Et 1, et 2, et 3-0 !

Ça vous a manqué, n’est-ce pas ? L’histoire n’est qu’un éternel recommencement ; le verrou ukrainien l’a prouvé en sautant bien trop vite face aux Bleus, permettant à ces derniers de fêter une qualification comme un titre de champion du monde mais de manière amplement méritée.

Pour beaucoup, ce fut le drame. Une catastrophe presque aussi horrible que la nouvelle du mariage de Scarlett Johansson ou que la perte de Pipi, le pauvre petit bichon maltais de la voisine qui a fait la connaissance du double essieu arrière d’un semi-remorque d’un peu trop près. Plutôt que de geindre, réjouissons-nous de la présence des Bleus l’an prochain au Brésil. Ça sera l’occasion de lancer des chopes de bières contre les écrans plasma des bars à chaque but de la France, de faire des orgies de coq-au-vin, ainsi que de fêter chaque défaite des Bleus avec autant de ferveur qu’un érémiste venant de remporter le pactole à l’Euromillions. Oui, la participation de la France à une cinquième Coupe du Monde de suite est une excellente nouvelle. Comme les Monty Python, regardons les bons côtés de la vie en 10 points.1. Ribéry pourra enfin bénéficier sur place de toutes les putes brésiliennes qu’il souhaite.
Grâce à sa victoire 3-0 sur une Ukraine aussi sûre qu’un rafiot faisant la liaison entre la Lybie et Lampedusa, la roue a routourné favorablement pour Ribéry et ses potes. Pour le Scarface bavarois, l’avantage est double. Fini les frasques ponctuelles avec Zahia et d’autres filles de joie à l’identité sexuelle pas toujours clairement définie. Au Brésil, Franckie aura toute la panoplie sur un plateau d’argent en attendant le Ballon d’Or, et ce sera bon, ce sera bon bon bon. Ensuite, en consommant local, Ribéry montrera l’exemple en terme de développement durable et apportera ainsi sa contribution écologique dans un pays qui n’a pas besoin de fumer clope sur clope pour ravager le poumon de la Terre. Si Benzéma confirme son recouvrement de la vue et parvient aussi bien à viser entre les poteaux de but qu’entre les jambes d’une fille en besoin de cash, les joyeux lurons auront d’autant plus de chances d’éviter certaines mauvaises surprises au niveau du genre de la marchandise.
2. C’est bien plus drôle de voir la France se faire sortir au 1er tour plutôt qu’en barrage.
Oui, la déception était palpable en ce matin du 20 novembre chez les 124% de la population romande de souche qui suit un tant soit peu le football. Tout le monde rêvait d’un remake du 17 novembre 1993 lorsque Kostadinov avait plongé tout le polygone à six côtés dans le désarroi. Las, les boys de Deschamps ont encore trouvé le moyen de s’en sortir par les épis au grand dam de leurs détracteurs. Mais tout n’est pas perdu : au Brésil, les chances de voir nos chers ennemis se faire rétamer en phase de poules et de répéter leurs exploits de 2002 et 2010 sont bien réelles. Et c’est nettement plus jubilatoire d’assister à une déconfiture lors du Mondial devant le monde entier plutôt que dans un obscur barrage dans lequel ils étaient de toute façon favoris.
3. Au Brésil, il ne sera plus possible de remporter des matchs sur des erreurs arbitrales.
Entre les penaltys imaginaires dont ont bénéficié les Bleus lors de l’Euro 2000 en passant par le handballeur Thierry Henry en barrage contre l’Irlande et le but sur un hors-jeu indiscutable de Benzéma mardi dernier, cela commence à faire beaucoup. Sans compter la tendance indicible qu’ont lesdites grandes équipes à être favorisées par le corps arbitral. On dit que les irrégularités s’égalisent avec le temps, mais il faut croire que cela ne se passe que d’un seul côté lorsqu’on évoque le parcours français. Personne n’est à l’abri d’une monumentale injustice au plus haut niveau mais l’été prochain, la France devra compter sur autre chose pour aller loin, bien que leur présence à ce stade de la compétition soit amplement méritée. Au Brésil, tous les directeurs de jeu seront en mode «victime expiatoire de la NSA», même s’ils pourront toujours compter sur la sidérante mansuétude de Blatter et ses sbires pour refuser toute modernisation dans le but de réduire ces erreurs aux conséquences énormes.

4. Ce n’est que justice : tous les Français (médias, chômeurs, chtis, spectateurs) y ont toujours cru.
Ce n’est un secret pour personne, l’équipe de France est un modèle de fidélité et de solidarité, surtout dans l’adversité. Le soutien sans faille manifesté par toute une nation a porté ses fruits et cela n’est que la juste récompense d’un comportement en tout point exemplaire de la part des joueurs, supporters et journalistes qui ont fait front commun dans la situation terrible qui prévalait. En tout cas, cette qualification est du pain béni pour TF1, elle qui pourra tabler sur une explosion du nombre de téléspectateurs dans le royaume du plein emploi et de la prospérité. De là à dire que la chaîne généraliste va se faire du pognon sur le dos de la misère des gens est un pas que nous ne franchirons bien évidemment pas.
5. Ribéry pourra utiliser ses mots qui seront compris par la population locale.
Pour le simple péquin qui n’est pas un grand connaisseur du monde du ballon rond, Franck Ribéry est une curiosité très intéressante sur le plan sociologique et ethnologique. A ceux qui sont toujours persuadés que niveau de formation académique rime avec prospérité, le contre-exemple de l’attaquant du Bayern est cinglant. Parfois, il est difficile de saisir certaines sorties ribériennes et on ne peut pas mettre la faute sur le Bairischerdeutsch. Bon d’accord, ce n’est pas aussi pire que du Québécois ou du Valaisan, mais cela nécessite tout de même la création d’un dictionnaire spécifique (en cours d’élaboration). Le langage parlé par le joueur français s’apparentant toujours à la classe des langues latino-romanes, le point positif est que la presse locale brésilienne n’aura pas besoin d’interprète pour comprendre les analyses toujours très profondes de Franckie. Pour revenir au point 1, ça sera aussi bien plus facile pour lui au moment de négocier les tarifs.
6. Les retrouvailles entre Patrice Evra et les médias français au Brésil, ça n’a pas de prix.
– Pierre Ménès : «Alors Patrice, au sujet de cette raclée…»
– Patrice Evra : «Ta gueule, toi je t’emmerde !»
– Pierre Ménès : «Enfin Patrice, ne le prenez pas sur ce ton.»
– Patrice Evra : «Je t’ai dit de fermer ta grande gueule de porc. Parasite.»
– Rolland Courbis : «Dis mon petit, parce que tu crois que ce 4-0 contre l’Iran, ça ne…»
– Patrice Evra : «Ferme-là aussi. J’ai rien à te dire, clodo de mes deux.»
– Bixente Lizarazu : «Et par rapport à ces deux auto-goals que tu as inscrit à…»
– Patrice Evra: «Va chier, j’ai rien à te dire non plus. Allez tous vous faire foutre !»
– Nelson Monfort : «Ouiiiii, Patrice, zi eunbeliveubeule Patwice ! Une dernière question, wane véri laste qwéchtione, nous aimerions savoir, wid laïke tou no…»
– Patrice Evra : «Mais c’est qui ce connard ?»
7. La probabilité, certes faible, de voir une victoire algérienne sur la France existe.
Après la victoire militaire de 1962, la victoire sportive de 2014. Ça pourrait être sympatoche, des Pieds-Noirs restés au pays qui s’imposent contre des Noirs tout court. Bon ok, je simplifie et fait preuve de racisme ostentatoire au 1er degré comme ne manqueront pas de le rappeler les porte-parole de la bonne parole à la sauce Amnesty. Sérieusement, une victoire de l’ancienne colonie française ne serait pas si surprenante que cela. Les pays africains ont, par le passé, déjà placé moult peaux de banane aux grandes nations du football et parfois même à des champions du monde en titre à l’instar du Cameroun contre l’Argentine en 1990 et du Sénégal contre ces mêmes Français en 2002. Avant cela, le tirage au sort devra être coopératif afin de rendre une telle affiche possible. En cas de succès des Fennecs, il serait intéressant de voir la position d’un certain Zizou sur le sujet.
8. En cas de victoire finale de la France, l’industrie du CD serait relancée.
Vous vous souvenez tous du tube interplanétaire de 1999 «1 an déjà ! 3-0», multiple Disque d’Or et de Platine chanté par Emmanuel Petit et Sophie Thalmann. Pour des raisons floues, les singles qui devaient suivre (2 ans déjà ! 3-0, 3 ans déjà ! 3-0, 4 ans déjà ! 3-0, 5 ans déjà ! 3-0, 6 ans déjà ! 3-0, 7 ans déjà ! 3-0, 8 ans déjà ! 3-0, 9 ans déjà ! 3-0 et 10 ans déjà,  3-0 !) n’avaient jamais vu le jour dans les bacs. Il faut dire qu’avec l’avènement des méchants pirates œuvrant dans le téléchargement illégal, l’industrie du disque a du plomb dans l’aile, y compris dans celles du coq. Qu’à cela ne tienne : si la France va au bout de son rêve, ce sera l’occasion idéale de réparer cette erreur et de faire exploser le nombre de suicides dans les régions limitrophes de l’Hexagone. Le petit Manu et la belle Sophie remettraient donc le couvert, mais il se murmure que Lilian Thuram et Karine Lemarchand pourraient peut-être remplacer le précédent duo en cas d’agenda surchargé des deux protagonistes. Thierry Roland pourrait aussi être exceptionnellement exhumé pour l’occasion afin de reconstituer, dans les studios, le fameux duo qu’il composait avec Jean-Michel Larqué. Avec l’aide d’une batterie d’avocats véreux pour traquer les pirates jusque dans leurs chiottes, l’industrie en piteux état du compact-disc repartirait de plus belle.

9. Les Français sont les seuls à pouvoir empêcher une victoire finale du Brésil.
Ce passage ne va pas vous plaire. Je ne vais pas le cacher, je n’ai pas une affection particulière pour le Brésil. En partie par pur esprit de contradiction, j’ai toujours méprisé les innombrables footix qui rangent illico leur maillot à croix blanche (ou autre) avant de se précipiter sur celui du Brésil, sitôt leur pays éliminé, car la Seleção est tellement forte et que la Samba c’est tellement cool et puis parce que les Brésiliennes sont tellement bonnes. Il faut aussi admettre que voir l’autoproclamé plus grand pays du football se faire ramasser à domicile est une idée qui m’est fort agréable, qui plus est par les Bleus, ce qui ne manquera pas de provoquer un deuil général de 3 jours en Suisse Romande. De toute façon, il n’y a plus assez de place sur leur maillot pour rajouter une étoile. Rappelons que l’histoire est du côté de la France, elle qui avait éliminé le Brésil lors de la magnifique finale de 1998 et lors du Mondial allemand de 2006. En 2014, les Bleus seront les seuls à pouvoir les bouter hors de la compétition.
10. ???
La dixième raison, elle est pour toi cher lecteur. A ton avis, quel autre avantage faut-il retirer de la qualification française ?

Écrit par Mathieu Nicolet

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17 Commentaires

  1. Pour un 1/8 de finale Suisse-France qui fermera finalement (pour quelques mois en tout cas) leur grande gueule par rapport a la supposée faiblesse du football suisse, j’ai hâte!

  2. 10. A l’écoute des analyses poussées de Christian Jean-Pierre lors des multiples émissions « incroyables » que nous proposera TF1, on se rendra compte que le service des Sports de la TSR n’est pas si risible que l’on aime bien le dire, et que Pierre-alain Dupuis a été l’un des meilleurs commentateurs sportifs de l’ère moderne… ou pas…

  3. bon avouons de suite que personne aurait miser le moindre franc sur la frannnnnce moi le premier (30 bal de paumé sur l Ukraine..ahahha bien fait pour ma tronche) mais voilà ils l ‘ont fait et moi je dis bravo bravo bravo jouez tous les matchs comme ça que ce soit tactiquement ou mentalement et gagnez le mondial que platini giresse tigana and co aurait dû gagner en 82 alors encore une foi allez la France

  4. c’est frais, c’est hard, ça dégomme à tout va, j’aime ! Du vrai CartonRouge, quoi !

    Avec mention spéciale à « …en consommant local, Ribéry montrera l’exemple en terme de développement durable.. »

    J’aimerais presque être français, tiens, pour déguster encore mieux ce succulent article 🙂 🙂

  5. au hasard la séance de tirs au but à l’issu d’un match bien moisi contre (tiens donc?) l’Ukraine en 2006… ou bien cette incapacité à se qualifié contre le Chili et le Honduras après avoir pourtant battu le futur champion du monde espagnol en 2010…

    PS: ha oui concernant la mansuétude de Blatter et ses sbires…. alors sic! (oui sic!) quand on sait que la Suisse s’est quand même qualifiée dans un groupe ou l’Islande termine deuxième

  6. C’est pas très drôle, et le prétendu 2e degré est noyé dans un océan d’aigreur et de jalousie.
    Je n’ai aucune affection particulière pour l’équipe de France et leur médias se sont chargés de me rappeler avec le pataquès fait pour leur qualification, mais ce défoulement sur CR et et en Suisse Romande, je trouve ça quand même vachement puéril.
    Pour une équipe que vous détestez, elle reste vachement au centre de votre intérêt quand même.

    Si on fait mieux qu’eux au mondial, on pourra peut-être la ramener, mais j’en suis pas totalement convaincu donc ça serait mieux de la jouer profil bas pour le moment.

  7. 10. Pour voir un remake de Afrique du Sud 2010 avec en plus Ben Arfa, Nasri, Evra et quelques écervelés que je ne connais pas mais qui seront du voyage j’en suis sûr !
    🙂

  8. Haaaa, la langue de Streller et les 42 penaltys loupés.
    Que de souvenirs que cette coupe du monde 2006.
    Et ce sommet contre le Honduras en 2010…
    Merci erwann pour ces bons souvenirs.
    On aurait pu y ajouter le 3-0 dans la tronche contre l’Espagne en 1994 ou le but de la Turquie dans la papotche en 2008.

  9. @ Gabriel
    Si t’es sûr que Ben Arfa sera du voyage, c’est que tu t’y connais pas mal, j’dirais.
    C’est effectivement hyper probable.
    Maintenant, de quel voyage tu parles, alors là…

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