Aim for the Stars

Cible facile s’il en est

On nous demande parfois si le LHC et la Vaudoise aréna nous manquent. Franchement, on n’avait même pas remarqué le hiatus en ce qui nous concerne. Explications sur fond d’Acte VII de demi-finale de conférence (ça sonne mieux que « deuxième tour des familles », non ?) entre les Corps Célestes de Dallas et les Glissements de Terrain du Colorado – comme on dit au Québec.

Préambule

Quand le club que vous suivez outre-Atlantique commence la saison par une série de 8 défaites sur ses 9 premiers matches, devient ensuite l’une des meilleures équipes de la ligue en gagnant notamment 10 des 12 parties suivantes, vire son coach pour une sombre histoire d’alcoolisme dans la foulée pour le remplacer par un amputé de l’offensive aux statistiques en carrière dignes de la saison 2018 de Kiki Mladenovic et commence les playoffs avec pour tout bagage 9 déconvenues sur les 10 dernières rencontres, il y a de quoi s’occuper sur le plan émotionnel. Le Luna Park et ses montagnes russes, c’est pour les faibles. On n’arrive même pas à être surpris lorsque l’équipe qui était restée muette devant le filet pendant près de trois tours d’horloge d’affilée marque soudain 19 goals en 4 sorties pour mener 3-1 dans sa série face au favori Colorado. Ni quand elle en encaisse 10 en 2 matches pour voir ses adversaires arracher un septième acte de tous les dangers pour terminer ce face à face aux rebondissements aussi multiples que ceux du séjour de l’équipe de France de tennis dans la bulle de Flushing Meadows. Quand les drama queens de Victory Avenue sont en ville, nul besoin de Vermin et Cie pour égayer nos longues soirées estivales, croyez-nous. Dallas nous propose un feuilleton autrement plus palpitant.

Le match en trois mots

Laissons la parole aux vaincus: « Ouin ouin ouin. »

Les trois étoiles du match

⭐️ Joel Kiviranta

⭐️⭐️ Joel Kiviranta

⭐️⭐️⭐️ Joel Kiviranta

Le Finlandais avait 13 matches de NHL et 1 but à son actif avant son show d’hier soir. Un triplé lors d’un septième match de playoffs dans ces conditions, ça devrait suffire à retirer son numéro et lui construire une statue devant l’American Airlines Center dès ce soir, non ? On commande son maillot à l’instant sur le budget apéro de la rédac’.

Ah, au fait, le dernier joueur à avoir réussi pareil exploit dans un match à mort subite ? Wayne Gretzky en 1993. Voilà, voilà.

Kiviranta n’a pas encore de timbre à son effigie comme Radulov, mais on sent que ça va venir.

Le tournant du match

La blessure d’Andrew Cogliano sans laquelle Kiviranta passe la soirée tranquillement en tribune. A quoi ça tient, une série.

Le slapshot en pleine lucarne du match

La performance de Jeff K, la voix des Stars lorsqu’ils jouent à domicile, qui continue d’annoncer les goals depuis chez lui pendant ces séries éliminatoires. Du rêve à l’état pur.

Le vieux rotoillon en cloche du match

Les prouesses de Mattias Janmark, authentique personnification de l’échec devant le but adverse, et Tyler Seguin, dont le contrat de 78,8 millions de dollars sur 8 ans est au moins aussi avantageux que le rapport qualité-prix des nouveaux avions de combat que le PLR essaie de nous fourguer. Mais c’est bien parce qu’il fallait engueuler quelqu’un.

Le chiffre à la con

20. Comme le nombre d’années écoulées entre la dernière victoire des habitants du Lone Star State dans un match couperet de ce genre et le miracle sur glace d’hier soir. Vous vous souvenez quand on se moquait critiquait de manière hyper constructive les aptitudes des Lions de Malley du berger masqué Sacha Weibel et ses moutons à cueillir les fruits de leur labeur dans une série en 7 matches l’année dernière ? Tenez-vous bien, cette fois on avait affaire à des spécialistes: Dallas avait disputé 6 actes décisifs pour 4 défaites (dont les 3 dernières) au cours de sa courte histoire alors que Colorado en était à 7 éliminations en 11 tentatives (dont les 4 dernières).

Cigarettes, Whisky et P’tites Pépées.

En sachant que les hommes de Jared Bednar venaient de remporter les deux derniers affrontements face à leurs adversaires texans sur la marque partielle de 10-4, on ne pouvait s’empêcher de leur donner un large avantage avant la confrontation d’hier soir. Même si, détail cocasse, les deux dernières victoires des Stars dans cet exercice si particulier dataient de 1999 (vainqueur de la Coupe Stanley cette année-là) et 2000 (finaliste), les deux fois face à… l’Avalanche. De là à penser que cette statistique ferait boule de neige…

Impossible de s’en remettre à Nini la Chance cette fois en tout cas.

L’anecdote

Pour ceux qui pensaient que Jan Alston avait le monopole de la langue de bois, voici les impressions pour le moins lunaires (un comble pour celui qui coache des petits hommes verts) de Rick Bowness sur ses choix douteux de goalies, recueillies par The Athletic après l’Acte V: « Les décisions que nous avons prises aujourd’hui sont basées sur les informations que nous avons. Vous n’avez clairement pas les mêmes informations que nous. Donc nous devons prendre des décisions basées sur les informations que nous avons. » Voilà qui a le mérite d’être aussi limpide qu’un dialogue entre Jacques Santini et Guy Parmelin dans la langue de Shakespeare.

Et sinon dans les tribunes ?

Le réalisateur, facétieux, a eu beau jeu de montrer un Ben Bishop toujours « unfit to play » et masqué dans les tribunes pendant que l’infortuné portier Anton Khudobin se battait autant avec lui-même que contre ses propres coéquipiers, aussi fébriles qu’un footballeur suisse à onze mètres d’un but ukrainien. Tout en sachant que Rick Bowness aurait préféré défendre la cage lui-même et sans équipement que faire entrer Jake Oettinger, le docte préposé au découpage des citrons, zéro apparition en NHL à son compteur.

Même Dieu, bravant le huis clos, avait décidé de suivre cet espèce de machin complètement fou.

La minute Jonas Junland

Il suffisait de regarder la composition des équipes pour savoir qu’on aurait l’embarras du choix. La troisième paire défensive des Stars (Sekera-Fedun) était déjà faiblissime et l’absence sur blessure de Taylor Fedun donnait l’occasion au néophyte Joel Hanley (aucune apparition en NHL depuis novembre) de la rendre encore plus friable. N’écoutant que son altruisme, Jamie Oleksiak décidait de faire le sale boulot à leur place en offrant le puck sur un plateau d’argent dans sa propre zone à Andre Burakovsky pour donner un premier avantage à l’Avalanche après 9 minutes en première période.

La rétrospective du prochain match

A l’heure où nous écrivons ces lignes (bientôt 2 heures du matin), on ne sait pas encore qui des Vancouver Canucks ou des Vegas Golden Knights, eux aussi engagés dans une partie décisive, sera l’adversaire des Stars pour leur première finale de conférence depuis 2008. Et à vrai dire on est trop occupé à chercher notre défibrillateur pour s’en préoccuper pour l’instant.

 

Crédits photographiques:

Kiviranta n’a pas encore de timbre à son effigie comme Radulov, mais on sent que ça va venir: Russian Post/CC0/Wikimedia Commons https://commons.m.wikimedia.org/wiki/File:Sheet_of_Russia_stamp_no._1285_-_2008_IIHF_World_Champions.jpg

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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