Zweite Liga : le baromètre

Alors que le championnat va atteindre son premier quart, c’est l’heure du premier bilan de la deuxième division allemande avec un grand favori au commandement, un inattendu dauphin et quelques grosses déceptions.

Hertha BSC Berlin (1er, 20 points)

Ce n’ est pas vraiment une surprise de retrouver le grand favori à la 1re place. Pourtant, le Hertha Berlin domine rarement ses adversaires de la tête et des épaules mais fait la différence grâce à un potentiel offensif considérable avec de nombreux joueurs capables d’ être décisifs et de marquer régulièrement (Ramos, Raffael, Friend, Domovchiyiski, Djuricin, Rukavytsya…). Toutefois, sans un but tardif de Ramos (88e, 0-1) samedi sur la pelouse du FSV Francfort, l’Alte Dame aurait perdu la tête du classement, ce qui montre bien que le chemin du Wiederaufstieg est encore long et parsemé d’embûches. On se demandait comment le public berlinois, réputé plutôt événementiel, suivrait son équipe en 2e division, la réponse est plus que positive : 41’175 spectateurs de moyenne, sans avoir encore joué ni derby ni ténor de la ligue !

SpVgg Greuther Fürth (2e, 19 points)

Mike Büskens est magique : l’Eurofighter 1997 avait déjà démontré ses compétences d’entraîneur lors des intérims qu’ il avait assurés sur le banc de Schalke 04 mais son nom n’était pas assez clinquant pour s’installer durablement à la tête des galactiques de Gelsenkirchen. Du coup, il fait le bonheur du Greuther Fürth depuis le début de cette année 2010. Alors qu’il semblait affaibli par le départ du buteur Allagui, parti faire les beaux jours de Mainz, Kleeblatt régale en ce début de saison avec un groupe aussi jeune qu’homogène qui développe un jeu extrêmement plaisant. On n’est pas certain que ça dure, les Franconiens ne sont pas surnommés «die Unaufsteigbaren» pour rien, mais comme même «die Unabsteigbaren» d’Aarau ont coulé, sait-on jamais…

MSV Duisburg (3e, 18 points)

Milan Sasic est vraiment capable de réussir des prouesses avec des moyens limités. En 2008, l’entraîneur croate avait miraculeusement sauvé Kaiserslautern d’une relégation en Dritte Liga qui semblait irrémédiable, il emmène désormais Duisburg sur le podium alors même que le club avait rajeuni son effectif et revu ses ambitions à la baisse. Mais le dilettantisme et l’irrégularité des deux dernières saisons ont fait place à un enthousiasme et une solidarité encourageants, emmenés par un improbable duo d’attaque composé du capitaine qui ne marque que du pied gauche Baljak et du longiligne Autrichien aux allures pataudes Maierhofer. Et du coup, les Zebras s’installent parmi les outsiders de cette 2. Liga.

FC Erzgebirge Aue (4e, 17 points)

Alors qu’il semblait promis à la lutte contre la relégation, le néo-promu est-allemand squatte le haut de tableau, c’est la sensation de ce début de saison. Ce n’est pas toujours très spectaculaire mais l’Erzgebirge est aussi difficile à manier que le nom du club l’est à prononcer. Quatre des cinq victoires obtenues jusque-là l’ont été sur le score de 1-0. À l’espagnole, aurais-je presque été tenté d’ajouter, mais non, les victoires d’Aue, elles, ne doivent rien aux arbitres.

Energie Cottbus (5e, 16 points)

Lors des trois saisons qu’il a passé en Bundesliga entre 2006 et 2009, Cottbus était l’équipe la plus rébarbative de la ligue ; elle est désormais la plus spectaculaire de la Zweite Liga et pas seulement à cause des gesticulations hystériques de l’entraîneur Wöllitz. L’équipe marque beaucoup de but, avec un trio improbable, le Danois Petersen, 7 buts lors des 5 premiers matchs, le Chinois Shao, dont les coups francs trouvent des trajectoires à rendre jaloux Roberto Carlos, et le Hollandais Reimerink, dont les déboulés sur l’aile droite cheveux au vent rappellent quelques heures glorieuses du football batave. Si la défense, trop perméable jusqu’ici, parvient à se mettre au diapason, alors un retour de l’Energie en Bundesliga n’a rien d’incongru.

Rot-Weiss Oberhausen (6e, 14 points)

Comme l’an dernier, Oberhausen a constitué la bonne surprise du début de saison. La cadence s’est un peu ralentie avec la blessure du buteur Moses Lamidi, qui avait réussi un début de championnat tonitruant (4 buts lors des 4 premiers matchs) mais, alors que le championnat n’en est même pas à son premier quart, le Rot-Weiss a déjà acquis près de la moitié des points nécessaires au maintien, l’objectif de la saison. C’est toujours ça de pris.

Munich 1860 (7e, 12 points)

Munich 1860 réussit son meilleur début de saison depuis des années et ce même si le transfert vedette de l’été, Savio Nsereko, n’a pour l’instant animé que la rubrique faits divers. Mais il a parfaitement été suppléé par le duo d’attaque composé du vétéran Lauth et du Serbe Rakic qui emmène dans son sillage une équipe jeune et prometteuse. Pour l’instant, les Löwen restent considérés comme un outsider mais qui sait où l’enthousiasme de la jeunesse et une dynamique positive pourraient les amener. Le retrait de deux points sur le tapis vert pour non respect des conditions d’octroi de la licence pourrait toutefois freiner ce bel élan.

Alemania Aachen (8e, 12 points)

Aachen a connu un début de championnat compliqué avec un effectif rajeuni. Mais avec le retour de blessure du buteur Auer et l’affirmation de l’espoir hongrois Stieber, cela va beaucoup mieux : l’Alemania a pris dix points lors des quatre derniers matchs, avec notamment un nul à l’Olympiastadion contre l’ogre Hertha Berlin. Il y aura sans doute quelques rechutes mais Aachen a incontestablement une équipe d’avenir.

FSV Francfort (9e, 12 points)

Malgré un effectif passablement remanié à l’entre-saison, le FSV Francfort a rapidement trouvé ses marques. L’apport d’éléments expérimentés a incontestablement permis de stabiliser la défense et, même si un contingent offensif un peu court ne tolérera pas le moindre relâchement, le maintien devrait être plus facile à obtenir que la saison dernière.

VfL Bochum (10e, 12 points)

La relégation a dû laisser des traces car Bochum n’assume pas vraiment son rôle de favori. Si le Nord-Coréen Chong Te Se a immédiatement fait parler la poudre, les autres renforts offensifs, comme Saglik ou Federico, restent bien en deçà de leurs capacités, alors que la défense, pourtant très expérimentée, se cherche encore. Toutefois, les neuf points inscrits lors des quatre derniers matchs laissent à penser que l’entraîneur Funkel commence à trouver des solutions et que Bochum reste un candidat sérieux à la promotion.

FC Augsburg (11e, 10 points)

L’ambitieux Augsburg a connu une entame de championnat tonitruante, avec dix points lors des quatre premiers matchs, qui semblaient annoncer une saison triomphale en tête du classement. Mais depuis, rien ne va plus, avec quatre défaites d’affilé : pourtant fortement renforcée cet été, la défense est retombée dans ses travers de la saison dernière, alors que l’attaque est toujours aussi dépendante du rendement du buteur Michael Thurk. L’entraîneur Luhukay est plus menacé que jamais et, si une réaction n’intervient pas immédiatement, le train de la promotion partira sans les Bavarois, qui semblaient pourtant s’être donné les moyens d’atteindre cette ascension qu’ils avaient ratée de justesse au printemps dernier.

Karlsruher SC (12e, 8 points)

L’hémorragie subie l’été dernier en défense a forcément fragilisé l’arrière-garde du KSC. Cela a certes permis aux Badener de participer au match le plus spectaculaire de ce début de championnat (5-5 à Cottbus, en ayant passé de 2-0 à 2-5…) mais cela ne fait pas avancer au classement. Toujours miné par des problèmes financiers et des querelles intestines, Karlsruhe n’est vraiment pas à l’ abri d’une mauvaise surprise dans un climat de plus en délétère et avec des supporters de plus en plus désenchantés.

SC Paderborn (13e, 7 points)

Comme prévu, Paderborn va avoir de la peine à confirmer sa 5e place de la saison dernière et va devoir batailler pour son maintien. L’Albanais Kapllani n’a pas fait oublier le buteur Saglik. Le doublé récemment réussi lors de la victoire dans le derby contre Bielefeld est un encouragement mais les carences offensives du SCP laissent quand même entrevoir une saison compliquée.

VfL Osnabrück (14e, 7 points)

Le champion de Dritte Liga n’aura pas vraiment profité de l’euphorie de la promotion pour décoller au classement. Pourtant, les intentions sont louables et la jouerie pas inintéressante mais Osnabrück reste beaucoup trop naïf et trop fébrile en défense. À corriger rapidement, sous peine de faire une nouvelle fois l’ascenseur.

FC Union Berlin (15e, 6 points)

Union Berlin a peut-être un peu trop focalisé son début de championnat sur le derby contre le Hertha de la 4e journée. Certes, Eisern Union a réussi un match magnifique dans son mythique stade de l’Alte Forsterei contre son grand voisin et aurait mérité mieux que le point du match nul (1-1) mais il est temps de tourner la page. Car pour le reste, les Köpenicker n’ont pas réussi grand-chose de bien dans ce championnat, avec notamment un trio offensif Mattuschka-Mosquera-Benyamina bien loin de son rendement de l’an dernier. À corriger rapidement, sinon la situation pourrait vite devenir précaire.

Fortuna Düsseldorf (16e, 6 points)

On pensait bien que le départ de toute la ligne d’attaque allait affaiblir le Fortuna mais de là à passer du 4e au 18e rang, avec six défaites d’affilé pour débuter la saison… Le phénomène est connu : quelques départs importants, l’ euphorie qui estompe, un peu de poisse, un calendrier difficile et tout s’écroule. Rendons grâce aux dirigeants qui ont conservé leur confiance à l’entraîneur Norbert Meier et surtout aux supporters qui, après une défaite mortifiante à domicile contre Bochum (0-1) qui laissait leur équipe dernière du classement avec six matchs/zéro point, ont réservé une… ovation à leurs joueurs, estimant que ceux-ci avaient tout donné et n’avaient juste pas eu de chance. On n’a pas partout la même culture du foot. Cette patience a été récompensée puisque les Flingeraner viennent d’aligner deux victoires et devraient gentiment remonter au classement.

FC Ingolstadt 04 (17e, 4 points)

Malgré les moyens investis par Audi, le néo-promu Ingolstadt ne décolle pas. La déception vient surtout d’un secteur défensif composé essentiellement d’anciens joueurs de Bundesliga, comme Kirschstein (ex-Hambourg), Matip (ex-Cologne) ou Görlitz (ex-Bayern), mais qui prend l’eau de toute part. Même si les derniers matchs ont montré un léger mieux, si Audi ne remet pas la main au porte-monnaie durant la trêve hivernale, les Schanzer risquent fort de ne réaliser qu’un aller et retour éclair en Zweite Liga.

Arminia Bielefeld (18e, 3 points)

En difficulté financièrement, Bielefeld ne peut se consoler avec les résultats du terrain. Les blessures s’accumulent, la défense est un vaste chantier, le vétéran Oliver Neuville déçoit et n’est plus titulaire, et même le gardien Dennis Eilhoff, théoriquement le meilleur de la ligue à son poste, se met à commettre des bourdes… Lundi, les Blauen étaient menés 0-3 sur leur terrain par Duisburg après 15 minutes (1-3 au final), bonjour l’ambiance. Les motifs d’espoir sont rares et, dix-huit mois après avoir quitté la Bundesliga, Bielefeld est plus que jamais menacé d’une nouvelle relégation.

Écrit par Julien Mouquin

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