Le podcast, c’est à la mode. Le podcast vidéo, encore plus. Si en plus la personne qui pose les questions est un footballeur qui sait de quoi il parle, encore mieux. Je vous propose donc de résumer les meilleurs passages de cet épisode de « The Overlap », une série d’entretiens sur le foot modérés par Gary Neville, avec nul autre que le Ginger Ninja, Paul Scholes !
Pour commencer, un petit reality check : d’après vous, quel âge a Paul Scholes ? 47 ans ! Je me souvenais qu’il avait prolongé sa carrière assez tard, mais là ça met quand même un petit coup. Toi aussi, calcule si tu es vieux :
http://touchcalc.com/calculators/age
First things first
Un laconique iconique
Paul est un homme de peu de mots. Neville commence en plaisantant qu’il a probablement plus parlé avec lui durant cet interview que durant leurs 25 ans d’amitié !
La Casa de Paul
Paul adore rester chez lui. Ça a toujours été le cas. De son propre aveu : « I’m not lonely, I just like to be on my own ! ». À tel point qu’il a la flemme d’aller au Qatar pour commenter.
Le terrain préféré de Paul Scholes…
Côté famille, marié à son amour de jeunesse, ils ont une fille et deux fils, dont un autiste. Du coup, il a toujours dû faire attention à pouvoir veiller sur lui et confie que parfois, son fils ne dormant pas de la nuit, il a joué alors qu’il était complètement décalqué. Ça donne une image encore plus intéressante du personnage, à savoir un gars qui ne se torture pas à définir ses priorités car il les connaît. D’ailleurs, il tentera d’entraîner Salford City, pour abandonner après un mois, se fiant à son instinct comme souvent.
En tout cas, c’est vraiment atypique un joueur qui s’en fout du « celebrity bullshit » (dixit Roy Keane) alors que d’autres ne savent plus quoi faire de leur argent et ne se rendent pas compte que le bon goût ne s’achète pas.
Paul quand sa femme lui annonce que la soirée prévue chez les amis a été annulée…
Substance before style
Tout au long de la vidéo, Scholes balance des analyses frontales et franchement, ça fait plaisir d’entendre l’avis d’un gars au sujet duquel Zidane, alors qu’on lui demandait « Ça fait quoi d’être le meilleur joueur du monde? », répondit « Je ne sais pas, demandez à Paul Scholes » !
Dernière salve en date : un démontage en règle des petites roulettes gris-gris sans adversaire du joueur de Manchester United Antony : « ridicule, uniquement pour frimer. Cela n’amuse personne, ce n’est pas un talent, c’est juste être un clown. » Je suis plutôt d’accord. Et vous ?
Le derviche tourneur dans ses oeuvres…
D’après lui, Manchester United a sa propre philosophie, à laquelle les entraîneurs devraient s’adapter et non l’inverse. Il ne s’agit pas d’un club qui a besoin de la possession de la balle. Du coup son analyse peut dénoter par rapport aux mièvreries journalistiques : pour lui, la cellule de recrutement est défaillante depuis le départ de Sir Ferguson. Le recrutement de Ronaldo et de Varane a excité les fans en misant sur l’attrait des noms, mais dans les faits, Ronaldo a 37 ans et si le Real Madrid a laissé partir Varane, c’est peut-être qu’il y avait une raison (blessures récurrentes ?).
Regarder Scholes faire des transversales sur un fond de piano pourrait apporter la paix dans le monde…
Autodépréciation britannique
Scholes confesse souvent douter, Neville avoue qu’il a pas aimé grossir après sa retraite. Les deux évoquent des matches où ils ont mal joué, genre un match contre « Fiasco de Gama » où Neville a donné deux buts. L’un de ses plus gros regrets est de ne pas avoir bien joué pour l’équipe nationale. Il insiste pour dire que c’était sa faute et pas celle des entraîneurs. Une franchise rafraîchissante. Quand je pense qu’Anelka a dû se mettre en scène dans un documentaire Netflix 10 ans après pour dire qu’il avait été nul en Afrique du Sud…
Rare photo de Paul en extase.
La golden generation, une pomme de discorde
L’ancien joueur nous donne sa théorie quand à la plus grande énigme du foot anglais : pourquoi un milieu composé de Lampard, Gerrard et Scholes n’a pas tout fracassé ? En club, chacun avait un joueur qui l’assistait exactement comme il le souhaitait. Du coup, les trois ont toujours cherché à reproduire ce système en équipe nationale, alors que c’était simplement impossible.
Plus étonnant: avant la Coupe du monde 2010, il révèle qu’il se sentait en bonne condition physique et pensait avoir fait une bonne saison, si bien que si Fabio Capello avait pris 5 minutes pour lui expliquer le projet, il aurait sûrement dit oui et rejoint le groupe.
Interrogé sur la Coupe du monde au Qatar, Paul explique, que, selon lui, il n’y a pas d’équipes qui fassent vraiment rêver comme il y a pu en avoir lors d’autres coupes du monde (Brésil 2002, France 2006, Espagne 2010, etc.). Et vous, qu’en pensez-vous ? Et les compères d’enchaîner en disant que si eux étaient la « golden generation », alors le Brésil qui les a éliminés (Ronaldo, Rivaldo, Ronaldinho) devrait être la « platinum generation » et de se marrer à l’idée qu’on les a appelés comme ça. Bon esprit, on vous dit !
Conclusion
J’ai été agréablement surpris de la franchise de cet échange, avec des éléments ayant trait à la santé mentale. On lit souvent que la grande équipe de Manchester, c’était des guerriers (Neville, Keane, Evra) et que l’ambiance à l’entraînement était franchement virile (cf. les affaires de Giggs avec la justice). Ce petit podcast nous montre une réalité plus nuancée et c’est là tout son mérite.
Après ce podcast, le doute n’est plus permis : après la scolastique, philosophie développée et enseignée au Moyen Âge dans les universités, il faudrait d’urgence enseigner la scholastique à tous les joueurs de foot !
Conclusion : PS (Paul Scholes), I love you !
Crédits photographiques :
Semi-detached houses : Andrew Tatlow/CCO/Wikimedia Commons
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Semi-detached_houses_-_geograph.org.uk_-_224738.jpg
Paul Scholes célébrant : Diego Sideburns/CCO/Flickr
https://flic.kr/p/2eJnWxX
Paul_Scholes_2008 : Christophe95/CCO/Wikimedia Commons
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Paul_Scholes_2008.jpg
Soyez le premier à commenter