Schalke en tête, Gelsenkirchen en fête

L’arrivée à la Veltins Arena de Gelsenkirchen a toujours quelques chose d’assez spectaculaire : la «ville aux Milles Feux» (c’est ainsi qu’était surnommée la cité de la Ruhr pour son grand nombre de hauts fourneaux) n’est pas aussi affreuse qu’on ne l’imagine généralement mais il faut reconnaître que les alentours du stade ne sont guère avenants : usines désaffectées, tuyaux rouillés, cheminées fumantes, entrepôts couverts de tags, canal aux eaux noirâtres et vestiges de l’ancien Parkstadion avec ses septante mille places toujours en attente d’être détruit…

Au milieu de ce paysage désolé, sur une hauteur, se dresse fièrement le plus moderne et, peut-être, le plus beau stade d’Europe, la fabuleuse Veltins Arena et ses multiples gadgets : terrain sur roulettes, toit amovible, portefeuilles électroniques et même sa chapelle pour y célébrer des mariages… A côté, se trouve le magnifique complexe de Schalke 04 avec ses terrains d’entraînement, de foot-tennis, de beach soccer, ses fans shops, ses restaurants et autre centre de formation. Gelsenkirchen est une ville assez étrange, dépourvue de véritable centre, une réunion de plusieurs quartiers plus ou moins indépendants (Schalke, qui a donné son nom au club, Buer, Resse, Beckhausen…), au milieu desquels se trouve le stade, véritable point névralgique de la cité. Je ne connais aucune autre ville qui s’identifie à ce point à son club et à son stade : il est impossible de parcourir plus de cent mètres sans voir un drapeau S04 aux fenêtres, un panneau indiquant la direction de l’Arena ou une voiture décorée aux couleurs du club.
Cette immense ferveur populaire se traduit dans les affluences au stade. Schalke 04 a joué douze de ses quatorze matches de championnat à guichets fermés, seules deux parties en début de saison ont laissé quelques places de libres dans la Veltins-Arena, qui affiche ainsi un taux de remplissage de 99,8 %. Schalke a toujours pu compter sur un immense soutien populaire mais l’engouement est d’autant plus grand cette saison que les Knappen font la course en tête du championnat.

Le titre semblait même promis aux joueurs de Mirko Slomka après un début de deuxième tour tonitruant (quatre matches/douze points). Mais la machine s’est grippée lors d’un sombre après-midi de février à Wolfsburg. Les Königsblaue menaient 2-0 à la pause mais se sont fait remonter à 2-2 et ont perdu sur blessure l’une de leur star, le Danois Peter Løvenkrands. L’ex-joueur des Rangers tentera un retour contre le Bayern mais se blessera à nouveau, cette fois-ci jusqu’au terme de la saison. Cette absence était d’autant plus ennuyeuse qu’est venue s’ajouter celle du meneur de jeu brésilien Lincoln, suspendu cinq matches après une fin de partie houleuse contre Leverkusen (il reviendra la semaine prochaine). Du coup, Schalke 04 a fait du sur place avec une série de six matches/cinq points indigne d’un prétendant au titre.
La venue de la lanterne rouge Borussia Mönchengladbach à la Veltins Arena constituait une occasion rêvée pour se relancer. Je ne suis pas particulièrement favorable à cette nouvelle tendance consistant à baptiser les stades du nom d’un sponsor mais, quitte à voir son stade affublé d’un nom commercial, autant que ce soit un nom de bière, surtout pour un stade allemand. C’est donc munis de quelques délicieuses chopes de Veltins que nous gagnons nos places debout dans la Nordkurve, là ou se trouvent les supporters les plus fervents de S04. Le début de match n’est pas vraiment fait pour rassurer lesdits supporters puisque c’est Mönchengladbach qui se montre le premier dangereux : un lob de Rafael est sauvé sur sa ligne par Rafinha, alors qu’une reprise du jeune Lamidi s’écrase sur la transversale. Schalke a réagi sur un coup de tête d’Asamoah (de retour après six mois d’absence pour une fracture du péroné) qui heurte également la latte. Les joueurs locaux commencent à presser et les Fohlen multiplient les fautes, provoquant l’ire d’un public qui n’a pas encore avalé la défaite de la semaine précédente contre le Bayern à Munich, où les Knappen se sont fait voler par un arbitrage, comme trop souvent en Allemagne, extrêmement complaisant avec les Bavarois.

Schalke se montre encore dangereux avant la pause sur un tir trop croisé d’Özil et une frappe au-dessus d’Altintop mais l’inquiétude commence à gagner un public qui peine à se libérer et à pousser son équipe. On songe avec nostalgie à notre dernier passage à la Veltins Arena, la saison passée, où Schalke avait battu Leverkusen sur le score extravagant de 7-4. On en sera loin cette fois-ci…
En deuxième mi-temps, Schalke reprend sa domination qui finira par porter ses fruits sur un but extrêmement chanceux : après une belle percée solitaire, le prometteur Özil voit son tir contré ; le ballon parvient sur Kuranyi qui devance de la tête la sortie du gardien Keller et remet sur le revenant Asamoah qui fête son retour en poussant le ballon dans le but vide (57e). La Veltins Arena peut enfin exploser. Les Königsblaue assurent leur succès à vingt minutes du terme sur un coup franc de Pander victorieusement repris de la tête par l’inévitable Kuranyi, qui inscrit là son douzième but de la saison. Kobiashvili et Kuranyi auront l’occasion de corser encore l’addition sur la fin mais le score ne bougera plus, malgré un nouveau tir sur le poteau de Gladbach par l’intermédiaire de Rafael. Les Fohlen ne sont pas vernis et restent scotchés à la dernière place du classement. Le Borussia ne perd jamais 4 ou 5 à 0 mais multiplie les défaites honorables et manque cruellement de solutions offensives (22 buts marqués en 28 matches). Son parcours ressemble à s’y méprendre à celui d’un relégué en puissance. Désormais rejeté à six points de la barre, Mönchengladbach a épuisé tous ses droits à l’erreur et tout autre résultat qu’une victoire lors du prochain match contre Hambourg signifierait la fin des illusions. Ce qui serait franchement dommage parce que ce club, pour son passé glorieux et son public, qui n’a jamais ménagé ses encouragements malgré les piètres performances des siens, mérite largement la 1ère Bundesliga.

Quant à Schalke, il a assuré l’essentiel et conserve la tête du classement. Même si elle a été longue à se dessiner, cette victoire va certainement rassurer les Knappen. Le club de Gelsenkirchen est plus que jamais en course pour obtenir son huitième titre de champion d’Allemagne, le premier depuis la création de la Bundesliga en 1963. A six matches de la fin de la saison, Schalke possède deux points d’avance sur Brême, quatre sur Stuttgart, six sur le Bayern et dispose d’un calendrier a priori favorable, même s’il doit encore aller jouer les deux derbies de la Ruhr à Bochum et Dortmund. Les supporters köngisblaue attendent ce titre depuis tellement longtemps qu’ils sont prêts à le fêter n’importe où et n’importe quand mais ils ont tous le même rêve : être sacré lors de l’avant-dernière journée sur la pelouse de l’éternel rival du BVB. D’ici là, les supporters vont fêter leur victoire contre Mönchengladbach dans les différents quartiers de Gelsenkirchen. De toute la nuit, il sera impossible de trouver un bar ou même une discothèque qui ne soit pas envahis par des supporters arborant maillots, écharpes ou casquettes de Schalke 04. Du foot et de la fête, il n’y a sans doute pas énormément d’autres activités dans le Ruhr mais en ce qui nous concerne ça suffit largement à notre bonheur.

Schalke 04  – M’gladbach 2-0 (0-0)

Veltins Arena : 61’482 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Meyer.
Buts : 57e Asamoah (1-0), 71e Kuranyi (2-0).
Schalke 04 : Neuer ; Rafinha, Bordon, Krstajic, Pander ; Asamoah (65e Halil Altintop), Bajramovic, Hamit Altintop (90e Hoogland), Kobiashvili, Özil (90e Kunert) ; Kuranyi.
Mönchengladbach : Keller ; Bögelund, Gohouri, Zé Antonio, Jansen ; Svärd (35e Polanski), El Fakiri, Insua, Compper (46e Thygesen) ; Lamidi (69e Neuville), Rafael.
Cartons jaunes : 17e Svärd, 28e Gohouri.
Notes : Schalke sans Lincoln, Ernst (suspendus), Varela ni Løvenkrands (blessés). Mönchengladbach sans Kluge (suspendu), Marin ni Delura (malades).

Écrit par Julien Mouquin

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