Play-t-il ?

Désormais, chaque mois, Carton-Rouge a le plaisir de sortir ses griffes dans le nouvel hebdomadaire régional répondant au doux nom de Riviera Chablais votre région. Notre mission : croquer une thématique d’actualité sur le sport suisse avec impertinence. Nous publions quelques jours plus tard cette chronique sur notre site. Cette nouvelle édition remue le couteau dans la play.

Ah, les playoffs, ces joutes homériques qui défient chaque année l’innumérisme ambiant. Sept matches potentiels, des prolongations sans fin, des tiers médians et la probabilité que la 4ème ligne marque en power play avec trois étrangers : nul doute, les fans de hockey savent lire dans la matrice. Du coup, pas évident de planifier sa semaine : « Chérie, je serai potentiellement absent de quatre à sept matches, de 20 h à 22 h, ou 1 h, en fonction des velléités arbitrales. Retiens le cosinus et tu sauras combien de fois je pourrais sortir les poubelles cette semaine… » Même en lui offrant Disney+ pour vous rattraper, ne cherchez pas, vous aurez de toute façon tous les Thor.

Avant, pour les novices, la difficulté se résumait au flou terminologique entre barrage et playoff. D’ailleurs, on s’attend d’un jour à l’autre à inaugurer le playoff de la Grande Dixence et à apprendre à nos enfants que les castors bâtissent des playoffs, histoire de parachever la boucherie sémantique.

La NBA pousse le vice plus loin et organise des play-in pour se qualifier pour les playoffs ! Les profs de maths affectionnent cette période pour aborder les équations différentielles, les élèves fans de basket étant déjà chauds du bulbe. Du côté des sportifs, c’est l’extase : jouer 72 matches pour aller en playoffs, pour que tout se décide sur deux matches.

Of course, le hockey suisse a recyclé le concept, avec un nom encore plus étrange : les pré-playoffs ! Les 7-10èmes places s’affrontent au meilleur des trois matches. Or, sous couvert de créer du suspense, ces formats récompensent des équipes mal classées au détriment des équipes les plus régulières de la saison. Pourquoi pas, mais c’est un peu comme pour les enfants à la traîne en classe mais prétendument HPI : si l’équipe est 10ème du classement, peut-être qu’elle joue juste mal. Ça fait jamais play-sir à entendre, mais on économise en dépistages onéreux.

Car c’est bien là où le bât blesse : finir premier ne suffit plus à être champion. La Super League envisage de passer à 12 clubs avec des playoffs en 2023. Dur de comprendre ce format sans risquer un décollement de la play-bre : matches aller-retour, puis partage du classement en deux groupes de six, sans division des points. Rebelote : rencontres aller-retour. Viendraient ensuite les fameux playoffs : titre de champion entre le 1er et le 2ème, places européennes, etc. Au final, ce format devrait être renommé la Sisyphe League.

En résumé, on peut s’accorder à dire que cette play-thore de playoffs est une play du sport moderne et que la digue avec les supporters pourrait rompre plus tôt qu’on ne pense.

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