LHC : quand les espérances précèdent la déliquescence

Malley, dimanche 16 mars 2008. Devant une assistance médusée, le LHC vient de perdre de manière fort prévisible sa 4ème rencontre de suite face à des Chaux-de-Fonniers survoltés et frénétiques. Lausanne est abruptement éliminé. Dans un sentiment où se mêlent la honte, la colère, la déception ainsi que d’un soupçon de compassion envers ces jeunes Lions aux yeux rougis, tentons de comprendre les raisons de ce cuisant échec aux allures de déjà-vu.

Ensemble, tout est possible. Slogan parfaitement confirmé puisque le club lausannois entre dans l’histoire du hockey suisse en trouvant le moyen de perdre une série menée 3-0 tambour battant. Les raisons ne sont pas à chercher lors de ce 7ème match de la peur, mais bien au niveau des deux précédentes rencontres. Pour avoir pris les Abeilles de haut, pour avoir eu la certitude – même inconsciente – qu’elles ne pouvaient plus faire mal, les jeunes coqs du bord du Léman se sont ramassés un essaim fatal en pleine face. L’assaut ultime qu’ils auront cherché et trouvé. Hormis cette absence totale d’humilité, les Vaudois auront creusé leur propre tombe, avec l’aide complaisante de leur adversaire ressuscité, solidaire et doté d’un cœur énorme. S’il n’y a rien à redire au sujet d’un acte IV, magnifiquement bien maîtrisé par les Neuchâtelois, l’acte V s’est révélé scandaleux. D’une part car le LHC n’a simplement pas joué, d’autre part du fait du manque total de révolte une fois mené à la marque. Les Lausannois ont laissé tomber leur savonnette, ils se sont penchés en avant, ils ont attendu, puis ils ont dit merci. La série venait de tourner…

Lötscher se casse la figure. A l’image du LHC.

Le manque d’expérience est également responsable de cette déroute. N’étant pas encadré par des routiniers, le très jeune effectif lausannois s’est complètement dispersé au moment où il aurait fallu faire preuve de caractère. Lors de cette série, seul Tobler peut échapper à la fronde générale, excepté durant l’inqualifiable 1er tiers de l’acte VI. A force de croire que tout leur était dû, que les choses allaient évoluer positivement sans mettre la main à la pâte, leurs rêves de grandeur se sont évanouis dans les méandres de leur nature dithyrambique. Hormis un Lötscher que personne ne regrettera (excepté le boss du MAD), une remise en question fondamentale devra s’opérer, quitte à ce que cela se passe sous la forme d’un séjour prolongé dans l’antichambre de l’élite à laquelle ils sont promis. On peut y voir là un manque de professionnalisme certain. Si certains éléments ont failli à ce niveau, il conviendra d’alerter les responsables des différentes boîtes de nuit lausannoises afin qu’ils édictent des règles plus drastiques sur les critères d’entrée les veilles de match.
Au niveau des étrangers, le paradoxe est grand. L’introverti Himelfarb, se découvrant ponctuellement des talents rhétoriques pour le moins prolixes par voie de presse, avait clairement annoncé la couleur: Il fera tout ce qui est possible pour obtenir une promotion avec le LHC dans une naïveté touchante. Résultat : zéro but, deux assists. Exceptionnel. Il ne sera pas non plus regretté du côté de Malley, malgré un très gros potentiel, mais un style de jeu pas vraiment adapté à cette ligue.
Du côté de Pecker, l’esbroufe à l’état pur. Capable du meilleur comme du pire, mais surtout du pire lors des derniers matches. Injustement sifflé lors des précédentes sorties, car n’ayant commis aucun acte similaire à celui de Roy (il fallait bien un équivalent, les coups vicieux étant invariablement distribués des deux côtés), il s’est formidablement rattrapé à quelques encablures de la fin du match. Son agression sur Mano est une véritable honte. Lui qui fanfaronnait que le geste de Roy n’avait rien à voir avec le hockey, qu’en est-il de ce dernier, et qui plus est, sur un futur coéquipier ? C’est bien joli de faire le show devant la Section Ouest lorsque tout roule et de pavoiser sur Facebook, mais il faut aussi se montrer droit et humble en toute circonstance. Pecker doit encore beaucoup apprendre, en commençant par savoir perdre et savoir accepter la critique. Il est encore jeune. Espérons qu’il prendra de la bouteille à l’avenir.

 
Auteur d’une agression stupide et inutile sur Mano,
Pecker termine la saison de façon pathétique

En résumé, les étrangers du LHC n’ont pas été à la hauteur des espérances placées en eux lors de cette fin de série, contrairement à un Forget décisif quand il le fallait. Les étrangers sont-ils réellement responsables de cette élimination ? C’est en tout cas l’avis d’un Valeri Chiriaev hilare dans le car des joueurs. Ils suffisaient de les déstabiliser moralement. Opération réussie.
Mardi 18 mars 2008, la gueule de bois est bien présente. Malgré tout, après avoir pris le recul nécessaire, le bilan est positif. Le club n’a aucune dette, la professionnalisation de l’organisation lausannoise à tous les échelons et la structure dirigeante en place inspirent une confiance totale. Cela dit, le public lausannois en a marre d’attendre, marre de toutes ces déconfitures année après année. Difficile de lui faire avaler une fois de plus le concept de «patience», terme qui, malgré tout, doit être lexicalisé dans le vocabulaire du LHC.
Nous ne sommes ni managers, ni entraîneurs, ni directeurs technique. Juste des fans amoureux de ce club qui a toujours su se relever. Aussi, de manière inconsciente, des fans masochistes et un brin schizophréniques (qualificatifs ouvertement revendiqués et assumés pour les puristes). Un club qui souffre et souffrira encore longtemps de sa réputation qui occasionne encore bien des railleries hors de la torpeur de Malley, mais nous n’en avons cure. Si on l’aime, c’est aussi la résultante de son parcours alambiqué et – en guise de corollaire – des multiples blessures qu’on lui a administré. Par-dessus tout, si on l’aime, c’est de sa faute.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch 

Écrit par Mathieu Nicolet