Pour en finir avec le derby…

Après quelques jours passés à se remettre des folles émotions d’un derby captivant (au minimum), il est temps d’en tirer quelques enseignements avant de se rendre dans la riante Léventine.

À toi la peur

Vous vous souvenez de la grande époque des matches Jennifer Capriati-Serena Williams en Grand Chelem ? Des affrontements magnifiques avec deux adversaires dévorées par la peur et réalisant un festival d’erreurs. Le «spectacle» auquel nous avons assisté mardi faisait irrésistiblement penser à cela. Au final, c’est Genève-Servette, un chouïa moins fébrile que son adversaire, qui a su transformer la balle de match. Et c’est à peu près le seul point positif qu’on en tirera, avec la performance des Canadiens (voir plus bas).
En ce qui concerne Serge Pelletier, adepte comme chacun sait de la pensée positive, on lui souhaite bien du courage pour trouver des arguments. Très actifs sur le marché des transferts, les Dragons feraient bien de s’intéresser à un certain Mohammed Saeed al-Sahaf, ancien ministre de l’information d’un pays du Golfe dont on taira le nom. Ça peut toujours servir.

Les deux font la paire

Rare satisfaction du mardi soir, la confirmation que les Aigles ont déniché un duo d’enfer avec Kirby Law et Serge Aubin. Pas le moins du monde désemparés par l’absence du troisième homme habituel Jamie Wright, les deux Canadiens se sont trouvés presque les yeux fermés. La surprise vient surtout du rôle assumé par chacun en ce début de championnat. Si Law est très loin de faire preuve de maladresse devant le but et si Aubin ne jette en aucun cas sa part de travail aux chiens, c’est généralement le premier nommé qui presse et récupère les pucks et le second qui tire profit de tous les bons coups dans n’importe quelle position. (Vous avez l’esprit mal tourné.)

Law
Photo © Pascal Muller

Résultat, les deux meilleurs pointeurs genevois n’ont que quelques unités d’écart et figurent parmi les tous meilleurs de LNA. Encore un peu de temps pour parfaire leur numéro et Chris McSorley aura peut-être trouvé les nouveaux Trudel-Domenichelli auxquels il rêvait tant à l’intersaison.

Robin, c’est du solide

18 minutes et 42 secondes se sont écoulées lorsque surgit au beau milieu de la rencontre un épisode inédit de l’émission «Vis ma vie» : Robin Breitbach est mis K.-O. par une charge (régulière) de Julien Sprunger. Le public retient son souffle en voyant l’échalas teuton rester de longues secondes au sol après le choc. Mais il en faut plus pour mettre hors course l’idole de tout un peuple*. Il ne lui faudra qu’un quart d’heure pour retrouver toutes ses sensations et remettre plein centre et dans le slot un puck sur la palette de Thibaut Monnet, qui n’aura besoin que de trois tentatives pour battre Gianluca Mona à bout portant.

La panade de la défense

Cela dit, pour être juste, le gars Breitbach n’est malheureusement pas le seul à accumuler les bourdes. Les deux autres buts sont consécutifs à une perte de puck bête de Schilt à la bleue alors qu’il est dernier défenseur, puis à un Jozef Balej qui, sur une attaque placée, se retrouve si seul devant le gardien servettien qu’il peut même se permettre le luxe de contrôler avant de marquer (du premier coup, lui). Cette réussite était d’ailleurs parfaitement logique si l’on considère que les Fribourgeois avaient entamé le dernier tiers par quatre attaques en supériorité numérique, dont une à deux contre zéro. Seul la maladresse crasse des Lézards et quelques miracles du gardien dont ils ne voulaient plus préservaient le score.
Autant dire que la passivité de l’arrière-garde genevoise, qui compte tout de même désormais quatre internationaux, fait souci à l’heure d’affronter des équipes un peu moins navrantes que Gottéron offensivement parlant. Ce d’autant plus que le style (l’absence de style ?) de Gianluca Mona rend capital le verrouillage du slot. Et la dramatique baisse de performance depuis la pause d’Olivier Keller, censé être un des leaders de l’équipe, n’inspire pas spécialement confiance.
On se rassurera en pensant qu’en début de saison, la défense faisait bien meilleure figure, preuve qu’elle en est capable. Le retour des Grenat dans la première moitié du classement dépendra vraisemblablement de la rapidité avec laquelle elle retrouvera ses marques.
*Reste juste à trouver lequel

Genève-Servette – Fribourg-Gottéron 5-3 (1-0 2-2 2-1)

Patinoire des Vernets : 5’475 spectateurs.
Arbitres : Peter Kunz ; Gilles Mauron, Paul Rebillard.
Buts : 14’54 Knoepfli (Meunier, Fedulov) 1-0, 23’30 Aubin (Law / 4 c. 5 / Fedulov) 2-0, 24’46 Sprunger (–) 2-1, 31’22 Law (Aubin, Fedulov / 5 c. 4 / Marquis) 3-1, 33’41 Monnet (Balej, Holden /5 c. 4 / Rytz) 3-2, 47’33 Balej (Marquis, Monnet) 3-3, 52’33 Aubin (Law, Treille) 4-3, 54’57 Aubin (Fedulov, Law / 5 c. 4 / Ngoy) 5-3.
Pénalités : 7 x 2’ + 10’ (Rytz / charge contre la tête), 9 x 2’ + 10’ (Reist / charge par derrière) contre Fribourg-Gottéron.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, P. Rytz ;R. Breitbach, O. Keller ; J. Gobbi, J. Horak ; S. Schilt, J. Mercier ; Y. Treille, S. Aubin, K. Law ; M. Knoepfli, L. Meunier, I. Fedulov ; T. Déruns, M. Trachsler, J. Cadieux ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, C. Rivera. Absents : J. Wright (adducteurs), P. Savary (genou).
Fribourg-Gottéron : A. Munro ; S. Heins, M. Ngoy ; A. Reist, A. Birbaum ; P. Marquis, N. Studer ; A. Miéville ; T. Monnet, J. Holden, J. Balej ; B. Plüss, G. Montandon, J. Sprunger ; M. Bastl, P. Sarno, C. Neuenschwander ; C. Botter, A. Bykov, G. Zenhäusern. Absents : R. Berger, G.  Vauclair et C. Haldimann (blessés).
Notes : 17’22 Temps mort pour Genève-Servette. 19’30 Law manque un pénalty consécutif à une faute de Marquis sur Cadieux. 58’55 Munro abandonne sa cage à son triste sort, et ce jusqu’à la fin du match.

Écrit par Yves Grasset

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