Detroit dans la fleur de l’âge, San Antonio trop âgé

Curieux paradoxe que vient de nous offrir le sport nord-américain à quelques jours d’intervalle. Alors que la «vieillissante» équipe de San Antonio Spurs courbait l’échine face aux Los Angeles Lakers en NBA, les «expérimentés» Detroit Red Wings venaient à bout des «gamins» de Pittsburgh en finale de NHL. Alors, où se situe la frontière entre l’expérience et la vieillesse ?

Une phrase contextualise à merveille cette problématique. Montesiqueu dans «Mes Pensées» posait le problème comme suit : «C’est un malheur qu’il y a trop peu d’intervalle entre le temps où l’on est trop jeune et le temps où l’on est trop vieux». Sans vouloir faire de la philosophie de bas étage, le Baron avait vu juste et serait tout étonné de voir qu’un quart de millénaire après sa mort, sa maxime prenne une nouvelle dimension.
 
Finalement, quelle est la différence entre les Spurs Robert «Big Shot Rob» Horry (37 ans), Brent Barry (36 ans), Michael Finley (35 ans) et Bruce Bowen (37 ans) et les Red Wings Chris Chelios (46 ans), Dominik Hasek (43 ans), Niklas Lidström (38 ans) ou encore Kirk Maltby (35 ans)? C’est loin d’être compliqué. Certains ont gagné et les autres pas…
 
Après l’élimination en demi-finale face aux Los Angeles Lakers, tous les observateurs ont conseillé aux Texans de San Antonio de reconstruire leur équipe avec des jeunes. Il y a douze mois, la formation de l’AT&T Center s’imposait dans le championnat de NBA en dominant Cleveland en finale 4-0. A cette époque, la présumée vieillesse des Horry, Finley ou Bowen ne dérangeait personne. Pourquoi devrait-il en être autrement après cette élimination, si fâcheuse soit-elle ?

 
Et à Detroit ? Difficile de croire qu’après le triomphe de cette année, la jeunesse soit de retour dans le Michigan. La politique de continuité a porté ses fruits et, après plusieurs échecs ces dernières années, la formation de la Joe Louis Arena soulève à nouveau la prestigieuse Coupe Stanley six ans après le dernier triomphe. De ce succès, dix joueurs ont traversé les années de disette pour s’imposer à nouveau en 2008. Les dirigeants ont eu le courage de maintenir leur confiance aux Pavel Datsyuk et autre Niklas Kronwall malgré les frustrants revers en play-off après avoir dominé outrageusement les saisons les unes après les autres.
 
En finale, les Red Wings sont assez facilement venus à bout des Pittsburgh Penguins, considérés par beaucoup – et à raison – comme l’une des équipes les plus talentueuses de la ligue. Sidney Crosby, Evgeni Malkin ou Jordan Staal n’étaient pas nés lorsque Chris Chelios était drafté par Montréal (1981) et pourtant, cette année, c’est le vieux dinosaure qui triomphe face aux «jeunes loups».
 
Et si, finalement, la fougue de la jeunesse et la roublardise des expérimentés n’étaient que des arguments de journalistes qui ne savent pas comment analyser un match à venir ? J’ai commencé cette petite chronique par Montesquieu, je vais me permettre de conclure par Raymond Radiguet : «Tout âge porte ses fruits, il faut savoir les cueillir.»

Écrit par George Baudry

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4 Commentaires

  1. Très bon!!

    Mais une pensée me trotte tout de même dans la tête. « Pourquoi faut-il attendre la finale NBA (USA!) pour revoir un peu de basket sur cartonrouge.ch? »

    Juste en passant, même si ça nintéresse personne ici: Harold Mrazek, vous savez, le joueur de basket Suisse le plus titré (notament un titre de champion de France), à terminé en beauté sa carrière en remportant le championnat Suisse avec Fribourg Olympic face aux Lugano Tigers.

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