3. Fabian Schär (FC Bâle) +4 points
Il n’a que 21 ans, mais déjà l’expérience d’un briscard. Sa progression est telle que déjà, on l’imagine suppléer Von Bergen ou Djourou, à plus ou moins long terme, dans l’axe national. Cette semaine, Fabian Schär a fait honneur à son mentor, Murat Yakin. Excellent face à Dnipropetrovsk (1-1), il a su provoquer une expulsion ukrainienne, transformer le penalty avec une grâce que le reluisant Murat ne renierait point, offrant ainsi la qualification aux Bâlois. Quelques jours plus tard, son costume de patron enfilé, il cingle les attaquants de GCZ (0-0), les oblige à passer par les ailes pour contourner le bloc qu’il fomente superbement avec Dragovic. Après Wil, maintenant Bâle. Quelle future destinée pour Schär? Avec une gestion de carrière intelligente, il pourrait indubitablement viser plus haut. 

Milieux

1. Arjen Robben (Bayern Munich) +12 points
Le Bayern de Munich est une telle machine de guerre, un si puissant rouleau compresseur, qu’il peut se targuer de larguer sur le banc un phénomène tel qu’Arjen Robben. Samedi face au Werder de Brême pourtant, le Néerlandais a ravi l’audience de toute sa classe: un but et deux passes décisives s’il vous plaît. Un but de renard pour ouvrir le score (25e), un coup-franc délicieux sur la tête à Javi Martinez (29e), quelques coups de rein dévastateurs pour sécatter la défense de Brême, et voilà Arjen de retour au premier plan. Intrinsèquement, il est plus talentueux que Thomas Müller. Mentalement pourtant, il n’a pas encore l’étoffe pour retrouver le onze du Panzer munichois. En attendant, sa prestation du week-end nous a rappelé au bon souvenir de l’authentique Robben, celui qui fascine par ses accélérations chaloupées, à l’instar de cette percussion sur le troisième but munichois à Arsenal (3-1).
2. Diego Costa (Atletico Madrid) +8 points
Du côté de l’Atletico Madrid, on s’émerveille gracieusement devant le talent naturel de Radamel Falcao.   Mais le Colombien est épaulé par un partenaire de choix, discret joueur de l’ombre, Diego Costa. Réduits à 10 dès la mi-temps, l’Atletico s’est démené pour venir à bout de l’Espanyol (1-0) ce weekend. Et le travail récalcitrant de Diego Costa y est pour beaucoup, lui le travailleur de l’ombre, celui qui œuvre pour le collectif des Colchoneros, lui qu’on étiquette comme attaquant mais qui travaille comme un milieu de terrain.  Cette saison, Diego Costa prend enfin son envolée, après tant d’années de tergiversations. Souvent en surpoids, parfois affublé du titre de pilier de bar, il a bourlingué entre Braga, le Celta Vigo, Albacete, Valladolid, le Rayo Vallecano. Enfin posé, le marathonien Diego Costa a été l’un des brillants instigateurs de la victoire madrilène, qui replace l’Atletico confortablement derrière le Barça.
3. Ola John (Benfica) +4 points
Ola John. Néerlandais né au Libéria, 20 ans, formé au FC Twente, et déjà une patte de velours.  En Europa League face à Leverkusen, l’ailier a sécurisé la qualification du Benfica en inscrivant un but d’anthologie (2-1). Quelques crochets, un petit pont, et une frappe dantesque dans le petit-filet adverse. Et la qualification pour le Benfica. Quelques jours plus tard, les Lisboètes jouent gros en championnat, reçoivent le surprenant Paços de Ferreira, 3e au classement. Durant 70 minutes, Ola John oppresse la défense adverse, percute longuement et contribue au succès facile (3-0), de quoi maintenir le rythme fulgurant proposé par Porto; pour un mano-à-mano de fin de saison qui s’annonce comme exquis.

Attaquants

1. Jackson Martinez (FC Porto) +12 points
Semaine après semaine, Jackson Martinez prouve qu’il fait partie de la caste des grands attaquants européens. Cette semaine encore, il a passé des savons aux défenseurs de Malaga (1-0) et de Rio Ave (2-1). S’il n’a pas marqué face à Malaga, le Colombien a usé et abusé de l’arrière garde espagnole, chacune de ses accélérations étant unanimement dangereuse, jusqu’à la faire rompre sur l’unique but de la partie de Moutinho. En inscrivant deux buts quelques jours plus tard face à Rio Ave, Jackson Martinez a rassuré ses statistiques, lui enfile les buts à intervalles régulières (22 buts en 20 matchs au Portugal…).
2. Stephan El Shaarawy (Milan AC) +8 points
Le Milan AC a failli réussir la semaine parfaite. Fumer le Barça (2-0) c’était bien – n’est-ce pas la meilleure équipe du monde, malgré tout ? – mais encore fallait-il ponctuer l’affaire en raclant ces fumiers d’interistes. Le Milan AC a passé sa semaine dans l’ambivalence totale: défensif et en mode contre-attaque face au Barça, il a su se muer en une machine offensive face à l’Inter. Et à El Shaarawy d’exposer toute la panoplie de la polyvalence milanaise. Se sacrifier face au Barça, travailler dans l’ombre, délivrer une merveille de passe de but pour Muntari; et puis montrer une qualité technique exceptionnelle pour ouvrir le score face à l’Inter, cet extérieur du pied en bout de course et tout en puissance est purement génial. El Shaarawy est bel et bien un esthète génial.
3. Dmitar Berbatov (Fulham) +4 points
200 matchs de Premiership pour le Bulgare, 84 buts. Une statistique folle, que le seul Dmitar pouvait sermonner d’un éclair magique, samedi dernier face à Stoke City (1-0). Nous jouons la 45e minute et jusqu’ici, ma foi, Berbatov se pavanait comme dans ses mauvais jours: railleries envers les coéquipiers, le pas lent, le repli défensif inexistant, la tête basse et le regard sombre. Et puis le moment de grâce. Robert Huth renvoie un ballon aérien en direction de Dmitar. Berbatov scrute l’horizon, le ballon en point de mire, un coup d’œil à droite, personne. Le corps s’équilibre, le jeu de jambe se met en place, et boom. Une volée superbe, magique, Berbatovienne, sous la latte et voilà le Bulgare sur le toit de la Premiership. Et subitement, on se remet à adorer celui qu’on adore détester.

Flops

1. Nicolas Anelka (Juventus) –15 points
Nico, on aime ou on déteste. Seule unanimité: il ne laisse personne indifférent. Après une escapade chinoise courte de 22 matchs, Nicolas Anelka – alias Darth Vador -, revient discrètement, regard noir, tenue noire, maillot noir de la Juve sur les épaules. Las des pérégrinations chinoises – pas assez glamour ce championnat, apparemment il ne savait pas – Nico revient en quête de gloire (et éventuellement d’un peu de temps de jeu). Seul hic: il ne joue jamais, 19 maigres minutes en championnat depuis son arrivée… La Juve mène 3-0 face au modeste Sienne. Mais Nico n’entre pas. Il se morfond sur son banc, col roulé jusqu’aux oreilles, le regard bas. A force de ne pas jouer, il va bien vouloir se faire remarquer, pourvu que Paul Pogba n’écoute que les conseils de Pirlo, pas ceux du pernicieux Anelka. Darth Vador peut retourner en Chine après tout, pourquoi ne pas essayer d’améliorer ses statistiques platoniques: 3 buts en 22 matchs chinois, y’a moyen de faire mieux, n’est-ce pas Nico?
2. Frank Lampard (Chelsea) –10 points
Frank Lampard est unanimement reconnu comme un joueur exemplaire. Il résiste aux changements d’entraîneur comme il résiste aux années, joue encore et toujours, à 34 ans même pas mal, 199 buts en Premiership. Dimanche face à City pourtant, il a sombré dans la transparence. Rien dans le jeu, peu ou prou dans la construction offensive, insignifiant dans la récupération défensive. Pire: il a manqué ce penalty à 0-0. Et même si l’arrêt de Joe Hart est exceptionnel, le résultat n’en est que le reflet de la performance de Lampard dimanche dernier à Manchester. Alors bien sûr, il rebondira certainement, il a l’aura d’un champion Fat Frank, mais dimanche ne lui a fait aucune faveur, au pire beaucoup d’ombre tant il a été surclassé par l’incroyable Yaya Touré.
3. Jonathan Walters (Stoke City) –5 points
Jonathan Walters est capable du meilleur comme du pire. Il peut mettre un doublé face à Liverpool un jour (victoire 3-1), mettre deux buts contre son camp et rater un pénalty le lendemain (0-4 face à Chelsea). Souvent, l’Irlandais est percutant, toujours généreux dans l’effort. Jamais il ne se cache derrière l’inaccomplissement, l’homme s’en sortira toujours sans si, ni mais, ni excuses. Samedi dernier face à Fulham pourtant, il a fait valoir le côté sombre de sa face: fantomatique dans le jeu, il a encore raté un pénalty qui avait le poids d’une égalisation. Le pauvre Walters n’en finit pas de galvauder les balles de but, lui qui a déjà manqué 4 penalties sur ses 10 dernières tentatives…

Écrit par Sacha Clément

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