Le FC Aarau en quinze questions

C’est déjà la reprise dans le football suisse et c’est tant mieux, autant jouer en juillet qu’en décembre dans nos contrées. On te présente la nouvelle saison de LNA avec quinze questions plus ou moins pertinentes pour chacun des dix clubs du championnat en commençant, dans l’ordre alphabétique, par les Unabsteigbaren du FC Aarau.

Quels objectifs ?

Néo-promu et disputant à Thoune et Lausanne le titre envié de «plus petit budget de la ligue», Aarau serait prétentieux de viser autre chose que le maintien. D’ailleurs, dans sa riche histoire en LNA, si l’on excepte quelques rares embellies notamment avec Hitzfeld ou Fringer, le FC Aarau a toujours joué le bas du classement et lutté pour sa survie. A l’instar du LS, le FCA va désormais avoir pour objectif de faire le gros dos et tenir dans l’élite jusqu’à l’inauguration de son nouveau Stadion Torfeld Süd qui permettra de revoir les ambitions à la hausse. Sauf qu’avec un début des travaux fixé au début 2014, la nouvelle enceinte argovienne offre des perspectives de réalisation plus concrètes que la chimère lausannoise. Saint-Gall a montré l’an dernier que l’euphorie de la promotion pouvait amener dans les hautes sphères du classement malgré un effectif limité mais on voit mal ce FC Aarau marcher sur les traces de Brodeurs, une place entre la 6e et la 9e suffirait sans doute au bonheur des Unabsteigbaren.   

Quels sont les points forts ?

Aarau travaille avec sérieux et dans la continuité depuis deux saisons. Barragiste en 2012 avec la malchance d’être tombé contre le FC Sion en barrage, les Argoviens ont remis l’ouvrage sur le métier la saison passée pour aller chercher une promotion méritée. Un entraîneur compétent et en devenir, peu d’esbroufe ni de stars mais une équipe construite intelligemment entre routiniers de LNA (Koubsky, Marazzi, Callà, Garat), très bons joueurs de LNB (Lüscher, Schulz, Senger) ou espoirs du club (Mall, Jäckle, Romano). L’effectif ne paie de prime abord pas de mine mais il y a un collectif homogène et habitué au succès depuis deux saisons, qui sera sans doute difficile à manœuvrer, avec une belle marge de progression et qui pourrait profiter de l’euphorie de la promotion.  

Quels sont les points faibles ?

L’effectif manque de joueurs vraiment dominants pour la LNA ; ceux qui ont de l’expérience dans l’élite ont rebondit à Aarau parce qu’ils ne trouvaient plus vraiment de place à l’échelon supérieur. Tant que le club pourra surfer sur une dynamique du succès, les limites de l’effectif pourront être gommées mais, en revanche, si les choses devaient se compliquer, il n’y a pas tellement de joueurs pour tirer l’équipe. C’est en particulier le cas en phase offensive : Callà restait sur une longue blessure à GC, le buteur Senger n’a connu que la LNB jusque-là, alors que le nouveau venu Camerounais Mouangue n’a pas réussi à s’imposer à Lucerne ce printemps. Accessoirement, le FC Aarau a perdu durant l’entre-saison son meilleur espoir, Silvan Widmer, parti tenter sa chance de manière peut-être un peu prématurée à l’Udinese.

Quelles sont les inconnues ?

Comment réagira un groupe habitué au succès, tout comme l’entraîneur René Weiler, lorsque les premières défaites s’enchaîneront ? Davide Callà peut-il redevenir le grand joueur qu’il fut jadis ? Sandro Bürki s’imposera t’-il enfin en LNA ? Dante Senger peut-il être aussi prolifique en LNA qu’en LNB ? Le jeune gardien Joël Mall est-il mûr pour la LNA ?

Quels sont les joueurs à suivre ?

L’élément clé lors de la promotion fut le milieu offensif Davide Callà (19 buts/12 assists). Sinon, le buteur Dante Senger tentera de saisir sa chance en LNA après avoir écumé les terrains de LNB avec Locarno et Lugano, tout comme les milieux de terrain Sven Lüscher et Alain Schulz qui avait échoué lors de leur première tentative dans l’élite à respectivement YB et GC. On suivra aussi le capitaine Sandro Bürki qui tentera enfin de faire décoller sa carrière, tout comme le jeune gardien Joël Mall et le champion du monde M-17 venu de Locarno Bruno Martignoni, lequel tentera de marcher sur les traces de Ricardo Rodriguez plutôt que sur celle de Janick Kamber.

Quels seront les flops ?

En gros, tous les joueurs cités sous le point précédent sont des flops potentiels, tant ils manquent de référence à ce niveau. Sinon, on a quelques doutes sur le Vénézuélien prêté par YB Alexander Gonzalez. Il est encore jeune mais si, en dix-huit mois dans la capitale, il n’a pas réussi à convaincre, ce n’est pas très bon signe.

Le mythe des Unabsteigbaren renaîtra-t-il ?

Le FC Aarau a séjourné sans discontinuer en LNA entre 1981 et 2010, ce qui en faisait le plus vieux pensionnaire de l’élite derrière GC. Cette longévité était d’autant plus remarquable que chaque saison ou presque les Argoviens flirtaient avec la relégation mais finissaient toujours par s’en sortir de manière plus ou moins rocambolesque, ce qui avait donné naissance au mythe des Unabsteigbaren que je t’avais conté il y a quelques années ici et là. C’est dire si la relégation subie en 2010 a constitué un choc, mettant fin à l’une des vieilles légendes du football suisse. Désormais, le mythe est à reconstruire, ce FC Aarau new-look va devoir retrouver cette culture du sauvetage et de la survie qui a fait la force et la gloire de ses prédécesseurs. Afin de repartir pour trois décennies de LNA. Gageons que dans l’immédiat les Argoviens seraient déjà contents d’assurer un premier maintien, peut-être celui qui sera le plus dur à aller chercher.

René Weiler, digne successeur d’Ottmar Hitzfeld et Rolf Fringer ?

Aarau a souvent passé pour un tremplin pour entraîneurs en devenir. C’est là qu’Ottmar Hitzfeld avait vraiment lancé sa formidable carrière ; Rolf Fringer semblait également promis à un bel avenir après avoir mené Aarau au titre, même s’il n’a jamais confirmé. René Weiler marchera-t-il sur leurs traces ? Depuis qu’il a repris le club en 2011, l’ancien joueur de Servette réalise un excellent travail qui est d’ailleurs unanimement reconnu, ce qui en fait un homme très convoité. Il aurait notamment été approché par le FC Sion mais il a renoncé à la sécurité de l’emploi qui lui était promise en Valais pour continuer son œuvre à Aarau, sans brûler les étapes. A 39 ans, s’il parvient à stabiliser Aarau en LNA, il aura très probablement assez prochainement l’occasion de diriger un club plus ambitieux.

David Marazzi succèdera-t-il à Nicolas pour le but de l’année ?

David et Nicolas Marazzi se relaient pour assurer une présence familiale dans l’élite du foot suisse depuis plus de dix ans : tous deux débutaient en LNA à respectivement Lausanne et Sion au début des années 2000. Puis Nicolas restait seul dans l’élite en Valais après la rétrogradation du LS pour problèmes financiers. Dès 2003, David retrouve la LNA du côté de Saint-Gall puis Aarau, alors que Nicolas la quitte avec Yverdon puis Lausanne. Il n’y a guère qu’en 2010-2011 que les deux cousins ne sont plus représentés dans l’élite lorsque le Lausanne-Sport de Nicolas Marazzi côtoie le fraîchement relégué Aarau de David Marazzi en LNB. Mais la promotion du LS au printemps 2011 comble cette lacune. Et au début de cette saison, Nicolas, non reconduit à la Pontaise et en partance pour les nouveaux riches d’Azzurri Lausanne, est remplacé par son cousin David, promu avec Aarau. Avec comme défi de marquer le même but depuis le milieu de terrain que Nicolas la saison dernière.

La dernière chance de Sven König et Sandro Bürki ?

Farum, 10 mai 2002, le football suisse gagne le premier grand trophée international de son histoire, le championnat d’Europe des moins de 17 ans en battant la France aux tirs au but. Parmi les héros du jour, on trouve le gardien Sven König, auteur de plusieurs parades décisives dans le match puis lors de la séance de pénaltys, et le meneur de jeu à la technique raffinée Sandro Bürki. Plus de dix ans plus tard, leur carrière n’a pas vraiment décollé. Bürki s’est montré trop impatient et s’est brûlé les ailes avec un transfert prématuré au Bayern Munich, König a lui été trop patient et a fait le tour de la Suisse sans jamais vraiment obtenir une place de titulaire. Alors que la carrière de certains de leurs coéquipiers de 2002 (Barnette) semble déjà à leur crépuscule, tous deux se voient offrir une dernière chance de lancer enfin leur carrière dans l’élite. Cela paraît possible pour Sandro Bürki, capitaine et métronome de l’équipe dans un rôle un peu plus défensif qu’à l’époque, ce sera plus compliqué pour Sven König qui partira une fois de plus comme doublure du jeune Joël Mall.

Quelle fin pour le mythique Brügglifeld ?

Le Brügglifeld est appelé à disparaître d’ici quelques années et on est bien contents que le FC Aarau retrouve la LNA avant d’émigrer dans son nouveau Stadion Torfeld Süd pour s’offrir une séquence nostalgie dans le vieux stade argovien. Dans un championnat se disputant, à quelques épaves romandes près, dans des arènes modernes, le Brügglifeld fait partie des derniers rescapés d’une époque bientôt révolue, avec sa tribune unique, son kop en gradin latéral, ses places debout et non couvertes sur vieux gradins en béton, ses spectateurs appuyés sur les panneaux publicitaires comme pour un match de 2e ligue… Pour être franc, je n’ai pas beaucoup de bons souvenirs au Brügglifeld, c’est le genre de déplacement où tu t’attends toujours à voir ton équipe gagner vu qu’Aarau joue rarement les premiers rôles et où tu repars souvent avec trois buts dans les valises sous les braillements goguenards et ravis d’un public local plutôt du genre rupestre. Mais c’est avec plaisir que j’essaierai de trouver l’occasion d’aller m’énerver une dernière fois dans ce bon vieux Brügglifeld.

Ils sont passés où les vieux grognards suisses-allemands et les Slaves aux noms imprononçables ?

Si le FC Aarau nous a si souvent traumatisés, c’est aussi par la composition de son équipe. Sur le papier, ça ne payait pas de mine mais c’était souvent efficace. Historiquement, en défense, tu avais généralement une escouade de vieux grognards allemands ou suisses-allemands, souvent moustachus, qui n’hésitaient pas à tacler à la hauteur de la carotide, style Roger Wehrli, Alfred Herberth, Bernd Killian, Rolf Osterwalder, Thomas Tschuppert et autres Hansruedi Schär. Le secteur offensif était lui dévolu à des joueurs venus de l’Est, en général Pologne ou Bulgarie, aux noms imprononçables qui virevoltaient dans tous les sens : Slawomir Wojciechowski, Roumen Ivanov, Dariusz Skrzypczak, Petar Alexandrov, Levan Khomeriki, Mikhail Kavelashvili ou encore l’infâme (les initiés comprendront) Cezary Kucharski. Cette époque-là paraît révolue, ce FC Aarau 2013-2014 est plus jeune, plus technique et plus latin, avec des mercenaires venus davantage d’Amérique du Sud que d’Europe de l’Est. Tout fout le camp.

Xamax – Aarau, la revanche ?

On l’a dit, Aarau a souvent constitué le cauchemar des clubs romands, expédiant Yverdon, Sion ou Xamax en LNB, Lausanne en tour de promotion/relégation. Cela a également été le cas en Coupe de Suisse. En 1985, le Neuchâtel-Xamax de Gilbert Gress profite de largesses de son président Gilbert Facchinetti pour s’imposer parmi les ténors du foot suisse et pense bien obtenir le premier titre de son histoire en jouant la finale de la Coupe contre le surprenant Aarau d’Ottmar Hitzfeld. Mais le gardien neuchâtelois Karl Engel se fait surprendre sur un tir lointain de Walter Iselin à cinq minutes de la fin et les Argoviens l’emportent 1-0. Vingt-huit ans, deux titres, un Chagaev et une faillite plus tard, Xamax attend toujours la première Coupe de son histoire. Ce ne sera sans doute pas pour cette année mais le nouveau Neuchâtel Xamax FCS a déjà l’occasion de prendre sa revanche sur le FC Aarau puisque les deux clubs seront opposés au premier tour de la Coupe.

The Final Countdown retentit-il toujours au Brüglifeld ?

Il fut un temps où The Final Countdown saluait un but inscrit par l’équipe locale dans la plupart des stades et patinoires de Suisse. Puis la mode est passée à autre chose et le tube d’Europe a peu à peu été remplacé par d’autres. Il n’y a guère qu’à l’Allmend à Berne et au Brügglifeld que l’on a continué d’entendre The Final Countdown, avec évidemment un peu plus de fréquence et de succès du côté du SCB que du FCA. N’ayant été pas très assidu devant les matchs de LNB du lundi soir la saison passée, je ne peux pas t’affirmer que la chanson reprise (notamment) par l’excellent groupe slovène Laibach a toujours droit de cité au Brügglifeld, on verra ce qu’il en est pour ce retour en LNA. Réponse le 20 juillet pour le premier match du FC Aarau à domicile, contre Lucerne.

Quel classement ?

Mon pronostic : 9e.

Écrit par Julien Mouquin

Commentaires Facebook

2 Commentaires

  1. Excellente initiative, j’ai hâte de lire la suite. 🙂

    Ayant vu jouer Aarau en coupe tout récemment, ils seront quand même très limite. Se sera 9 ou 10ème en effet.

  2. On parle pas de LNA mais bien de Super Ligue et ni de LNB mais bien de Challenge Ligue.

    Il faut apprendre à tourner la page car la nouvelle génération rique de se poser des questions la.

    :-)))))))

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.