Bâle : ville de foot mais pas de fête !

L’affiche était alléchante, la météo s’annonçait radieuse et un ami nous avait assuré que «Bâle, je vous jure, c’est chaud de chez chaud». Il n’en fallait pas plus pour changer nos vieilles habitudes de Lausannois pré-trentenaires et nous détourner de nos endroits de prédilection, le Red, le MAD voire le Buzz les soirs difficiles (non non pas le D, on préfère éviter les blaireaux !). C’était donc décidé, ce samedi, c’est à Bâle que nous allions «faire la piste» – comme on dit en Valais – ou «la noce» pour nos amis fribourgeois.

Départ de Lausanne à 15h30 sous un soleil de plomb et première (mauvaise) surprise quelque deux heures de route plus tard. Un immense carambolage à 20 kilomètres de Bâle provoque un bouchon indescriptible sur l’autoroute. Nous restons près d’une heure et demi bloqués sur l’autoroute, tantôt à regarder notre montre, tantôt à fracasser des bouteilles de pet contre la barrière de sécurité ! Prévue pour 18 heures, l’arrivée à Bâle est finalement pour 19h30… et la première bière pour 19h31 sur l’une des nombreuses terrasses du centre-ville, une denrée trop rare à Lausanne.S’en suit un barbecue fort sympathique chez notre ami où nous ne regardons pas Jour de Foot, mais profitons d’une soirée délicieusement estivale. Pleins d’espoirs, nous partons vers les minuits à la découverte de «Basel by night». Première étape au Noon : une sorte de Luna à la mode suisse allemande où il ne faut qu’une bière pour nous rendre compte que le Welsch est aussi bienvenu qu’un Zurichois au stade St-Jacques… La suite se passe au Aha : décor métallique hideux à l’ambition de club de montagne, clientèle presque amène mais une moyenne d’âge qui frise les 40 ans. On se convainc malgré tout à boire une bouteille et mieux constater que les serveurs sont aussi cons qu’un sergent majeur en cours de répét’… Autre particularité du lieu, interdiction formelle de boire un verre sur la piste de danse («Ja mein Kaporal !») : c’en est trop, on met les voiles !


Le Aha : un endroit qui ne gagne pas à être connu !

Départ au Bar Rouge, la boîte soi-disant branchée de tout Bâle située au dernier étage de la tour la plus haute de Suisse. Là, c’est sûr, on ne peut pas se planter ! L’entrée est superbe et les filles de l’accueil prennent avec le sourire nos tentatives de payer avec… la carte cumulus. Premier intermède sympa de la soirée, enfin ! Mais surveillées par un joli bébé de 100 kilos, les filles n’oublieront pas de nous taper les 22 balles pour l’entrée et le vestiaire… Nous prenons l’ascenseur jusqu’au dernier étage et nous arrivons dans ce fameux Bar Rouge : le décor est splendide et futuriste mais… il n’y a absolument personne à l’intérieur ! Deux heures plus tard, l’aimable videur nous rappelle combien la fête n’est pas née à Bâle et combien le Welsch un peu expansif a le don de les agacer. Trois hurlées plus tard de notre aimable gardien du temple, il est 4 heures du mat’ et le temps pour notre gorille de nous montrer la sortie : les boîtes de nuit ferment à 4 heures…


Le Bar Rouge : superbe… mais déserté !

Nous trouvons quand même le moyen de prolonger la soirée dans un bar dont le nom nous échappe mais qui, d’après nos rares souvenirs, devait se terminer en «ic». Car si le FC Bâle est souvent appelé le «FC Bâlic» pour son armada de joueurs issus de l’ex-Yougoslavie, la nuit bâloise peut également se nommée «Baselic by night» ! Toutefois ne manquerons-nous pas de saluer ici la sympathique équipe de Croates réunis dans ledit bar qui nous offrira une tournée de tequilas, la tournée de trop pour l’un des trois serviteurs…
 
Le lendemain, l’idée de l’ASF d’avancer le match à 14 heures nous a paru tout d’un coup des plus mauvaises… L’amateur de sport assis devant sa télé a également dû très peu apprécier ce mauvais choix de la ligue – ou de la télé ? – puisque la finale Federer – Nadal de Monte-Carlo et le choc du championnat étaient programmés à la même heure… Dans le même registre, on profitera de ces quelques lignes pour féliciter la télévision et les ligues suisses de foot et hockey pour avoir programmé, le lundi de Pâques, le 7ème match des play-offs entre Davos et Berne et le choc FCZ – FCB pile à la même heure… Y’en a décidemment point comme nous. 
C’est à 12h30 que nous arrivons aux alentours de St-Jacques. L’important dispositif policier nous rappelle que le pourcentage de hooligans dans les stades suisses n’est pas forcément plus bas que celui de nos voisins. Nos sièges sont situés à quelques mètres des très bruyants et nombreux supporters zurichois (bravo pour l’ambiance !) parmi lesquels nous remarquons une centaine d’excités, pour la plupart très jeunes, au look de casseur* et à vrai dire franchement pathétiques. C’est cette même centaine de têtes pleines d’eau qui déclancheront une bagarre vers la gare et qui sont probablement rentrés chez papa-maman dimanche soir pour le repas en famille et pour réviser leurs devoirs…
Cervelas et bière sans alcool en guise de petit déjeuner et nous voilà prêts à vivre ce match dans le magnifique stade St-Jacques, un bijou architectural dont nous avions déjà parlé lors d’un déplacement en février. L’ambiance est chaude, le stade quasiment plein (34’070) et le tifo de la Muttenzerkurve tout simplement grandiose : bienvenue dans une vraie ville de foot ! Ce FC Bâle – FC Zurich constitue une mini-finale de championnat pour les Zurichois qui ont l’occasion de sceller le sort de la Super League, et le match de la dernière chance pour l’équipe de Christian Gross, à six points du leader avant la rencontre.
Déjà présents contre St-Gall (mais trop flemmards pour te pondre un article, désolé ami lecteur !), tes serviteurs vont de nouveau se régaler ! Quel plaisir de voir un match pareil en Suisse ! Un Bâle dominateur, un FCZ opportuniste et, excuse du peu, six buts au tableau d’affichage à la 95ème ! Malgré l’absence de stars des deux côtés (Petric, Ergic et Smiljanic pour le FCB, Dzemaili et Margairaz pour le FCZ), le rythme fut haletant, comme souvent lors des chocs entre ces deux équipes !


Rakitic, le héros du match

On a eu particulièrement de plaisir à suivre la nouvelle perle du foot suisse, Ivan Rakitic (19 ans), auteur de deux buts dimanche et d’un match de toute beauté. Attends-toi à entendre parler de lui dans les prochains mois. Entre un transfert à l’étranger et son choix de jouer pour la Suisse ou la Croatie, son nom devrait vite faire le tour des quotidiens… L’autre sensation bâloise de ce début d’année, Caicedo (19 ans lui aussi), aura également épaté la galerie et noirci la feuille des buteurs. On ne félicitera par contre pas Nakata pour sa nouvelle prestation en demi-teinte sur son flanc gauche. On s’est d’ailleurs rappelé avec nostalgie des déboulés géniaux d’Atouba sur ce même flanc gauche lors de la folle épopée européenne de 2002/2003… On en était bien loin dimanche après-midi ! Du côté zurichois c’est à Rafael que revient la palme. Clairement au-dessus du lot, l’attaquant brésilien du FCZ aura souvent mis dans le vent une défense rhénane par moments peu à son affaire !
L’après-midi se termine par un tour d’honneur des Bâlois ô combien mérité, le public est debout et les quelque cent excités du kop zurichois commencent leur triste spectacle. Malgré le manque d’ambiance de la veille et une gueule de bois à déterrer un mort le lendemain, ce périple bâlois fut ô combien plaisant et tes trois serviteurs rejoignent leurs pénates avec le sourire pour suivre la soirée des Présidentielles (et surtout pas le match du RC Lyon sur Canal+…). Merci enfin à Fabien – le quatrième joyeux drille – pour avoir conduit au retour… et pour avoir supporté nos ronflements  !

Conclusion

Si c’est à Bâle que le foot vit et existe, c’est à Zurich et à Lausanne que les nuits (et les filles) sont les plus belles !

* le look du casseur consiste à relever son t-shirt sur la bouche et le nez pour éviter les odeurs des fumigènes (et accessoirement aussi ceux des dessous de bras), à porter une casquette invariablement immonde (et pas forcément aux couleurs du club) et des docs martins noires (même s’il fait 28 degrés). Autre variante : le casseur peut également être torse nu, crâne rasé et avoir une écharpe en guise de «masque».
Autres particularités du casseur : possède la collection complète des films de Jean-Claude van Damme, se promène toujours avec un gros stylo noir indélébile et adore le 1er Août car il y a des feux et des fumigènes partout…

FC Bâle – FC Zurich 4-2 (2-1)

St-Jacques : 34’070 spectateurs.
Arbitre : M. Busacca
Buts : 8e Rakitic 1-0, 15e Schneider 1-1, 32e Caicedo 2-1, 65e Rakitic 3-1, 82e Kollar 3-2, 93e Majstorovic (penalty) 4-2.
FC Bâle : Costanzo; Zanni, Majstorovic, Marque, Nakata; Ba; Sterjovski (55e Burgmeier), Rakitic, Chipperfield, Caicedo (59e Buckley); Eduardo (91e Derdiyok).
FC Zurich : Leoni; Stahel, Tihinen, Von Bergen, Schneider; Lampi (75e Staubli), Abdi, Inler, Cesar (79e Kollar); Eudis (68e Schönbächler), Rafael.
Cartons jaunes : 20e Stahel, 23e Abdi, 58e Marque, 88e Zanni.

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3 Commentaires

  1. Bravo pour votre site ! Je suis un fidèle lecteur depuis vos débuts et apprécie vraiment votre style satirique et moqueur ! Continuez comme ça les gars !

  2. Euh, je signale aux auteurs que le webmaster de votre site fait partie de ces « blaireaux » qui vont au D! Club…alors faîtes gaffe les gars! Longue vie à CartonRouge.

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