Rodéo pour les Cavaliers

San Antonio attendait Detroit. Ce sera finalement le Cleveland du jeune Daniel Gibson pour une finale inédite. Mais TP et sa «family» n’ont peur de personne et se savent imbattables cette année. La punition débute demain.

Les Cavs joueront donc les premières finales de leur histoire. Par la grâce de King James, of course, enfin jordanesque dans le match 5 gagné à Auburn Hills avec 48 points tombés du ciel. Mais grâce à ses coéquipiers aussi, le point mérite d’être relevé. Drew Gooden s’est réveillé de son coma de basketteur au bon moment alors qu’il traversait ces finales de l’Est comme un zombie (9 pts, 5rbs de moyenne). Larry Hugues est arrivé à la rescousse pour sauver la cavalerie et les européens Pavlovic (9 pts et beaucoup d’influence) et «Z» ont fait le boulot (13,8 pts, 10 rbs). Mais surtout, Daniel Gibson, petit Rookie venu de nulle part, est sorti de son anonymat pour casser la baraque. Mais qui donc est ce vengeur masqué qui a fait gagner les Cavaliers dans les matchs 4, 5 (avec James) et 6 ? Sans doute le fils caché de Mel, tant il fit preuve d’un «Braveheart» dans le money time de cette série irrespirable. Un shooteur diabolique, sorti de sa boîte au moment où on ne l’attendait pas pour rendre une copie immaculée, samedi dernier : 31 points (record en carrière) dont 5/5 à trois points ! Du haut de son maître 1,88 m, Gibson peut aisément mener le jeu mais semble plus à l’aise au poste 2 où ses qualités de «dégaineur» pur et dur en font un joueur racé et dangereux. Voilà un jeune plein d’espoir et de fougue qui peut amener un peu de sang frais dans les instants où la balle semble peser des tonnes et où les rencontres se dessinent. Limité à 16 minutes de moyenne par match et 4,6 pts pendant la saison, il est désormais nommé sur le site de la NBA pour être un possible MVP des finales ! Jacques Monclar parle lui d’un cadeau tombé du ciel : «les Cavs se cherche un meneur depuis longtemps, Damon Jones (trop shooteur), Eric Snow (en bout de course) n’ayant pas fait l’affaire, ce petit bonhomme de Gibson au shoot très pur, doté d’une bonne passe et d’un bon coup d’oeil, a tout pour faire bingo».

Daniel Gibson «a tout pour faire bingo»

 Mais au Texas, le trot des Cavaliers risque de tourner au rodéo. Malgré trois défaites sur leurs quatre derniers affrontements, San Antonio semble conserver une marge de manœuvre relativement grande sur son jeune et fougueux rival de l’Est. Outre le fait que ladite conférence est nettement moins dense que le basket pratiqué dans le seul Texas (où trois équipes ont quasiment le niveau de ces finales), les Spurs disposent d’une expérience sans commune mesure de ces échéances. Ils disputent leur quatrième finale en neuf ans et ont ajouté une dose de vice à leur CV, trop propre jusque-là. Bruce Bowen, le pitbull local, attend Lebron la bave aux lèvres et ne lâchera pas sa proie avant d’avoir le trophée dans les mains.
Robert Horry a aiguisé ses coudes et se prépare pour le panier qui tue, comme d’hab’. Gino et Duncan sont des monolithes imperturbables. Et Tony Parker a plus que jamais le démarrage meurtrier. Selon Scottie Pippen, il est même LA clef de cette série finale. Après Iverson, Nash et un grand Deron Williams, TP sort la tête haute des Playoffs les plus durs de sa carrière. Il y aligne des stats de All-Star : 20 points et 6,8 passes. La classe américaine. Alors, qui pour arrêter ses pénétrations éclair à Cleveland ? Pas grand monde, semble-t-il.
Voilà donc Mister James face à un problème au moins aussi énorme que son talent. Est-il capable de battre aussi ces Spurs-là pour devenir enfin l’étoile filante annoncée depuis trois saisons ? En novembre il avait rentabilisé son dernier voyage à San Antonio avec 36 points et un dunk «poster géant» sur la tête de Duncan -déjà collector-. Alors bon, comme tout semble possible avec ce phénomène… Première réponse du numéro 23 à ne pas manquer dès demain.

Écrit par Etienne Ducroc