Une petite guéguerre en Russie

Ah la Russie, ses charmes ! Je te laisse les énumérer pour moi, je l’ai déjà fait à plusieurs reprises dans de précédents articles. Toutefois il en est un qui reste encore méconnu du grand public : le bon vieux para-militaire russe qu’on envoie en Tchétchénie ou en Abkhazie faire du service d’ordre et un peu de circulation.

Quel bonheur ce fut de se prendre pour un de ses malabars durant toute une journée «paintball» entre potes ! Tu ne pensais quand même pas, cher lecteur, que j’allais m’amuser à prendre mon appareil photo et faire un tour à Groznyï pour en interviewer un pendant qu’il met un PV à une petite vieille ayant traversé en dehors des clous !Rendez-vous est donc pris avec une bande de potes pour une partie de paintball. Première mauvaise nouvelle, le rendez-vous a lieu à 13h. Rien de méchant en cela, si ce n’est que la station se trouve quasiment en bout de ligne du métro moscovite. Ça ne te dit peut-être rien mais c’est quasiment un Lausanne – Genève en train ! A la différence près qu’on reste dans la même ville…
Les gueules de bois sont rassemblées, nous voilà arrivés à l’entrée du club de paintball. On rentre d’emblée dans le bain en lisant le nom du site : «Site d’entraînement des jeunesses patriotes». Cela ne sonne même pas faux ici… Le temps de prendre nos repères, et nous voilà déguisés en militaires prêts à être envoyés au front ! Tenue camouflage, masque à gaz (bon en vrai c’est juste un masque commun, comme pour le ski, mais ça fait moins cool à écrire dans l’article…) et fusil de rigueur. Terrible, on a l’air terrible ! En même temps je pense que l’on fait bien rire les habitués de l’endroit… Imagine juste 14 expatriés, dont le plus costaud pourrait combattre en poids plume au grand max, débarquer au milieu du site d’entraînement des para-militaires… On se serait cru sur le tournage d’un Police Academy !

Bon, un petit rappel des règles s’impose. Notre sergent chef instructeur nous les explique calmement. Nous, on est moins calmes quand il commence à nous parler de bleus sur la peau le lendemain, ou encore de ce qui pourrait arriver si on enlève nos masques sur le lieu du combat. Je ne te fais pas un dessin, je pense que tu as compris…
Concernant les règles à proprement parler, c’est très simple. Deux équipes face-à-face, la première à avoir perdu tous ses membres au combat est déclarée perdante. Tu es considéré comme «mort» si une balle de peinture te touche le corps (et au passage te laisse un joli souvenir sur la peau), avant-bras et tibia exceptés. A part ça ? Pas de règles !
La première partie commence, après moult stratégies égrainées durant la préparation, tu te rends juste compte que tu ne penses qu’à une chose une fois dans l’arène, ne pas te faire tirer dessus !
«Eric, tu es où ?»
«A couvert sur ta gauche»
«Mais je ne te vois pas ?!»
«Ben c’est le principe de se mettre à couvert !!»
Voilà à peu près notre niveau…

Apres tout va très vite, un frère d’arme tombe, un suppôt de Satan le suit. Les balles te passent rapidement sous le nez, premier réflexe, planque toi ! Et à ce moment là tu entends un «Eric, couvre moi, je vais me mettre à couvert derrière le tank !» Le temps que tu comprennes ce que ça veut dire, tu le vois courir au milieu du terrain et se faire allumer par des adversaires peu enclins à lui pardonner son erreur.
«Comment ça c’était mon erreur ? J’aurais dû te couvrir ? Mais je sais même pas ce que ça veut dire !» Ah j’ai oublié de te dire, le terrain, top ! Des carcasses d’hélicos, des tanks en ruine, des pneus et même un avion : on se serait cru sur un champ de bataille. Bon, en même temps je n’ai jamais vu de champ de bataille de ma vie, à part peut-être dans les jeux vidéos…
Fin de partie, tout le monde est très content, on se raconte comment on a tué qui, où l’on était pendant que l’un de nos potes se faisait canarder. Mais un constat est partagé par tous : ça ne doit pas être drôle en vrai ! Sueur froide. Profitons du fait que nous soyons une génération dorée (pour l’instant) !

Après 4 heures de guerre durant lesquelles on est tous tués 3 fois, on commence à sentir un peu la fatigue. On se met donc à observer un peu les autres groupes venus batifoler. Re-sueur froide. Des Russes en mal de guerre, armés jusqu’aux dents et avec des tronches qui ne te font pas envie de les avoir en face de toi. A coté d’eux même nos fiers grenadiers de montagne ressemblent plus à Heidi qu’à Rambo…
Et ce qui devait arriva, bataille rangée. 10 Russes poursuivent un mec et se mettent à le massacrer à coups de pied et de poing ! Le sang gicle et à mon avis quelques dents aussi… Des fous je te dis, des fous ! Mon pauvre background d’adolescent helvète ne m’avait pas habituer à ça ! Et bien sûr, pas la peine de te dire que t’as pas du tout envie d’essayer de les séparer… Et le plus comique dans tout ça, c’est qu’une fois que nos catcheurs eussent fini de démonter leur victime, les voilà repartis sur le champ de bataille pour une nouvelle partie, comme si de rien n’était !
«Vous n’appelez pas les flics ?»
«Bah on n’a pas envie de se compliquer la vie»
«Normal…»
Du coup à la vue de toute cette violence gratuite, on se sent un peu les jambes coupées. Fin de la partie. Direction un petit resto ! C’est pas tout mais je me suis fait tuer 4 fois aujourd’hui, ça ouvre l’appétit !

Écrit par Eric Laurent

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5 Commentaires

  1. Genial larticle! Tu as oublie une seule regle… tu nas pas le droit de tirer a moins de 5m de ladversaire. Evidemment, il fallait que la premiere fois (dderniere aussi)que jy joue, un con ma tirer dessu quand je sortais (plus de cartouche. il etait a 3m de moi. je vs laisse imaginer le bleu.. 1 an apres, jai encore une petite marque!!

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