Un bon foot – manqué par l’animateur RTS aveuglé par ses préjugés – un immense coup franc et un bon apéro avant Suisse-Brésil
Le match en deux mots
Serbie – Costa Rica : Le match des damnés, auxquels on ne s’est intéressé qu’une fois.
Quand ?
En 14 pour la Serbie, quand Gavrilo Princip a fait passer le goût du pain à l’archiduc Ferdinand Machin, engendrant une suite malheureuse d’événements et, grosso mediano, 18 millions de morts.
En 2016 pour le Costa Rica, quand son gardien au prénom de capote a gagné la ligue des champions avec la grande équipe modeste à maillot blanc.
Gavrilo Princip
N’empêche. Après un quart d’heure ça passe par le centre en trois passes, par les ailes, des passes, sept ou huit actions cadrées, on connaît pas les joueurs, on comprend pas ce qu’un bout de Yougoslavie et de Porto Rico font ici, mais ça danse la java sur le pré et ça fait plaisir.
Ensuite, bon, on a un moment passé à se renifler dans une ambiance de grand conseil genevois (considérant la taille des pays et le salaire moyen, y a pas des caisses de citoyens capables de voyager jusqu’en Samarie méridionale et de verser cent balles par tête à la platini connection, alors forcément ça vuvuzele pas tant) pis une fin de mi-temps tactique, plus calmos.
Derrière le délice de coup de pied de Kolarov et… remettez des chips et quatre binches, y a Suisse-Brésil !
L’homme du match
Le comité de rédaction du Robert des noms propres qui espère que la Serbie ne passe pas les poules pour ne pas avoir à inscrire Krstjajic – à qui il faut inventer des voyelles pour que son nom quitte la gorge – dans l’édition 2019.
La buse du match
« Renseignement pris dans l’avion avec les supporters hier, « los ticos » c’est la façon de nommer les habitants du Costa Rica, notamment à cause de la façon dont ils s’expriment ».
A ce niveau d’enquête, on est plus dans le grand reportage que dans le commentaire sportif.
Le tournant du match
La mi-temps. Rapport au fait que direct après, les équipes joueurs ont croisés leurs maillots. Ceux de gauche se sont retrouvés avec les t-shirts rouges, ceux de droite avec les blanc, ça m’a tout embrouillé.
Le geste technique du match
L’exquis coup franc de Kolarov à la 56ème minute.
Tu regardes, tu profites, tu admires et tu respires cette merveille. Éventuellement tu te demandes pourquoi si le bon dieu fait des jambes capables de ça, toi tu dois faire avec deux auxquelles il arrive d’avoir des crampes rien qu’en s’étirant au pieu.
Le geste pourri du match
Le champ lexical du spectateur qui s’ennuie, utilisé dès l’ouverture par le commentateur de la Dôle.
Un grand classique du commentaire RTS, dont l’animateur ne connaît ni les joueurs, ni les pays et qui est allé se cultiver sur onenarienabranler.com.
Le type attend si ostensiblement le match suivant qu’on regrette presque de l’avoir dérangé en l’envoyant en soviétie nourri logé pour nous raconter ce qu’il voit à la télé, opportunément amplifié de ce qu’il a compris des trois spectateurs qu’il a croisés dans l’avion.
Après trois actions en 2 minutes et 40 secondes, suivies de 2 minutes au milieu du terrain, on prend « ça n’est pas très animé là, c’est normal ». Ensuite, « on se réjouit du match de ce soir » toutes les 25 secondes, j’ai compté.
Je vous en mets quelques unes puisque j’écris en écoutant cette fatuité qui me ferait regretter mon ouibillag : « Je dirais qu’on est loin des 80% de passes réussies de l’autre soir avec l’Espagne », ah bon ? Et tu dirais quoi d’autre de non référencé, non démontré, non décompté et inventé de toute pièces, hein ? « Les observateurs de l’équipe de Suisse doivent se dire qu’il y a la place face à ces adversaires », je les regarde noter. « On peut pas dire qu’on ait assisté à une grande mi-temps de football ». « A l’heure de la sieste, c’est pas le genre de match qu’on a envie de voir ». Bon, j’arrête de noter, on est à une demi-heure, il ne dit plus que ça. Le type s’ennuie à haute voix et passe son temps à confirmer son premier avis, c’est confondant.
L’anecdote
Je dis ça mais je suis partial puisque je suis un peu Costaricien ou Costaricain ou Costariquais ou Costariconien, comme vous voulez. J’ai été nourri au foot sur goudron à San José j’ai bien compris (le récit : là).
Depuis 2014, j’ai pour ces joueurs la tendresse d’un tonton et l’admiration sincère. Il n’y a donc guère que moi et moi capables de profiter de l’ironie qui fait que la partie se déroule à Samara en Russie alors que Samara est aussi le nom d’une superbe plage au Costa Rica, temple du combo maragarita-marijuana-couchetoilà.
Et sinon, dans les tribunes
Dans les tribunes, ça vaut ce que vaut un spectacle au bout du monde, auquel assistent ceux qui ont voulu un billet pour Brésil-Portugal et qui ont reçu Serbie-Costa Rica et quelques prisonniers russes installés par Poutine et associés pour faire le nombre.
La minute Pierre-Alain Dupuis
44ème minute : « notre confrère alémanique est en train de s’endormir dans la cabine d’à côté ».
Le jetlag, j’imagine. Les branques, sérieux.
La rétrospective du prochain match
Vendredi prochain, le Costa Rica désosse le Brésil (qui aura perdu Neymar découpé par Xhaka ce soir) 2 à 0 et voit l’avenir « pura vida ».
Le même soir, les Serbes expliquent aux Kosovars et Albanais de l’équipe suisse ce qu’ils pensent de la Métochie, ça part en sucette. Bernard Challandes est appelé pour négocier, mais on comprend que ça va pas suffire. Au bout, on finit sur un 1 partout pour la paix des ménages, on peut se concentrer sur la suite.
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