Le mythe de la bête noire

La victoire de Golden State sur les Mavericks de Dallas, la sixième consécutive (!), dans la nuit de dimanche a réveillé la vieille théorie de la «bête noire». Mais quel est cet esprit malin qui gangrène les équipes ou les champions les plus chevronnés, face à certains adversaires ? Maraboutage ou plan méticuleux ? Analyse psycho-patho-technico-tactique.

Cela pourrait constituer une surprise. Il n’en est rien. Si les petits Warriors de Golden State (42-40 cette saison) sont allés gagner à Dallas, alors même que les Mavs (67-15) de Nowitzki paraissaient indestructibles-invincibles-indéboulonnables (rayez les mentions inutiles), c’est simplement parce que l’équipe de San Francisco est la «bête noire» des leaders NBA. T’énerves pas, je m’explique.La «bête noire», quezaco ? Robert Du Genou, auteur de «Sport et mythologie et rotule» (1927), ne nous dit-il pas dans son (long) préambule, page 82 : «je dirais que la «bête noire» est un peu le monstre du Loch Ness de l’athlète moderne» ? La démonstration est lumineuse, claire comme de l’eau d’Alain Roche. On la craint comme le loup blanc. Elle vous envoûte, vous paralyse. Il y a même quelque chose de surnaturel, d’inéluctable. Et, bien entendu, un affrontement face à sa bête noire conduit inexorablement vers… une obscure défaite.

On se souvient de Safin incapable de répondre à l’équation Santoro, du maître Federer face à Nalbandian à leurs débuts (sept défaites consécutives pour l’horloger suisse). Mais elles existent également en sport collectif. Lille puis Rennes ont été ces équipes-là pour le FC Lyon. Bolton est le monstre qui terrasse Arsenal depuis un an (trois fois cette année). Et donc nos petits Warriors, seule équipe NBA qui ose regarder Dallas dans les yeux sans complexe.
Et pour causes. Pour ceux qui ont du mal, comme moi, à croire aux évènements surnaturels et à regarder un épisode de feu X-Files sans exploser de rire, voici une explication rationnelle et scientifique de ce phénomène qui pourrait paraître aussi «abracadabrantesque» qu’un centre de Bernard Mendy restant dans le terrain. Le coach actuel de Golden State, Don Nelson, est le mentor (comprenez le Padawan) de son homologue texan, Avery Johnson, qu’il a formé à ce poste. Il connaît bien sûr toutes les ruses de sioux pour foutre en l’air les plans de son jeune rival. Comme par exemple aligner une équipe de «petits», dimanche soir, avec pas un seul ailier fort ou pivot dans la raquette. Assez pour faire complètement paniquer son Jedi sur la banc d’en face qui, en voulant l’imiter, a bouleversé son équipe type au dernier moment et a envoyé au casse-pipe une armée d’arrières sans repère. L’adresse n’étant pas au rendez-vous, l’amiral Nelson réussissait son coup de Trafalgar 97-85 devant son ex-équipe et une salle médusée.


Don Nelson, le coach des Warriors

L’avantage psychologique est désormais acquis. Après la leçon reçue, on doute que Dallas soit tout à fait bien dans ses baskets ce matin. Ils complexent désormais clairement face au petit poucet de l’ouest. Surtout, les Warriors de Pietrus ont signé pour l’occasion leur sixième victoire de suite sur Dallas (!), au culot, et affichent désormais une confiance insultante face au premier de la classe. Ces Warriors, équipe plutôt petite (en moyenne de taille) avec beaucoup d’arrières dans l’effectif, sont extrêmement athlétiques et semblent être une des seule formation à ne pas se préoccuper de Nowitzki (4/16 dimanche). Cette même défense haute et agressive a provoqué 15 balles perdues chez les joueurs de Dallas et laissé les Mavs shooter à 35% seulement. Rare, très rare. Golden State, comme Phoenix, leur pose des problèmes en pratiquant le «Run and Gun», un jeu offensif fou-fou où l’on balance à tout va et qui impose un rythme soutenu à la rencontre que les Mavericks ne tiennent pas. Ces derniers vont devoir tenter de profiter de leurs centimètres pour «enfoncer» les Warriors du côté intérieur en jouant plus souvent dans la raquette. Mais une chose est sûre : de bestiole mythique il n’est pas question ici. Nous avons plutôt affaire à une simple guerre tactique que les Mavericks ne doivent pas perdre psychologiquement avant même de rentrer sur le champ de bataille ! Suite du feuilleton cette nuit !

Écrit par Etienne Ducroc

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