Martina Hingis, dix ans après

C’était dans l’air et la nouvelle a été confirmée la semaine passée. Martina Hingis met prématurément un terme à sa saison à cause d’une blessure récurrente à la hanche. A priori, il n’y a pas de quoi s’affoler. Pourtant, la Suissesse peine à retrouver la forme qui avait fait d’elle l’une des stars du circuit l’année passée. Petit bilan…

Il y a dix ans, Martina Hingis accédait au trône mondial. Elle avait alors un peu plus de 16 ans. Une éternité, surtout en sport. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts et la «Princesse de Trübbach» a pris de la bouteille, principalement en bien. Fierté absolue de sa coach de mère, Mélanie Molitor, Martina avait très vite adopté le dicton «veni, vidi, vici». Elle ne se contentait pas d’infliger des défaites mortifiantes à ses adversaires, elle portait en plus le coup de grâce dans les vestiaires ou en conférence de presse. Après avoir insulté la quasi-totalité du Top Ten et après s’être fait les pires ennemies, elle a été petit à petit dépassée par le nouveau jeu en puissance des soeurs Williams et autre Lindsay Davenport. Blessée au plus profond de son orgueil, Martina lâchait prise.

En ce qui concerne le tennis justement, Martina a pourtant vécu de beaux moments. En 1997 précisément, année où elle rate le Grand Chelem à un match près. Puis les deux années suivantes, où elle s’impose à l’Open d’Australie. Mais bizarrement, on se souvient aussi (et surtout) de sa finale à Roland Garros, perdue face à la préretraitée Steffi Graff. On se souvient aussi de sa finale à l’Open d’Australie en 2001, perdue pour la deuxième année consécutive face au bulldozer Jennifer Capriati. Ou de la finale des Masters face à Seles, où malgré les coups de marteau et les vagissements de cette dernière, Martina l’avait finalement emporté. Je me souviens en tout cas avoir autant transpiré sur mon canapé que Martina sur le court !
Côté vie privée, ce fut silence radio les premières années. Il faut dire qu’affublée de ses bagues dentaires, Martina n’avait pas la cote auprès de ces messieurs. Après avoir acheté plusieurs propriétés en Suisse comme aux Etats-Unis, après l’étalage médiatique de son procès contre Sergio Tacchini et après avoir gagné plusieurs voitures de sport, Martina conquit enfin le coeur des hommes ! Impossible à les citer, il y en a eu tellement… Le dernier en date se prénomme évidemment Radek Stepanek, bourreau de l’équipe suisse de Coupe Davis, qui, blessé dans son amour, avait à coeur de fesser la petite Suisse (à défaut de la petite Suissesse…).

Après une pause de trois ans, durant laquelle Martina fit équipe avec Zug, elle fait un retour fracassant sur le circuit WTA. Avant de reprendre la compétition, elle a évidemment beaucoup travaillé physiquement, elle a dérouillé et amélioré son tennis à l’insu du monde et des journalistes, elle s’est enfin séparée de sa mère et surtout, elle a abandonné avec bonheur son orgueil légendaire de petite fille gâtée. Talentueuse, modeste, souriante, la Martina nouvelle étonne d’aisance et de plaisir. Elle fait la une des journaux et les directeurs de tournoi se l’arrachent. Elle remporte trois tournois, dispute trois quarts de finale en Grand Chelem et atteint la sixième place mondiale. Tout cela tend inévitablement à faire oublier la championne, bien que controversée, qu’elle fut dans son autre vie.
Malheureusement pour elle, l’intensité psychologique et physique du circuit se fait ressentir. Après un bon début en 2007, elle retrouve la récurrence des problèmes de dos et marque le pas. Et pour une fois, grâce à toutes les qualités dont elle a fait preuve pour revenir, faisant fi des mauvaises langues, on a envie de la plaindre. Elle avait démontré à qui en doutait qu’elle avait encore sa place parmi les meilleures joueuses du monde. Pari tenu, pour le plus grand bonheur des amateurs de tennis que nous sommes ! Car il faut bien le dire, Martina, c’est la classe. Rien à voir avec les Williams, rien à voir avec le «jeu» insipide des joueuses de l’Est. Seules Henin (et Mauresmo dans un bon jour) peuvent prétendre rivaliser avec la finesse et la subtilité de Martina.
En espérant qu’elle puisse se débarrasser de ses problèmes et en espérant surtout qu’il s’agisse bien de mettre un terme à sa saison et non pas à sa carrière, nous lui souhaitons un prompt rétablissement, car elle nous donne toujours autant de matière à rire, à pleurer, à se moquer et surtout, autant de matière à écrire ! Eh oui, malgré ses défauts, on l’aime, notre Martina !

Écrit par Jérôme Nicole

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3 Commentaires

  1. Excellent article!! Je suis entièrement daccord avec tes arguments.. Hingis est une joueuse dexception, un vrai talent du tennis et non une machine à muscle qui gagne ses match avec 60 fautes directs (nest-ce pas les Williams, Sharapova, etc…)!!

  2. Bravo pour cet article résumant parfaitement la carrière de la petite Hingis. Certes, elle a pu être parfois irritante en début de carrière par certains caprices denfant gâtée. Certes, son partenariat publicitaire avec Zug nest pas du plus bel effet. Mais il ne fait aucun doute quen talent pur, elle na pas dégal dans le tennis actuel. Il est bien dommage que cela ne suffise plus. Le tennis féminin devient effectivement une bataille de supermusclée hurlante peut intéressant. A lexception bien entendu de Justine Henin.

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