La petite boutique des horreurs footballistiques (partie 2)

Certaines contrées ont l’habitude regrettable mais bien établie de suivre la Coupe du monde avec passion, mais sans les émotions d’une équipe à soutenir. Parmi les absentes, d’aucunes ont pour excuse partielle une indépendance largement postérieure à la première Coupe du monde. Pour d’autres recalés systématiques, point d’excuse au famélique palmarès ! Voici la deuxième visite de la petite boutique des horreurs footballistiques. Amateurs de football champagne, passez votre chemin…

LIECHTENSTEIN

La boîte aux lettres de la Liechtensteiner Fussballverband est l’une des seules, dans le pays, qui correspond bien à des personnes en chair et en os; certains pourraient toutefois penser qu’il s’agit plutôt de chèvres, au vu de l’historique de leurs résultats.
Il fut un temps où quelques matches nuls héroïques (1-1 contre la Slovaquie et surtout 2-2 contre le Portugal lors des qualifs à la CM 2006) purent laisser songer à un avenir pas franchement ridicule. Mais si les autres petites nations ont généralement progressé, la Principauté n’a pas suivi le mouvement. La quête des successeurs de Mario Frick (en sélection jusqu’à 41 ans!) ou de Peter Jehle (qui gardienne encore à 36 ans) semble ratée.
Il est vrai que le pays fait moins de 20’000 terrains de foot, ne compte que 7 clubs et que sa population remplirait tout juste le stade de Kaliningrad, le plus petit de la prochaine Coupe du monde. En fait, si le Liechtenstein n’existait pas, le monde du ballon rond n’y verrait que du feu. Et contrairement au Qatar, ce n’est pas ce petit confetti austro-suisse qui va motiver la FIFA à trouver une manière abracadabrantesque de le qualifier.

THAÏLANDE

 On a Janick Kamber à Xamax, Benjamin Siegrist à Vaduz et Charyl Chappuis à Muangthong United… C’est dire qu’un titre de champion du monde M17 ne représente pas un tapis rouge vers la gloire !
Chappuis a au moins profité de ses origines à moitié thailandaises pour s’offrir une carrière plus exotique et tâter d’une équipe nationale senior qu’il n’aurait certainement pas connue sans cet exil.
Néanmoins, l’équipe nationale thaï est au football ce que « Very bad trip 2 » est au cinéma : elle nous fait un peu marrer mais surtout pitié. Et comme dans le film, « ce qui se passe à Bangkok reste à Bangkok »; le footeux thaï ne s’exporte guère et la sélection regarde la Coupe du monde depuis la maison.

 On ferait moins les malins si on parlait de sepak-takraw, dans lequel les Thaïs assurent un max… (Wikimedia Commons)

Les « Eléphants de guerre » (et non les « Ladyboys », comme on aurait pu l’imaginer…) doivent se contenter d’être la meilleure équipe d’Asie du Sud-Est. Les deux aventures olympiques de jadis ont tourné court (avec notamment des 0-9 contre la Grande-Bretagne, 0-7 contre la Bulgarie et 0-8 contre la Tchécoslovaquie) et le risque d’une réactualisation des roustes sur la scène intercontinentale semble faible, au vu des parcours habituels en qualifications. Le dernier en date affiche certes le franchissement des premiers écueils, mais une belle lanterne rouge au dernier niveau, avec deux misérables points dans un groupe où le Graal était à 19. Les Thaïlandais participeront toutefois à n’en pas douter, à leur manière, aux prochaines Coupes du monde : les paris illégaux y sont en effet toujours prospères.

BELIZE

 Voilà un pays inexistant sur la carte du monde footballistique et dont, plus généralement, la fort sporadique mention se limite aux catalogues touristiques. En matière de tourisme d’ailleurs, les internationaux béliziens s’y connaissent. Ils se limitent à ferrailler généralement contre les escouades des Iles Caïmans, de la République dominicaine et, dans les grandes occasions, du Canada; on ne sait pas s’ils jouent en tongues, mais le succès est pour le moins évanescent. Un simple manque d’expérience, à n’en pas douter… Il sied en effet de préciser que l’empressement à se frotter à une concurrence internationale s’est avéré très relatif depuis l’indépendance en 1981 : ce n’est qu’en 1995 que le Bélize a débuté sur la scène internationale. Une qualification pour la CONCACAF de 2013 reste le haut fait de cette brève histoire.
Et comme on a le sélectionneur qu’on mérite, il s’agit de Richard Orlowski, illustre inconnu au bataillon, dont l’état de service mentionne principalement un mouillage de maillot prolongé pour le ZKS Piotrcovia-Piotrkow Tryb, puis des incursions comme entraîneur adjoint de la sélection népalaise et coach de Anguilla.
Bref, le Belize restera même à fort long terme un pays de plages (et même pas de beach soccer).

BHOUTAN

En sombrant dans une facilité pierre-alain-dupuisesque, on pourrait dire que ça fait un » bout d’temps » que le pays ne s’est pas qualifié pour la Coupe du Monde. En fait, et sans surprise, ça n’a même jamais été le cas.
Bien sûr, en étant enclavé entre la Chine et l’Inde, deux nations aux milliards de pieds carrés, l’environnement est peu propice à l’épanouissement footballistique. De fait, le Bhoutan est systématiquement classé à la dernière place du classement FIFA, ou en est du moins à longueur de crampon. On ne sait ainsi même pas si le 20-0 subit au Koweit en février 2000 a constitué un traumatisme ou été vécu comme une journée standard.

 Le stade de Thimphu, assez en harmonie avec les résultats de la sélection nationale… (Wikimedia Commons)
La monarchie bouthanaise se focalise sur le « Bonheur National Brut » de son peuple et on en vient à imaginer, sidérés, que ses critères n’incluent pas la satisfaction des fans de foot à l’égard de leur équipe nationale !
Toujours est-il qu’après le Liechtenstein, la Thailande et le Bélize, on est là dans une autre dimension du retard footballistique. Et on peut d’ores et déjà affirmer que Carton-Rouge n’aura jamais à se coltiner le résumé d’un match du Bhoutan à la Coupe du monde.
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