Qu’aurait été le Bol d’Or sans la Grosgros mobile ?…

Le Bol, c’est une course de championnat du monde, avec toute la pression et la médiatisation qui vont avec, avec l’exploit humain que représente cette course, mais c’est aussi la grande famille du paddock, avec ses insolites et ses personnages. Voici un petit récit sur Grosgros, champion suisse Promosport en 2004.

Cette édition 2007 a été épargnée par la pluie, et c’est tant mieux. Néanmoins, il fait froid la nuit et ma petite Honda Jazz, même si elle est super pour me permettre de garder mon permis (elle dépasse difficilement le 140…), n’est pas très confortable pour dormir. Avec tout le matos que j’avais sur place, l’option de la tente était à éviter car je me serais tout fait piquer. La question se posait donc de savoir où j’allais dormir. C’était sans compter sur la générosité de Pascal Grosjean.Avant mon départ pour le Bol, il m’envoie un SMS pour me dire : «tu peux sans problème dormir dans mon bus, t’as qu’à m’appeler quand tu es devant, tu ne peux pas le rater, il est mythique». L’info avait au moins le mérite d’être vague, mais connaissant le personnage, je n’ai pas pu éviter de me faire les 400 bornes du voyage avec les sourcils froncés, en me demandant ce qu’il voulait dire par mythique… Je m’imaginais déjà un truc rempli de strip-teaseuses pour être franc !
J’arrive donc sur place vers 19 heures le jeudi, entre dans le paddock et l’appelle. Il vient me chercher vers «l’hospitality» de son team, le Raffin Motos, et m’emmène vers son bolide pour que je puisse y déposer mes affaires, avec des petits ricanements engendrés par sa grande excitation en essayant d’imaginer ma tête quand je le verrai… Et là en effet, j’ai failli verser ! Le truc est effectivement mythique…

La mythique Grosgros mobile…

C’est tout petit, mais bourré d’innovations techniques «home-made» qui font qu’on ne s’est jamais retrouvé à l’étroit. Imaginez, en regardant cette photo qu’on était quatre à dormir dedans : le pilote, sa mère, son frère et moi ! Et c’est comme tout (ou presque…) : plus c’est petit, plus c’est joli, et plus on s’y attache. On lui a donc donné le surnom affectif de Grogros mobile.
Voir un tel engin au beau milieu des semi-remorques des teams officiels prouve aussi que la prise de tête n’a pas sa place dans ce milieu. Les pilotes sont là pour gagner c’est sûr, mais surtout pour se faire plaisir. Cette notion qui s’est déjà perdue dans bien des sports. Et un autre épisode de ce week-end ne fait que confirmer la chose : le vendredi soir, on va vite se boire un petit verre avec Grosgros, sa mère, son frère et quelques membres du team. De fil en aiguille (juste pour mémoire, à 15h le samedi, la course partait pour 24 heures), on décide d’aller en boîte. La maman du pilote a bien essayé de le raisonner mais rien à faire : comme tout champion, l’homme est têtu. On est donc allé en boîte, histoire de voir que Grosgros avait raison de faire de la moto et pas de la danse (il m’en voudra pas, j’espère) et deux bouteilles de vodka plus tard, on rentre, à une heure que je refuse de donner, pour ne pas me prendre un carton rouge de mon rédacteur en chef. Une belle soirée, et le samedi matin, je n’aurai pas trop voulu être pilote. Mais Grosgros lui a assumé parfaitement. Des bons chronos, pas de chute, et lors de l’abandon sur casse moteur le dimanche à 3 heures du terme, il avait l’air frais et partant pour 24 heures supplémentaires.

Le Raffin Motos, le team de Pascal Grosjean

C’est ça un paddock moto (attention, en GP, c’est bien plus jet-set) : des monsieur et madames tout-le-monde avec un don en plus, sans prise de tête, disponibles et sympas, malgré la pression et la concurrence qui font rage. Pour la petite histoire, Grosgros et son team ont gagné le mois passé les 24 heures d’Oschersleben dans leur catégorie et il m’a avoué être rentré assez tard aussi la nuit qui précédait la course. Je connais peu de vainqueurs d’une manche de championnat du monde qui se prennent aussi peu au sérieux.

Écrit par Sébastien Junod