La Suisse et les sports motorisés

Alors qu’au niveau de la popularité, les sports mécaniques n’ont pas grand-chose à envier au football, en Suisse, ils restent considérés comme le mouton noir des sports par beaucoup. Petite enquête sur les raisons de ce manque d’intérêt.

La situation des sports motorisés en Suisse est un joli paradoxe ! En effet, tout le monde dans ce pays sait qui sont Fernando Alonso, Michael Schumacher, Valentino Rossi etc… Que ce soit sur deux ou quatre roues, les courses intéressent, voire même passionnent les Suisses depuis déjà longtemps. L’intérêt populaire est là, mais pas le politique ni l’économique.Il est très rare de voir un pilote suisse arriver au somment, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le fait qu’il n’y ait aucun circuit de course dans notre petit pays contribue largement au fait que nos jeunes choisissent de se tourner vers des sports plus accessibles comme le football, la PS2 ou le roulage de joints par exemple. Après l’accident du Mans qui tua environ 80 personnes, il avait fallu très peu de temps à nos autorités pour interdire les courses sur sol suisse. Depuis, le foot a plus tué que les courses, et on a toujours le droit de construire des stades (sauf à Zurich…), organiser des matches et même des Euro en Suisse, alors que les courses, elles, restent interdites. Moi y en a pas bien compris…
Un autre facteur de poids est que les entreprises suisses ne jouent pas toujours le jeu comme il le faudrait. En effet, comment peut-on justifier le fait que Sébastien Buemi, notre plus sûr espoir sur quatre roues, qui se trouve à deux pas de la F1, soit pris en charge par un sponsor autrichien pour atteindre son but ? Alors qu’une entreprise suisse débourse environ 40 millions pour sponsoriser l’équipe BMW en F1, il n’y a rien (ou très peu en comparaison avec nos voisins européens) pour nos espoirs. Tout ça parce que personne ne veut prendre de risques en misant sur un espoir. Thomas Lüthi gagnait à peine 1’200 francs par mois l’année de son titre. Même si comparaison n’est pas raison, il a dû regretter de ne pas être espagnol, qui eux touchent un salaire qui leur permet de vivre de leur sport car là-bas, ils savent l’importance d’une idole populaire… Par contre, maintenant que tout va bien pour Tom, les sponsors se l’arrachent, et c’est tant mieux.


Thomas Lüthi, sportif suisse de l’année 2005

Mais la frilosité de nos autorités et de nos grosses entreprises offre un avantage : ce qui ne tue pas rend plus fort, et il en va de même pour nos jeunes champions. A force de se faire mettre des bâtons dans les roues (au sens figuré, on se comprend, sinon ça deviendrait dangereux) et de ne pas être soutenus comme ils le seraient chez nos voisins, ils apprennent à se battre, et les rares d’entre eux qui arrivent au sommet deviennent alors très difficiles à battre. Buemi, Gachnang, De Silvestro, Junod, Savary, Caiani, Chesaux et j’en passe sont tous des pilotes craints par leurs concurrents respectifs et dont on ne connaît pas le prénom en Suisse, excepté dans leur région.
 
Quoi qu’il en soit, Thomas Lüthi a apporté plus qu’un titre de champion du monde à la Suisse : il a ouvert une porte pour énormément de jeunes pilotes moto. Nos médias commencent gentiment à donner un coup de pouce aux espoirs en parlant d’eux, des entreprises comme Métraux Services SA prennent des jeunes sous leur aile. Espérons que ce n’est que le début, que le phénomène s’amplifie et qu’un autre pilote sur quatre roues initie la même chose que Tom Lüthi sur deux roues. Et ça pourrait être bientôt…
Alors ceux qui ne savent pas comment se consoler des résultats de la Nati, allumez la TV dimanche, regardez bien la moto numéro 12, le sportif suisse de l’année 2005, et vous verrez que les sportifs suisses qui n’ont pas été chouchoutés et qui n’ont pas tout reçu sur un plateau d’argent sont plaisants et enthousiasmants, et qu’ils se battent jusqu’au bout, sans chercher de fausses excuses. Et le titre que la Suisse remportera en 2008 pourrait venir du bitume plutôt que du gazon…

Écrit par Sébastien Junod

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