SFC : laisse béton !

Ayant connu le défenseur, on se doutait bien que le coach Van Eck ne faisait pas dans le foot champagne. On n’a pas été déçu !

D’obscur candidat à la relégation, le FC Wohlen s’est presque mué, avec le changement de coach, en une escouade redoutée. Seize points sur les sept derniers matches pour une équipe qui avait dû attendre quinze journées pour connaître sa première victoire, cela incitait Servette à la méfiance ! Comme l’on pouvait s’en douter, les succès argoviens reposent sur une arrière-garde plus que consistante, et force est d’avouer qu’avec le viking néerlandais aux commandes, la bétonneuse a fière allure.C’est bien connu, quand on n’a pas de budget, on économise sur les fioritures. Les Servettiens le constatent tous les jours avec le Stade de Genève, qui affiche lamentablement son béton brut et sa tuyauterie non camouflée (quoique là ce ne soit plus vraiment de l’ordre du détail !). Et cette fois-ci, ils l’ont aussi remarqué sur le terrain, avec un petit Poucet peu disposé aux audaces tactiques et aux fantaisies techniques… Bref, Wohlen c’est du solide, du solide et rien que du solide; une équipe construite par l’arrière et qui n’était venue à la Praille que pour chercher un point. Pour cela, encore faut-il pouvoir compter sur des fondations de premier ordre ; Sven König s’en est porté garant, et s’est opposé avec un brio certain à toutes les tentatives servettiennes.


La bétonneuse Wohlen

L’ancien champion d’Europe junior a même repoussé à la 40e un penalty de Boughanem, qui faisait suite à un tacle pourtant pas bien méchant de Knezevic. Une semaine plus tôt et sur le même but, l’ancienne meilleure gâchette du championnat camerounais s’était fait justice lui-même après avoir obtenu la sanction suprême : bien lui en avait pris… Quoi qu’il en soit, les Genevois avaient jusque-là fait l’essentiel du jeu, mais sans pour autant se procurer des occasions à la pelle. Privés d’oxygène et se heurtant en permanence à quelques charpentiers argoviens en couverture, les attaquants servettiens voyaient leurs offensives résumées à de molles frappes lointaines ou à des cafouillages sur balles arrêtées. Vu les gabarits en présence, la deuxième option n’a pas mené à grand chose, d’autant plus que Bengondo a fait montre d’une maladresse récurrente. Et étant donné qu’en sus, Vitkieviez fonçait tête baissée dans le tas, il eût fallu un soupçon de folie supplémentaire pour désarçonner les valeureux alémaniques. Celui-ci aurait pu venir de Chedly, dont l’entrée pour le Camerounais a amené un peu de subtilité dans ce monde de brutes. Les Servettiens ont alors parfois fait le siège du but de Wohlen, mais la réussite n’était pas au rendez-vous. Il faut dire que la précision et l’inspiration ne l’étaient pas non plus, et que c’est surtout un deuxième penalty qu’on attendait pour débloquer la situation…
De leur côté, si les ouvriers de Van Eck n’ont mis que sporadiquement le nez à la fenêtre de leur bunker, ils auraient pu s’offrir un petit hold-up, notamment lorsqu’à la 66e, et malgré un probable hors-jeu, Schultz partit affronter Marques. La claquette du dernier rempart genevois prouvait cependant une nouvelle fois ses qualités en un contre un.


Photo Pascal Muller

Les Grenats auront donc constaté qu’on se casse facilement les dents sur du béton, et malgré qu’ils aient poussé, poussé et encore poussé, rien n’est sorti, ou plutôt rentré… En novembre, ils s’étaient pourtant imposés 5 à 1 à Wohlen ; un certain Esteban avait alors marqué par trois fois… Est-ce là que se situe la différence ? Toujours est-il qu’au milieu d’une défense regroupée, on a perçu les limites d’une équipe qui a besoin d’espaces.
Ce match contre Wohlen, pressenti comme un grand moment d’ennui, a finalement par son indécision comporté un réel intérêt. Le spectateur sera tout de même content de ne plus voir les Argoviens jusqu’à l’année prochaine, mais le supporter ne pourra s’empêcher de regretter les deux points perdus. Si Servette visait encore la place de barragiste, on pourrait désormais presque dire : laisse béton !

Servette – Wohlen 0-0

Stade de Genève : 2’274 spectateurs
Arbitres : M. Bernold; M. Rusconi; M. Pintonello
Cartons jaunes : 25′ Ratta, 41′ Schultz, 42′ Knezevic, 59’Roduner, 63′ König, 78′ Grüter
Servette : Marques; Bratic, Celestini, Girod, Ratta; Besseyre (46’Chedly), Pizzinat, Boughanem, Tréand; Bengondo (80’Wissam), Vitkieviez (71’Pont)
Wohlen : König; Schirinzi, Passerini, Knezevic, Roduner; Schultz (73’Grüter), Rapisarda, Aiello (80’Karanovic), Iten; Digenti, Gil (86’Jegge)

A propos Nicolas Huber 48 Articles
...

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.