La petite boutique des horreurs footballistiques (partie 1)

Certaines contrées ont l’habitude mauvaise mais bien établie de suivre la Coupe du monde avec passion, mais sans les émotions d’une équipe à soutenir. Parmi les absentes, d’aucunes ont pour excuse partielle une indépendance largement postérieure à la première Coupe du monde. Pour d’autres recalés systématiques, point d’excuse au famélique palmarès ! Voici un premier tour de la petite boutique des horreurs footballistiques. Amateurs de football champagne, passez votre chemin…

VENEZUELA

Avec eux, pas de surprise, c’est le seul pays sud-américain à n’avoir jamais connu la scène mondiale.

Seule bonne nouvelle: comme il n’y a pas besoin de se qualifier pour participer à la Copa America, les courageux suiveurs locaux du ballon rond ont tous les 4 ans l’impression de compter un peu. Enfin, c’est un peu comme prendre une claque et tendre systématiquement l’autre joue de manière quadriennale… Pas franchement surprenant quand on voit que les frangins Feltscher ont réussi à se faire une place dans l’équipe (même si c’est vrai qu’on a bien eu les Degen…).

Bref, lors des qualifications pour 2018, ce fut à nouveau une belle lanterne d’un rouge aussi sombre que les finances du pays. Le rating des footeux vénézuéliens vaut bien un CCC- de la part des agences de notation car effectivement, leurs actions (balle au pied) ne valent pas grand chose. Bref, les Vénézuéliens peuvent sortir les mouchoirs… enfin s’il n’y en a pas pénurie comme pour le PQ.

FINLANDE

Hors pays de l’ex-bloc soviétique, la Finlande est de loin le plus grand et le plus peuplé pays européen à avoir foiré toutes ses qualifications. Ses immenses forêts produisent d’innombrables pives et ça se ressent dans les résultats. C’était pas passé affreusement loin en 2010 (deux matches nuls contre l’Allemagne pour seulement 2 défaites en 10 matches), mais franchement, ça reste triste à voir.

Ça vaut bien la peine de cartonner dans les classements PISA et de jamais faire la Coupe du monde, hein ? A moins que ça ne démontre que les élèves les plus intelligents font les moins bons footballeurs (et donc l’inverse aussi)… Y a bien Pohjanpalo et Hradecky qui se débrouillent, mais il faut Tampere les ardeurs en évoquant la dernière campagne : les Hiboux Grands Ducs (pour ceux qui ignoraient leur surnom, qui sonne certes un peu moins mal en anglais) n’ont pas décollé et ont plutôt fait les Grands Seigneurs, en laissant tout le monde leur passer devant, à part le Kosovo (certes privé de Shaqiri).

Une pive, fort courante en Finlande, y compris sur les terrains de foot.

Vivement que le réchauffement climatique permette aux Lapons et autres blondinets de s’entraîner plus longtemps en extérieur ! D’ici là, autant dire qu’au pays du Père Noël, il faudra être sacrément sage pendant les quatre prochaines années pour espérer embarquer sur le traîneau à destination du Qatar…

ZIMBABWE

Si le foot local a jusqu’à peu brassé des centaines de milliards de dollars, c’est uniquement en raison de l’hyper-ultra-méga-inflation (bonjour les billets de cent mille milliards de dollars!). Le pays a alors abandonné le dollar zimbabwéen et apparemment aussi un peu son équipe de foot. Car pour 2018, l’équipe nationale s’est fait Harare-kiri avant même le début des éliminatoires, en étant disqualifiée pour dette non-réglée envers un ancien sélectionneur. Visiblement, l’entraîneur est plus facilement déboulonnable que le président, même si on doute que l’après-Mugabe coïncide avec un renouveau footballistique majeur. A leur décharge, c’est pas franchement l’émulation régionale de l’irrégulière Afrique du Sud ou des anonymes Botswana et Mozambique qui vont leur permettre de franchir des paliers.

Bon, finalement le Zimbabwe est au niveau du Qatar au classement FIFA, donc peut-être que le meilleur moyen de participer au Mondial, ce serait de l’organiser…

Quelques soucis de trésorerie à Harare…

INDE

Pour planter le décor, la dernière campagne à destination de la Russie s’est soldée par un flagrant (et nouveau) Delhi de pieds carrés, avec largage complet en queue de groupe derrière le Turkménistan et Guam!

Aucun membre du cadre national n’a franchi les frontières et on peine à imaginer que les Kerala Blasters et autres NorthEast United soient de prolifiques réservoirs de talents. Les ligues locales ne font effectivement pas rêver : l’I-League n’a démarré qu’en 1996 de manière semi-professionnelle, alors que l’Indian Super League (on ne sait pas s’ils se sont inspirés de la dénomination helvétique…) a été lancée en parallèle en 2013 à grand renfort de marketing et de has-been du Vieux-Continent. David James à 44 ans, Del Piero et Pirès à 39, Ljungberg à 36, c’est plus que de la pré-retraite… Et quand on voit que deux des huit clubs initiaux étaient propriété de joueurs de cricket et que l’un était sponsorisé par Videocon, on se dit qu’il y a encore du boulot en termes de reconnaissance.

C’est aussi clair que s’ils ne jouent à peu près sérieusement que quatre mois par an, ça va être dur de progresser. C’est un peu comme espérer sortir des grands champions de tennis en organisant la Premier Tennis League avec Roger et Andy Murray qui traînent les pattes dans des équipes bout-de-bois… En attendant un miracle leur permettant de sortir de la caste des « intouchables » du ballon rond international, les footeux indiens pourront, l’été prochain, larver devant leur télé plutôt que sur un terrain de cricket… Les quatre semaines de l’événement seront finalement à peine plus longues qu’un test match. Et en fait, regarder du foot et jouer au cricket semblent compatibles : en se cachant un peu vers les bords de l’ovale de jeu, ça doit être possible de mater 90 minutes sans être dérangé.

A propos Nicolas Huber 48 Articles
...

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.