Made in Poland

Le Westfalenstadion a pris l’accent polonais samedi après-midi. Pas tellement parce qu’on a bu moult bières avec des fans venus de Katowice mais bien parce que Robert Lewandowski, avec trois buts et un assist, a été le grand artisan de la large victoire du Borussia Dortmund contre Augsburg.

Trois semaines après la défaite à domicile contre le Hertha Berlin et trois jours après le couac à Marseille, c’est un Borussia Dortmund en quête de rédemption qui se présentait au Westfalenstadion. Pour cette opération rachat, l’entraîneur Jürgen Klopp crée la surprise en laissant sur le banc trois des héros de la Meistersaison, Kagawa, Grosskreutz et Subotic, plus son capitaine Kehl.   

Mieux que Tasmania Berlin ?

A priori, l’adversaire semblait idéal pour se remettre en confiance : néo-promu, le FC Augsburg attend toujours le premier succès de son histoire en Bundesliga. Certains commentateurs se demandent même si les Bavarois feront mieux que le Tasmania Berlin, pire équipe de l’histoire de la Bundesliga, avec une seule saison jouée et terminée avec huit malheureux points en trente-quatre matchs. Avec déjà quatre unités au compteur, Augsburg devrait faire mieux que les Berlinois ; par contre, pour le maintien, ça s’annonce compliqué. L’effectif évoque plus une équipe de Zweite Liga qu’un pensionnaire de l’élite. Et comme le FCA n’a pas vraiment profité de l’euphorie de la promotion pour engranger des points, il risque fort de ne faire qu’un simple aller-retour express dans l’élite. 

La tournée électorale

Je ne suis pas candidat aux prochaines élections mais j’ai un peu l’impression d’être en tournée électorale en ce samedi ensoleillé, vu le nombre de gens qui m’abordent pour me parler de mes apparitions télévisuelles à Marseille : la réceptionniste de l’hôtel, les potes de l’apéro de 14h30, le stadier du bloc 85, les Polonais du Reihe 7, le videur de la discothèque et quelques quidams que je n’avais jamais rencontrés… Pour la discrétion, c’est raté. Tout le monde m’a reproché mon air morose, alors, promis, la prochaine fois j’essaierai de sourire mais bon, quand ton équipe est menée 3-0, ça n’incite pas à la franche hilarité. Heureusement, samedi, il n’y a pas eu besoin de se forcer pour sourire. Surtout que prêter un abonnement à un Polonais en lui demandant juste de payer la bière en échange, c’était un peu risqué et ça n’est pas pour engendrer la morosité. Accessoirement, cela me permet de constater qu’il y a encore plus ravagé que moi avec le Borussia Dortmund : depuis la Pologne jusqu’au Westfalenstadion, il y a davantage de kilomètres que depuis Echallens et le gars a été jusqu’à immatriculer sa voiture dans une ville en Pologne dont l’abréviation est DO, comme Dortmund, et s’est arrangé pour avoir le numéro de plaque minéralogique BVB 1909… Là, je suis jaloux.

La libération

Si le Borussia Dortmund prend d’emblée le match en mains, la première demi-heure n’est pas des plus rassurantes. Ce sont même les visiteurs qui se sont créés la première grosse occasion : quasiment infranchissable la saison dernière, la défense dortmundoise cumule les bourdes en ce moment. Cette fois, c’est une mésentente entre Hummels et Weidenfeller qui profite à Brinkmann mais Santana sauve sur sa ligne. Heureusement car une ouverture du score bavaroise aurait fait très mal à ce BVB convalescent. Le spectre d’assister à une première historique dont on se passerait bien, la première victoire d’Augsburg en Bundesliga, va s’éloigner en fin de première mi-temps, sur deux renvois hasardeux de la défense bavaroise. C’est tout d’abord Robert Lewandowski qui récupère un ballon cafouillé et ouvre le score d’un tir croisé après un relais chanceux avec son compatriote Jakub Blaszczykowski. Le buteur du BVB allait doubler la mise juste avant la pause après un renvoi plein axe de Sankoh. Le soulagement est patent dans les travées du Westfalenstadion.

La minute espagnole

Augsburg aurait pu se relancer en début de deuxième mi-temps mais Roman Weidenfeller détourne le penalty de Gibril Sankoh. C’en était fait des espoirs du néo-promu, malgré l’abattage à mi-terrain de Lorenzo Davids, dont le jeu rappelle beaucoup celui de son cousin Edgar, ce qui n’a pas manqué de susciter une petite once de nostalgie. Le BVB va dérouler en deuxième mi-temps, retrouvant un peu de sa spontanéité et de sa verticalité de la saison dernière. Sauf aux alentours de l’heure de jeu où les joueurs jaunes et noirs ont fait mine de vouloir jouer à l’espagnole, non pas en se roulant pas terre en larmoyant, mais en alignant quelques passes latérales alibis. Sauf qu’au Westfalenstadion, après la quatrième passe effectuée sans tenter d’aller vers l’avant, le public commence à siffler son équipe. Et du coup le BVB a dû repartir à l’offensive et ça s’est terminé par un tir de Götze détourné par le gardien Jentzsch. Des supporters qui ont acclamé leur équipe après la défaite 3-0 à Marseille mais la siffle alors qu’elle mène 2-0, c’est ça Dortmund et c’est aussi pour ça qu’on aime ce club. Et aussi parce qu’il s’agit probablement du seul club au monde qui, alors qu’il traverse une mauvaise passe, peut attirer plus de 80’000 fans contre un adversaire sans prestige et venu d’une contrée lointaine.

Lewandowski puissance trois

Les sifflets du temple jaune n’ont guère duré car le BVB a plutôt fait plaisir à ses fans samedi. Et a ajouté deux nouveaux buts : tout d’abord sur une belle ouverture de Robert Lewandowski pour Mario Götze qui a triplé la mise d’un lob raffiné, puis sur un centre de Mario Götze repris par la tête de Robert Lewandowski pour son premier triplé en Bundesliga. Depuis son arrivée dans la Ruhr à l’été 2010, le Polonais est barré par Lucas Barrios à son poste de prédilection d’attaquant de pointe. La blessure de l’Argentino-Paraguayen en ce début de saison lui donnait l’occasion de démontrer qu’il pouvait être plus qu’un joker, jusque-là il n’en avait pas vraiment profité. Et alors que La Pantera revient progressivement au jeu, ce match contre Augsburg constituait un peu la dernière chance pour l’ancien meilleur buteur du championnat de Pologne ; avec trois buts et un assist, il a su la saisir. Si la saison dernière, Jürgen Klopp n’avait guère d’interrogations au moment de composer son équipe, il n’a pas encore trouvé son équipe type dans ce nouveau championnat et de nombreuses questions restent ouvertes. Et, vu la relative modestie de l’adversaire, pas sûr que cette victoire contre Augsburg ait permis d’y répondre. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la bière d’après-match dans les Biergarten a une meilleure saveur après une victoire qu’après une défaite.

Borussia Dortmund – FC Augsburg 4-0 (2-0)

Signal Iduna Park, 80’720 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Rafati.
Buts : 30e Lewandowski (1-0), 44e Lewandowski (2-0), 75e Götze (3-0), 78e Lewandowski (4-0).
Dortmund : Weidenfeller; Piszczek, Hummels, Santana, Löwe; Bender, Gündogan (68e da Silva); Blaszczykowski (62e Barrios), Götze (79e Grosskreutz), Perisic; Lewandowski.
Augsburg : Jentzsch; Callsen-Bracker, Möhrle, Sankoh, de Jong (23e Werner); Hosogai (82e Reinhardt); Bellinghausen, Davids, Baier (71e Langkamp), Brinkmann; Mölders.
Cartons jaunes : 28e  Baier, 53e Bender,  72e Götze, 80e Hosogai,
Notes : Dortmund sans Koch, Bakalorz, Owomoyela, Zidan ni Schmelzer (blessés), Augsburg privé de Hain, Bah, Verhaegh, Ndjeng, Oehrl et Mayer (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. « Martine défonce Augsburg » – ça, c’est fait. Et je ne pense pas avoir été devin dans une vie antérieure…

    Y a-t-il du 2e degré dans cet article ? J’ai beaucoup ri, mais je ne suis pas sûr que c’était fait exprès par l’auteur…

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