«Ce merde match»

Une semaine après avoir rassuré son public avec une probante victoire face à Lugano, Neuchâtel Xamax s’essayait à nouveau au périlleux exercice du déplacement. Périlleux désormais, car il ne lui a plus souri depuis novembre 2006, et sa victoire en terres yverdonnoises.

Privé de Baettig, Gérard Castella pouvait cependant nourrir de légitimes espoirs, l’équipe ayant retrouvé un semblant de fond de jeu la semaine précédente. C’est donc gonflés à bloc que les Xamaxiens abordaient une rencontre qui se présentait depuis plusieurs jours comme décisive, l’entraîneur xamaxien la qualifiant lui-même de possible «petit tournant». Kriens et Concordia ayant chacun un déplacement difficile à assumer, les Neuchâtelois ambitionnaient en effet clairement de reprendre encore quelques longueurs aux Lucernois, et distancer Concordia. Bien intentionnés, les hommes de Castella faisaient alors illusion l’espace d’un petit quart d’heure… d’un minuscule quart d’heure, durant lequel Szlykowicz et les siens réussissaient poussivement à construire quelques séquences et limiter les effets négatifs de leurs contrôles ratés et de leurs passes approximatives.Mais le spectre d’un nouveau «jour sans» planait pour les Xamaxiens. Incapables de prendre le jeu à leur compte, de prendre de vitesse des Wilois sereins, et encore plus incapables de dérouler un schéma tactique digne de ce nom, les rouge et noir allaient rapidement retomber dans leurs vieux travers, en pire. En effet, mis à part sur corner, les Xamaxiens ne parvenaient tout simplement pas à se montrer dangereux bien que dominateurs sur le plan de la possession de balle. Les locaux, qui semblaient n’avoir jamais douté de leurs chances, ouvraient la marque à la 28ème minute, d’un long centre de Schenkel sur un Nushi étrangement seul face à Zubi. Dès lors, ils pouvaient sereinement profiter de leur abatage à mi-terrain, obligeant les Neuchâtelois à procéder par de longs ballons, ou en les enfermant sur les côtés. Plutôt qu’une réaction d’orgueil, les Xamaxiens sans idées et brouillons allaient même rendre le match ennuyeux. Taini de son côté, le portier st-gallois, était sur ses gardes et sa première véritable intervention à la 45ème minute fut certainement décisive sur le plan mental. Il repoussait en deux temps, dont la seconde fois du crâne (!), les frappes de Merenda et Quennoz.


Bastien Geiger est impuissant face à deux Wilois

Vous attendiez une révolte après le thé ? Votre serviteur aussi, mais rien n’en fut. Malgré le bouleversement tactique (inhabituel) de Gérard Castella qui voyait l’arrivée de Nuzzolo et Lombardo à la pause et le passage à une défense à trois, la suite des hostilités ne fut que le prolongement de l’indigente première mi-temps. Ulrich Forte, l’entraîneur des Wilois, avait certainement briefé ses joueurs, le «joker» Lombardo était cerné à chaque fois qu’il prenait possession du cuir et était contraint de ralentir le jeu plutôt que de lui donner, comme à son habitude, de la percussion. Wil terminait donc la rencontre en rigolant et s’offrait les plus belles occasions de buts. Zuberbühler, chambré par les supporters locaux, parvenait à repousser l’échéance, jusqu’à ce que ce diable de Nushi serve un Salifou seul au monde aux 16 mètres et ma fois fort habile en la circonstance. Le Togolais inscrivait le 2-0.
Un genou à terre dans ce championnat, les Xamaxiens se créaient une dernière grosse occasion en toute fin de match, mais la soif de marquer de Bieli et de Lombardo les déservaient et ils se gênaient alors que le ballon de l’honneur leur tendait les bras. A la TSR on appelle cela «boire le calice jusqu’à la lie» ; Zuberbuhler, toujours lucide, trouvera d’autres mots. Dès le coup de sifflet final, le géant collectionneur de Mp3 s’avançait la tête basse vers la courageuse nuée de supporters xamaxiens et serrait les mains les unes après les autres en répétant «…hé les gars, écoutez désolé pour ce merde match». On ne l’aurait pas mieux dit. Mais l’homme a le don de réchauffer les coeurs. Pendant ce temps, Bieli fait signe qu’ils ne méritent pas les applaudissements, Besle est allongé au milieu du terrain et Lombardo hoche la tête en signe d’excuse en regardant ses supporters. On ne sait pas quels ont été les mots du coach quand il a convoqué l’équipe à mi-terrain, mais à l’interview il parlera de joueurs «indignes de porter le maillot xamaxien» et de «mesures» qui seront prises.
Xamax a une chance en or de se réconcilier avec ses supporters. Quatre matchs consécutifs à domicile, dont deux derbys romands. Il ne fait pas le moindre doute que les douze points sont obligatoires.

Wil – Neuchâtel Xamax 2-0 (1-0)

Stade du Bergholz : 1280 spectateurs.
Arbitre : M. Schneider.
Buts : 27e K. Nushi 1-0, 75e Salifou 2-0.
Wil : Taini; Schenkel (42e Zverotic), Longo, Matic, De Donno; A. Nushi (73e Haziri), Salifou, Gsell (86e Laski), K. Nushi; Taljevic, Maliqi.
NE Xamax : Zuberbuehler; Geiger, Besle, Quennoz, Delgado (46e Nuzzolo); Mangane, Szlykowicz, Rak, Melunovic (46e Lombardo); Merenda (65e Coly), Bieli.
Carton jaune : 67e Besle (jeu dur).
Notes : Wil sans Dimita ni Mica (blessés). Xamax privé de Sehic et Gentile (blessés) et Baettig (suspendu).
Coups de coin : 2-8 (0-4).

Écrit par Roby Steedman

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