Panache et stratégie

Le Lausanne-Sport a fait exprès de patiemment attendre (et il a fallu attendre longtemps…) Servette durant tout le deuxième tour, juste pour avoir l’insigne honneur d’infliger personnellement aux Grenat la première relégation sportive de leur histoire. Et devenir ainsi le seul club suisse à n’avoir jamais connu l’affront d’une descente sur le terrain. C’est ce qui s’appelle le panache, bravo les gars !

En ce moment, on se gausse souvent de la médiocrité du football romand, souvent à raison d’ailleurs. Néanmoins, il y a une statistique dont les Grecs de la Suisse pouvaient être fiers, c’est que les deux seuls clubs du pays à n’avoir jamais connu la relégation sur le terrain s’appell(ai)ent Servette et Lausanne. Ni Bâle ni GC ni YB ni même les Unabsteigbaren d’Aarau ne peuvent se targuer d’une telle longévité au plus haut niveau. Mais, depuis le début de la saison, le Servette de Hugh Quennec met un point d’honneur à attenter au record patiemment établi en 123 ans d’existence. Tranquillement installé en milieu de classement, le Lausanne-Sport aurait pu tranquillement regarder de haut les frontaliers sombrer à quatre ou cinq matchs de la fin dans l’anonymat après une défaite contre Thoune ou Zurich pour devenir seul détenteur du prestigieux record. Mais le LS a mis un point d’honneur à régler personnellement le compte de son rival lémanique. Comme celui-ci n’avançait pas très vite, les Lausannois ont dû faire du surplace durant tout le printemps pour laisser les Grenat croire au maintien en revenant à un petit point après une victoire offerte par le FC Sion. Le LS a alors porté juste l’accélération qu’il fallait contre Lucerne pour aborder le sprint final en position de force avec quatre points d’avance à deux matchs de la fin. Et ainsi finir le travail en reléguant de ses propres pieds les Genevois dans le derby. Niveau stratégie et panache, c’est très fort. Evidemment, c’est facile de parler ainsi pour moi qui n’ai pas vu beaucoup des matchs médiocres de ce deuxième tour dans le congélateur des Plaines-du-Loup et encore moins à l’extérieur ; celui qui s’est coltiné la longue succession de défaites lausannoises du printemps appréciera peut-être moins le génie de l’opération. Néanmoins, je pense que même les supporters lausannois les plus assidus conviendront que le plaisir d’assurer le maintien en infligeant au grand Servette la première vraie relégation de son histoire valait bien un deuxième tour raté et quelques sueurs froides. Pour la légende, pour l’histoire et pour le derby. 

Les Dieux étaient Lausannois !

Ce que je craignais le plus avant le match, ce n’était pas tant ce Servette moribond que la météo. La pluie était en effet annoncée sur la Pontaise pour ce mercredi soir fatidique et l’on sait qu’un temps humide a souvent été synonyme de grandes désillusions pour le Lausanne-Sport. Dès lors, quand j’ai quitté mon domicile une heure avant le coup d’envoi en emportant les lunettes à soleil plutôt que le parapluie, j’ai compris que finalement les choses n’étaient pas si mal emmanchées que cela. Et, sous le soleil de la Pontaise, les Dieux ont montré qu’ils avaient définitivement choisi leur camp lorsqu’un tir de Tréand s’est écrasé sous la latte avant de ressortir après 39 secondes de jeu. Pas sûr qu’un LS manifestement fébrile en début de match se serait remis d’une ouverture du score précoce. Mais ce sera finalement, avec un coup franc de De Azevedo qui a flirté avec la lucarne, la seule alerte de la soirée pour les Vaudois.

Et un, et deux, et trois zéro

Fidèle au joueur qu’il fut, Sébastien Fournier avait manifestement placé le sauvetage sous le signe de la provocation et de l’intimidation physique. La LS a eu l’intelligence d’y répondre par un froid réalisme : Jocelyn Roux, de la tête à la réception d’un centre de Sébastien Meoli, puis du pied après un centre de Chris Malonga fortuitement remis par Yannis Tafer, a ainsi inscrit son traditionnel doublé contre Servette. Le buteur genevois du LS est peut-être limité lorsqu’il s’agit de batailler avec peu de ballons contre des défenses style Bâle ou GC, en revanche il excelle au moment de concrétiser la domination lausannoise contre une défense niveau première ligue. Avec un peu de réussite, il aurait pu inscrire deux ou trois buts de plus, avec une reprise manquée de justesse, une volée détournée par Barroca et un lob raffiné juste au-dessus. Mais c’est finalement le revenant Sébastien Meoli qui va anéantir les dernières illusions tricolores en reprenant de la tête en corner de Yannis Tafer. 3-0 après trente et une minutes, mais ils sont où les Genevois ?

La LNB vous va si bien

Servette se montrera particulièrement mauvais perdant sur et hors du terrain. Vitkieviez et Rüfli se distinguent par ce qu’ils font de mieux, des gestes de frustration ; évidemment, on comprend leur énervement d’être relégués avec une telle armada d’internationaux, ça va être sympa le planter de drapeau grenat du côté de Wohlen ou Vaduz. En revanche, de réaction d’orgueil il n’y eut point. Pas de fond de jeu, pas d’envie, une succession de tentatives esseulées vouées à l’échec d’individualités sans talent, Servette n’a jamais donné l’impression de pouvoir faire renaître l’espoir et la deuxième mi-temps s’est apparentée à un long calvaire genevois avec des joueurs courant dans le vide après un ballon insaisissable sous les olé du chaudron de la Pontaise d’où le SFC sera reparti avec un score total de 8-1 dans les dents cette saison.
Les supporters genevois réussiront à être encore plus pathétiques que leur équipe avec jets de fumigènes, pétards et destruction de sièges. Même en Tribune Nord, quelques membres de la rédaction de ton site préféré (mais pas le soussigné) finiront aspergés de bières par des fans grenats frustrés qu’on leur vante les mérites touristiques d’un déplacement à Schaffhouse. Pourtant, c’est sympa les chutes du Rhin… Dernier du classement de la deuxième à la dernière journée, pire attaque et pire défense du championnat, Servette mérite de retrouver cette LNB qu’il n’aurait finalement jamais dû quitter. Car, franchement, monter pour déposer le bilan la première saison et être relégué la deuxième, était-ce bien nécessaire ?

Merci les gars !

Nonobstant le soulagement du maintien et la rivalité lémanique, on ne va pas non plus glorifier ce maintien lausannois qui aurait dû être validé depuis bien longtemps. Le LS n’a rien gagné ce 29 mai 2013, il a juste évité le pire mais rien de plus. On notera tout de même que, comme la saison passée, le LS va se maintenir alors que tous les pronostics le donnaient relégué en début de saison et qu’il a traversé quelques sales moments. Mais que, comme l’année passée, les Lausannois ont su faire les points nécessaires aux instants clés en sonnant le rappel des héros de l’épopée en Europa League et de la promotion de 2011. Favre a été impeccable sur les rares assauts grenats, Katz et Sonnerat ont été impériaux dans l’axe, Avanzini très remuant sur son côté, Meoli est impliqué sur deux buts, Marazzi s’est fait l’auteur d’un goal somptueux contre Lucerne et Roux, comme il y a douze mois contre Sion, a été décisif dans le match du maintien.
On espère que les dirigeants lausannois en tireront les leçons et éviteront de privilégier une nouvelle fois la quantité à la qualité au moment de se renforcer. C’est-à-dire d’éviter l’engagement de joueurs moyens juste pour gonfler un contingent pléthorique mais de cibler des éléments amenant une vraie plus-value à l’effectif. A l’instar de Gabri. Bien secondé par un Sanogo omniprésent, l’ancien Barcelonais a fait honneur à son brassard de capitaine en s’imposant comme le patron du jeu lausannois pour ce derby décisif, il a mérité l’ovation reçue à sa sortie du terrain. Tout comme celle reçue par toute l’équipe et le staff qui auront souvent déçu ce printemps mais qui auront eu le mérite de se reprendre lorsque les choses sont devenues sérieuses. Samedi dernier, lors d’une funeste soirée londonienne, je voulais plaquer tout ce qui touchait de près ou de loin au football (j’ai un témoin). Finalement, nonante-six heures, une victoire 3-2 à la dernière minute capitale pour le maintien en Seniors élite et surtout un maintien vaillamment conquis contre Servette plus tard, je suis déjà revenu à des meilleurs sentiments envers le sport roi. Merci les gars !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne-Sport – Servette FC 3-0 (3-0)

Pontaise, 9’000 spectateurs.
Arbitres : M. Hänni, assisté de MM. Helbling et Brosi.
Buts : 9e Roux (1-0), 26e Roux (2-0), 31e Meoli (3-0).
Lausanne : Favre; Chakhsi, Katz, Sonnerat, Meoli; Sanogo, Gabri (76e Martin); Malonga, Tafer (63e Tall), Avanzini (66e Marazzi); Roux.
Servette : Barroca; Ruefli, Kusunga, Schneider (28e Diallo), de Azevedo; Pasche, Kouassi; Kossoko (58e Eudis), Vitkieviez, Tréand (75e Routis); Karanovic.
Cartons jaunes : 11e Katz, 36e Favre et Vitkieviez, 63e Tréand, 65e  Pasche, 69e Diallo, 78e Ruefli et Martin.
Notes : Lausanne sans Guié-Guié (blessé), Servette sans Mfuyi et Moubandjé (suspendus) ni Lang (blessé).


CONCOURS DE PRONOSTICS :
Bravo Hugo, tu as brillamment gagné le concours !

Merci de contacter la rédac sur info@cartonrouge.ch afin de recevoir ton bon.

La rédac

Écrit par Julien Mouquin

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16 Commentaires

  1. Tiens, n’y avait-il pas jusque l’an dernier un barrage entre le 9è de la Super League et le 2è de la Challenge League ?

  2. Pour moi il n’y a pas de différence entre une relégation sur le terrain et financière. Si un club fait fallite c’est qu’il a vécu au dessus de ces moyens, si il avait respecté les règles comme les autres clubs il aurait peut-être justement été relégué sur le terrain car il aurait eu des joueurs moins coté… Même si je ne suis pas un fan de Servette je trouve plus glorieux de descendre de cette façon qu’à la façon Marc Roger, et le commentaire est valable pour toute autre équipe, dont Lausanne.

  3. Bravo à Lausanne qui, a défaut d’une saison réussie, aura au moins réussi à prouver qu’elle était capable d’éviter la relégation sans l’aide de Chagaev ni de CC.

    Attention tout de même pour l’année prochaine, Servette ne sera plus là pour les sauver…

  4. et ben voilà maintenant il ne reste plus que le Lausanne Sport pour représenter la suisse romande….xamax servette on n ‘en parle plus.. Sion joue la saison prochaine contre KNIE NOCK ET compagnie ALLEZ LAUSANNE MEILLEURS CLUB ROMAND 2014-2020

  5. Entraîneur, joueurs et surtout « supporters »: quelle triste équipe de Servette! Ils ne vont pas nous manquer.

    Belle réaction d’orgueil du LS en cette fin de saison. Maintenant, espérons que les dirigeants renouvelleront le contrat des Vaudois de l’équipe, ceux qui nous ont fait monter en Super League: ils ont l’amour du maillot, eux!

  6. Magnifique !

    La plus belle soirée de ma (jeune) vie à la Pontaise. Dieu merci je n’étais que devant la télé le 2 juin 1999. Etonné d’ailleurs de voir que l’article ne fait pas mention de la magnifique banderole de la section Grenat disant « comme un air de déjà vu 2 juin 1999 ».

    A notre grand désarroi de Lausannois, la banderole a mystérieusement disparu à la 30e minute de la 1re mi-temps… Rien que pour ça on peut être content de les renvoyer à leurs études.

    Autre source de satisfaction : la rage inconditionnelle des habitants de Genf dont les journalistes de la RTS sont bien évidemment inclus. Passons à travers les destructions de chaises dans la Pontaise (ce n’est plus étonnant) mais ce qui était le sommet de cette soirée c’est le traditionnel retour à la maison pour avoir les réactions à chaud de nos « médias » préférés… Ca tirait vraiment bien la gueule sur le plateau de la RTS outre Castella qui était neutre après avoir entraîné les 867 clubs romands dans toutes les divisions du foot suisse.

    C’est « triste » pour le foot romand oui. Mais après tout ce qu’on a vu cette soirée on ne peut que profiter d’infliger à notre ennemi de Haute-Savoie sa 1re relégation sportive. Et à ceux qui disent maintenant pour se chercher une excuse qu’une relégation sportive et administrative c’est la même chose vous êtes bien hypocrites mais avouez que vous auriez bien aimé vous targuer d’être le seul club « suisse » à ne pas avoir subi cela.

    On aurait très bien pu rajouter si vous voulez à votre palmarès le fait que Servette a également failli réaliser l’exploit d’être relégué 2 fois administrativement et moins de 2 ans après une promotion…

    Dommage pour les supporters honnêtes (parce qu’il y’en a quand même) mais Servette était en dessous du reste de la SL.

  7. Oui oui bravo, etc…

    N’empêche que faudra bien trouver quelque chose d’autre que Servette la saison prochaine pour que Lausanne ne soit pas relégué…

  8. Je déteste les almagames de Selav-e…

    Bravo au LS qui a largement mérité son maintien. Trouvez-vous maintenant un autre ennemi que Servette. Je déteste cette forme de haine exacerbèe dans les deux camps.

    Pour Servette, j’espère que ce sera l’occasion de repartir sur qqch de plus sain… même si j’ai peu d’espoir du côté des spectateurs. Fournier est un bon entraineur, c’est déjà ça.

    Quant à cette histoire de club sans relégation sportive, c’est totalement ridicule. A la rigueur, parler du palmarès d’un club, pourquoi pas: ca donne une idée de son histoire. Mais même: s’enorgueillir d’un passé glorieux, c’est la marque des has been, non? Au final, il n’y a que le hic et nunc qui compte. Cela devrait d’ailleurs être largement suffisant pour les fans de LS pour tacler les ultras genfois, non?

    Dernière réflexion: dans le fond, la place d’un club au sein de l’élite devrait être fonction de son public. Le Servette est donc à sa place en ligue B. Mais qu’apportent le LS et ses 12 spectateurs au foot suisse? Le championnat suisse est quand même désolant. Et que dire du foot romand? Dramatique.

  9. Viens petite fille dans mon comic strip
    Viens faire des bull’s, viens faire des wip!
    Des clips!Crap!Des Bangs! Des vlop! Et des Zip!
    Shebam! Pow! Blop! Wizz!

  10. Toujours marrant ceux qui critiquent le public du LS qui se coltine le stade le plus pourrave du foot suisse depuis des lustres.
    Et GC qui joue le titre devant 4000 spectateurs ils méritent la Super League?
    Et Sion avec le cirque CC et en jouant la relegation auraient-ils plus que 7-8000 de moyenne?
    Et Servette? Et Thoune? En gros à part Bâle, St-Gall, YB et Lucerne…

  11. @Delarge

    Tu devrais vraiment t’abstenir de parler de ce que tu ne connais apparemment absolument pas.

    Pour information GC c’est une moyenne de 8’847 spectateurs cette saison. Certes, c’est pas glorieux mais y a quand même une différence. Pour rappel, on joue dans le stade le plus pourri après la Pontaise même si il est récent, je t’invite à y venir voir ton club une fois (par exemple demain, au hasard…) pour t’en rendre compte. Et qui plus est, est le stade du rival de la ville qui est toujours boudé par une partie du public. Preuve en est, le monde que l’on draine en déplacement. Et on a jamais joué le titre, l’objectif était le maintient le plus vite possible cette année.

    Ensuite on trouve quand même les 6 premiers clubs de LNA avec + de 10’000 de moyenne, ça reste honnête, on est pas en Allemagne.

    Tu pleurs que les gens critiquent le public vaudois et tu méprises celui de Thun par exemple. Pour info c’est une moyenne quasi semblable à Lausanne ( http://www.sfl.ch/fr/desktopdefault.aspx/tabid-408/2273_read-11739/ ) mais avec un tout autre bassin de population que le grand Lausanne.

  12. Tu as tout à fait raison.

    De toute façon, même en CL Sion a plus de public que le LS. 9’000 personnes alors qu’il y avait un bon millier de Genevois, qu’il faisait beau et que le match ne passait pas à la TV, c’est franchement misérable.

    Merci encore Zibung, le King des flops, et à la défense Casperienne du bout du lac. Là il ne pouvait rien arriver à qui que ce soit. Même Locarno se serait sauvé dans ces conditions.

  13. « Dernière réflexion: dans le fond, la place d’un club au sein de l’élite devrait être fonction de son public.  »

    Désolé mais c’est un poil con comme réflexion. On le sait que le LS n’a pas le public le plus fervent de Suisse, il n’empêche qu’ils méritent largement leur place au sein de l’élite.

  14. Mais oui Jolevaudois fais moi la leçon t’es chou.

    Dernière journée de championnat un samedi soir:

    Servette – Lucerne , 2000 spectateurs
    GC – LS , 4000 spectateurs
    Sion – FCZ , 6000 spectateurs

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