Les bleus sont marqués

Un dimanche de plus, où à la place de suivre le gratin du football genevois en Challenge League s’enliser, je me persuade de vagabonder au stade municipal de Versoix pour enfin y apprécier une somptueuse rencontre de 2ème ligue opposant mes Versoisiens aux Transalpins du CS Italien. Ne soyez pas jaloux, car là aussi, nous ignorons l’assaisonnement pour un jour du Seigneur piquant et une reprise de semaine en douceur. Nos enfants nous béniraient, pour une messe avec un prêtre plus excitant que n’importe quelles affiches ignominieuses sur les terres calvinistes.

Du soleil, une quarantaine de péquenauds ayant réalisé les 300 mètres hebdomadaires  nécessaires pour passer du PMU au stade pour venir siffler les derniers litres de rosé suret de la semaine, voici le décor dans lequel nous affectionnons crapahuter depuis  deux années ma privilégiée et moi. L’atmosphère y est ravissante, et le foot reste un excellent prétexte pour conclure la semaine en splendeur. Mais entre temps, il faudra subir la gaucherie d’une équipe, qui ne sait plus capter l’attention de ses supporters, ou au mieux s’embastiller à la buvette pour voir Stan ramer devant Kukushkin. Quel atroce sort qui nous ait réservé,  nous opterons tout de même pour la solution initiale. Une erreur ? Sûrement pas, car voir onze gugusses s’exécuter tout seul et comme des grands, procure un divertissement jubilatoire et palpable sur les visages rongés de nos chers pochards. Sadiques que nous sommes, le show de nos comiques peut enfin débuter. Les Italiens n’ont même pas besoin de faire du cinéma tant les bleus leur piquent la vedette, la première période ne peut pas s’étaler sur plus de trois lignes : zéro tir cadré car zéro action, 47 minutes reclus dans sa moitié de terrain. Le gardien Rocha est celui qui a le plus touché le cuir et préserve les siens. Le goal ne veut même plus lâcher le ballon de ses gants, et ceci se comprend, pour en faire quoi ? Autant le donner aux attaquants adverses ou jongler tout seul dans sa surface. Mais Rocha n’est pas un clown, et voudrait que ce cirque s’arrête là, mais il reste bien esseulé dans cette optique. Mis à part le coach Terrier, qui creuse un peu plus la tombe de son équipe, alors qu’il a repris les rênes du club depuis cet hiver et transpire la hargne de vaincre. Impossible de transmettre cette dernière à ses joueurs, ces hommes-là méritent pour la majeure partie d’évoluer en cuisine pour couper les citrons du thé à distribuer aux mi-temps des matchs de junior.

La seconde partie du spectacle reprend, et nos poivrots s’empressent de regagner les abords de la scène biberons en main. Entre deux morses de notre épongeux sandwichs au jambon, un sursaut d’orgueil de notre équipe m’en fait étouffer l’horreur que j’ingurgitais. Menga se retrouve (on ne sait comment) balle au pied devant le gardien chauve italien, mais ne cadre pas son tir à 10 mètres des cages. Maintenant l’histoire qui arrive est à vomir, car sur le contre suivant CS Italien ruine les sveltes projets de match nul des bleus (0-1). La messe est dite, car avec l’attaque la plus amputée du championnat, difficile d’atteindre l’objectif des un but tous les 10 matchs (sachant que nous avons marqués il y a 5 journées de cela, soyons patients). Puis comme à son habitude, Versoix soigne les statistiques de ses adversaires en encaissant deux goals  dans les dix dernières minutes d’un match qui n’en a jamais été un. Score final 0-3.
Quand tu niches dans une ville de plus de 13’000 habitants, on y attend quand même un club de foot à la hauteur. La 2ème  ligue c’est tout ce que nous offre la cité dortoir de Versoix, un club qui canote dans les bas-fonds de l’amateurisme genevois. Les bleus disposent d’un bilan sensationnel depuis la reprise du championnat : deux goals pour neuf encaissés et cela sur 5 matchs. Les gars vivent un véritable calvaire et leur destinée aspire à de la désolation. Ce résultat conforte leur rôle d’avant-dernier, et l’objectif n’est même pas atteint. Pour devenir lanterne rouge, cela exige un engouement à l’entraînement et les jours de match abyssal. La descente est proche quand même, alors le club se décidera-t-il enfin d’inscrire son équipe féminine sur les feuilles de match ? Car ces mecs-là manquent cruellement de rage. Nous, leurs supporters, en avons tous marre. Agissez !!!

FC Versoix – CS Italien Genève 0-3 (0-0)

Stade municipal de Versoix, 60 spectateurs.
Buts : 47e Huguein 0-1, 83e Ul Haq 0-2, 90e Fula 0-3.
FC Versoix : Rocha, Noël, Mottier, Seramondi (83e Pacheco), Atila, Buchs (57e Racchumik) ; Bagatarhan, Turner, Aziz Sbaï, Menga, Alvez Sampaio (76e Delic).
CS Italien : Dewarrat, Nascimento, Huguein, Kisunda, Rosset, Fula Tungi, Los Santos (67e Dajakaj) ; Antonilli, Hess (60e Nunes) ; Esteves (76e Haq).
Carton jaunes : 52e Kisunda, 66e Bagatharan, 69e Fula, 88e Antonilli, 89e Dajakaj.

Écrit par Julien Payot

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