Une bien Ville Saint-Valentin

Alors que le seul Suédois au monde incapable de triompher face à des athlètes suisses a définitivement plié bagage depuis plusieurs semaines, le traumatisme est encore vivace dans les mémoires lémaniques. En effet, la tristesse causée par le départ de notre barbe-émissaire favori tenaille encore notre habituellement si stoïque rédac’ à l’heure où nous écrivons ces lignes sur un clavier rendu difficilement praticable par nos crises de larmes aussi nombreuses que les déroutes du LHC face à un de ses subordonnés romands. Qu’à cela ne tienne ! Comme à Carton-Rouge on n’a ni amis, ni famille, ni conjoints, on a décidé de passer notre Saint-Valentin à la Vaudoise aréna, histoire de noyer notre chagrin dans la passion et la bière fraîche proposées par le plus grand club planétaire en cette occasion unique. Enfin surtout la bière fraîche.

Préambule

Pouvait-on trouver meilleur contexte pour renouer avec les ex éconduites par le club que sont le duopack de Sandro (Zurkirchen et Zangger) ? La venue du HC Lugano nous donnait même l’opportunité de voir à l’oeuvre les autres victimes récentes de divorces à l’amiable (ou pas tant que ça) que sont David McIntyre (ex-Zoug) et Niklas Schlegel (ex-Berne), ce dernier étant en concurrence avec ce bon vieux Zurki pour la place fort peu convoitée de dernier rempart le moins bien cimenté de la ligue (*insérez un clin d’oeil complice au directeur sportif luganais Hnat Domenichelli ici*). Les pensionnaires de la nouvellement et hideusement renommée Cornèr Arena semblent donc avoir obtenu la garde des enfants à problèmes issus de toutes les unions foireuses de la ligue. Vous remarquerez au passage qu’au niveau des accents ajoutés à des syllabes improbables du naming d’un édifice, les concepteurs vaudois ont encore beaucoup à apprendre.

La fameuse et quasiment mystique cérémonie de descente des rideaux avant d’y projeter des images des 7 ans d’histoire du club.

Après l’inauguration, le match des peluches, LHC Plays 4 Kids, Halloweeen-avec-un-jour-de-retard-merde-alors, le Nouvel An du MAD, le match des mamans et la Nuit des Lions, voilà donc la tant attendue Mortelle Saint-Valentin 2 : Le Musée des Horreurs. Remarquez qu’on en a certainement oublié quelques uns, enfouis qu’ils sont dans l’avalanche d’événements instagrammables qui composent cette désormais plus que fameuse #SaisonUnique dont notre collègue et ami Pierre Diserens décrivait le plus long épisode ici. Toujours pas de hockey prévu à Malley hier soir donc, mais on ne perd pas espoir.

Soyons honnête (probablement une première dans nos colonnes en 2020), rien n’était prévu du côté de la communication du club. Pas de murs repeints en rose, pas de cœurs d’engagement dessinés sur la surface glacée (comme un estimé confrère nous le suggérait de manière fort pertinente avant la partie), pas de kiss cam sur les bancs de pénalité, nada. Vu de la tribune de presse, même si la Boulangerie Clément nous avait vainement proposé d’inviter notre moitié en VIP, on attendait surtout que des Lions en rut mettent les bouchées doubles sur la glace. Après une 72ème défaite face à Fribourg en encaissant plus de buts qu’il ne reste de (vraies) dents à Etienne Froidevaux, c’était en effet la moindre des choses.

Le match en deux mots

Lausanne-Lugano.

Ben ouais, vous vous attendiez à quoi ? Un accès de lyrisme soudain provoqué par deux heures et demie de hockey sans ligne directrice ni réelle ambition ? On a une deadline à respecter et des heures de sommeil à rattraper. Une riche idée cette prolongation stérile suivie d’une séance de tirs au but insipide qui nous rapprochaient d’autant de l’heure fatidique du bouclage et des injonctions désespérées du rédac’ chef.

Les trois étoiles du match

⭐️ Julien Vauclair, pour sa reprise du gauche parfaite après un débordement le long de la ligne de touche et un centre au cordeau d’Alexandre Grenier (2-2, 48ème, exactement 3 minutes après la réduction du score de Yannick Herren). Comment ça dans le mauvais but (et pas tout à fait le bon sport non plus) ?

⭐️⭐️ Alexandre Grenier. Avait-on prévenu l’ancien Coq d’Iserlohn, loin d’être poussiéreux ce soir, qu’il se retrouverait à la tête d’une escadrille de volatiles un brin moins fringants (voir la rubrique suivante) ? On espère qu’il trouvera les provisions d’énergie nécessaires pour ne pas faire un bide, Grenier.

⭐️⭐️⭐️ Johan Ryno. On peut dire que le nouveau cuirassé tessinois (1m96, 98 kg) a eu fin nez de ne pas s’aligner hier soir et ainsi éviter d’écorner sa réputation en prenant part à une telle purge.

La buse du match

Ville Peltonen. Le coach finlandais décidait d’utiliser son challenge – et donc de renoncer à son temps mort – sur une deuxième réussite luganaise on ne peut plus valable (Luca Fazzini, 0-2, 41ème) pour des motifs connus de lui seul. Un geste qui ressemblait fort à un aveu de l’impuissance de son système dépourvu d’émotions et de toute trace de créativité. Faire jouer Tim Traber en lieu et place de Robin Leone en quatrième ligne le jour de la Saint-Valentin, en voilà une belle preuve de romantisme. Toute une philosophie de jeu résumée en un seul acte, en somme.

Suri, t’es filmé!

Le tournant du match

Même si ce match s’est tourné et retourné comme un insomniaque à la recherche désespérée d’un sommeil réparateur (et pourtant Dieu sait s’il a également pu être soporifique par moments en première période), il a bien fallu prendre une décision. On en restera donc à ce premier but des visiteurs (Matteo Romanenghi, 29ème) consécutif à une perte de puck de Lukas Frick qui intervenait alors que les Bianconeri s’étaient contentés de gentiment échauffer Tobias Stephan jusque-là (trois occasions franches à notre compteur – évidemment d’une rare objectivité – à ce moment du match). Dès lors, les Lausannois trottinaient mollement après un score qui n’aurait à aucun moment dû être en leur défaveur au vu de la physionomie des débats.

Le slapshot en pleine lucarne du match

On imagine en tout cas que c’est comme ça que Taylor Chorney voyait (à travers des doubles foyers a priori) la chose au moment d’armer un tir (très vaguement) en direction d’une cage déserte qui doit avoir pénétré dans la zone dévolue à l’orbite de la Station spatiale internationale à l’heure où vous lisez ces lignes. Nous étions au cœur de la prolongation et cela n’était finalement que partie remise pour les hommes de Serge Pelletier.

Un dernier coup de Loeffel à pot et l’affaire est dans le sac.

Le vieux rotoillon en cloche du match

Cody Almond, grand altruiste devant l’Eternel, n’allait tout de même pas quitter la patinoire sans empocher une récompense individuelle, même emplie de sarcasme. En manquant la cage vide à la 12ème minute, celui qui a enfin trouvé de la constance dans une certaine médiocrité conjuguait ses efforts à ceux de Yannick Herren et Petteri Lindbohm (par deux fois), les auteurs des plus grosses occasions des hommes de Peltonen en première période. Des essais non cadrés qui semblaient avoir pour but d’éviter à Schlegel tout embarras. C’est aussi ça la Saint-Valentin, fête de l’amour et de la tendresse, même envers les passoires adverses.

Le chiffre à la con

72. Non, pas comme l’âge de Zarley Zalapski (paix à son âme) lors de son dernier match à Malley 1.0. Nous parlons bien ici du numéro de celui qui était apparemment déjà légalement éligible pour tenir sa place lors de cet affrontement face à un concurrent direct pour une place en milieu de classement (voire en séries finales). Vadim Pereskokov (santé !), c’est son nom. Dommage que le staff local ne l’ait pas « habillé » (comme on dit au Québec EN ANGLAIS BÊTEMENT TRADUIT LITTÉRALEMENT) au cas où…

Les seules flammes déclarées en ce vendredi soir passionnel provenaient des casques de Top Scorer (non, vous ne rêvez pas, cette photo constitue bien une preuve matérielle de la présence de Dustin Jeffrey hier soir).

L’anecdote

Si ce match était celui des ruptures et autres séparations, il était aussi question de retraite dans les travées du stade de glace prilléran. En effet, celle de Max « Jules » Wärn a été officialisée par le site spécialisé (en hockey, pas en troisième âge) Elite Prospects. On espère pour Philip « Sherlock » Holm et Pereskokov que l’étrange mal qui a saisi celui qui aura donc fait le tour de la question lausannoise en moins de 30 jours n’est pas contagieux. Il suffisait d’ailleurs d’écrire cela pour que le fort perspicace Holm se blesse à l’échauffement et ne puisse pas participer à la rencontre du soir. Selon la version officielle, de plus en plus opaque à l’approche des playoffs, le Suédois serait blessé au… corps.

Et sinon dans les tribunes?

On raconte que depuis la démonstration de force offerte par les milliers de fans ajoulots qui ont déferlé sur la Jurassienne arrrrréna le 2 février dernier, la Section Ouest suit un séminaire de formation distillé au Faucon, centre névralgique bruntrutain de la République Pas Vraiment Autonome du Jura (RPVAJ). On attend des résultats sur le (très) long terme. Voilà en tout cas qui expliquerait en partie le fait que la Vaudoise aréna n’était de loin pas pleine de la cave au Grenier vu la distance entre Porrentruy et les premiers territoires civilisés de Suisse romande. 8000 billets vendus ont diplomatiquement été annoncés par le speaker, un chiffre qui semble rivaliser dans son approximation avec une passe des Lions en power play.

La minute Jonas Junland

Son retour dans la patrie de Greta Thunberg a l’air de le faire vrombir de plaisir.

La rétrospective du prochain match

A Lausanne, on aime les séries (pour autant que ce ne soit pas des séries éliminatoires bien sûr). Même si notre désormais célèbre théorème (qui stipulait que le LHC gagne ou perd tous ses duels face à une même équipe mais jamais les deux à la fois) fait désormais partie du passé, son souvenir reste aussi présent sous les casques vaudois que Tyler Moy et Joël Vermin au tableau d’affichage. Euh… ah non. Avec un ratio de 2 victoires pour 11 défaites face aux autres équipes dont au moins 45% de la population baragouine le français et un taux de réussite de presque 100% (6 victoires, une défaite aux tirs au but) face aux formations d’outre-Gothard cette saison, c’est peu dire que les Rouge et Blanc se réjouissent d’aller se geler les miches dans le congélateur de la Valascia face aux chantres du #HockeyVrai ce soir. Histoire de s’inspirer de l’esprit de corps des ouailles de Luca Cereda et d’acquérir ce (gros) supplément d’âme qui leur permettra peut-être de jouer un cinquième match de playoffs en mars?

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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