Cette Juve-là n’est pas dopée !

Il fut un temps où le Stade de Genève recevait la Juve, la vraie, même si ce n’était qu’en match amical… C’est désormais son insipide homonyme zurichois YF Juventus qui a l’honneur de l’enceinte de la Praille.

Il est vrai que les deux formations zébrées évoluent désormais en deuxième division de leur pays respectif, mais ce n’est pas pour les mêmes raisons. Arborant fièrement le glorieux maillot de la lointaine cousine en même temps qu’une lanterne d’un rouge profond, les Italo-Zurichois poussent certes la ressemblance jusqu’à aligner, avec le Togolais Yao Senaya, un élément ayant disputé la dernière Coupe du Monde. Mais alors que l’une est leader de Série B, l’autre végète au fin fond du classement de Challenge League. On ne soupçonnera alors guère cette dernière d’acheter les arbitres, ni de se doper ! Pour des Servettiens en manque de réel objectif, le thème du jour était bien sûr le départ d’Esteban. A ce propos, il paraît que le prudentissime Paco Viñas était tellement content à la vue de tous les zéros sur le contrat de transfert, qu’il a même promis d’acheter une petite marmite de l’Escalade à l’équipe ! Bon, il va quand même attendre encore quelques jours pour qu’elle soit soldée, et il ne faut donc pas non plus penser qu’il va s’enflammer lors du mercato… Pourtant, il aurait tort de se priver d’engager un ou deux renforts pour ses lignes arrière, car même si le départ d’Esteban laissera un vide sans nom devant, c’est plutôt là que le bât risque de blesser au printemps… La preuve en a encore été faite cet après-midi, avec trois buts encaissés contre le cancre du championnat !
Après une entame des plus douces, la première menace du match survint par la grâce du crâne dégarni de Luca Ferricchio, dont la belle tête en direction de son propre but demanda une détente imprévue de Steiner. Mais à la 14ème minute, le capitaine zurichois plaçait cette fois-ci sa tête bien plus opportunément, pour concrétiser un centre ayant pris à revers une défense grenat mal remontée et comme souvent peu à son affaire.


Photo © Pascal Muller

Mais si les cerbères genevois ont souvent la tête ailleurs, Esteban l’a lui généralement au bon endroit. C’est ainsi qu’il égalisait quatre minutes plus tard sur un centre malicieux de Tréand. Et peu après, tout le monde crut que Servette allait déjà renverser la vapeur, lorsqu’un démarrage d’Esteban sur le flanc gauche aboutit à un véritable caviar pour Chedly. Celui-ci rata le but vide, et même le ballon… Ce ne fut toutefois que partie remise, car à la 28ème, Tréand conclut d’une jolie volée posée un magnifique travail préparatoire du vif Besseyre. Les zèbres zurichois semblaient confirmer alors leur réputation d’animal inoffensif, jusqu’à ce qu’une nouvelle inattention de la défense genevoise permette à Ferricchio d’opiner une seconde fois du chef pour égaliser sur balle arrêtée. Cette fragilité coupa momentanément les jambes des Genevois, et le match s’englua dans un faux-rythme qui arrangeait bien les visiteurs.
Retrouvés après le thé, les Grenats faillirent prendre à nouveau l’avantage sur une bonne remise de la tête de Besseyre pour Chedly. Mais une malencontreuse volonté de crochet gaspilla une nouvelle fois l’offrande, et ce n’est visiblement pas sur le brave Talel qu’il faudra compter pour marquer une fois que Julian ne sera plus là !
Le troupeau de zèbres commençait néanmoins franchement à se sentir pourchassé, et le pauvre Nicolas Huber (qui, vous serez très contents de l’apprendre, est donc un homonyme parfait de l’auteur de ces lignes…) et ses collègues défenseurs sentaient l’haleine grenat de plus en plus près de leur nuque (retourné de Tréand miraculeusement repoussé sur la ligne à la 54ème). Alors, comme dans tout documentaire animalier qui se respecte, les malheureux équidés se firent attraper par un assaillant, en l’occurrence Besseyre, qui conclut un joli une-deux avec Esteban. L’un d’eux (Coubageat) s’enfuit certes pour planter une dernière banderille à un agresseur qui croyait la peau du zèbre vendue, mais cela ne fit que retarder l’agonie du groupe noir et blanc. Le mot de la fin revenait en effet au maître Esteban qui, déséquilibré («rudoyé», comme dirait Yannick Paratte) dans les 16 mètres à la 80ème, se fit justice sur penalty. Ce dernier but en grenat laissa alors bientôt place aux adieux à l’enfant prodige, et aux questions sur les renforts destinés à compenser un tant soit peu ce départ… Bon vent Julian !


Photo © Pascal Muller

Servette – YF Juventus 4-3 (2-2)

Stade de Geneve : 2’433 spectateurs.
Arbitres : MM. Meier, Wicht, Romano.
Buts : 14e Ferricchio 0-1, 18e Esteban 1-1, 28e Tréand 2-1, 36e Ferricchio 2-2, 56e Besseyre 3-2, 77e Coubageat 3-3, 80e Esteban (penalty) 4-3

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