Et si le LHC était à sa vraie place ?

Sous ce titre volontairement provocateur, la question peut-elle légitimement se poser ? Force est de constater qu’après 14 journées de championnat, le LHC se retrouve à une peu reluisante 6ème place virtuelle. La faute à une nouvelle prestation indigeste des gars de Dany Gélinas. Une multitude de petits détails font que le club lausannois possède à l’heure actuelle un gros souci. Tentons de décrypter la situation.

8ème minute de jeu : Dolana s’enfonce tranquillement dans la défense lausannoise. Pas inquiété sur son aile gauche, le numéro 97 arme un tir que Walter ne peut que repousser devant lui. Brunold reprend sans peine le rebond accordé. 0-1. Une minute plus tard, Villa commet une faute sur la droite de la cage lausannoise. Pénalité différée, mais tout le monde s’arrête de jouer. Sauf la première ligne du HC Viège qui a tout loisir de profiter de l’apathie du LHC. 0-2. 17ème minute : perte de puck du LHC en zone offensive. Étant donné qu’aucun des cinq joueurs lausannois sur la glace n’avait reçu d’invitation pour revenir défendre, Bühlmann et Anthamatten en ont profité pour réaliser un modèle de réussite en 2 contre 1. 0-3. Comme si l’addition n’était pas assez salée, le transparent finlandais Mikkola disparut du jeu en récoltant une bien sévère pénalité de match en fin de premier tiers. Voyons le bon côté des choses, cette première période était loin d’être soporifique !

1er tiers catastrophique pour les boys de Dany !

Autant dire tout de suite que rien ne s’est amélioré côté lausannois au cours du match. Pire : les Viégeois se sont mis au niveau des locaux, transformant une 2ème période en un véritable sacerdoce. Il y eut tout de même quelques situations comiques, notamment lorsque l’ancien Morgien Brunold fut à deux doigts de tromper Walter alors qu’il était pris en sandwich par 4 joueurs lausannois dans le slot. Hélas, la réduction du score tout en abnégation par le travailleur Rüfenacht ne combla pas la pauvreté globale du collectif lausannois incapable de développer un semblant de schéma. À ce sujet, s’il existait un prix de l’anti-combativité transposé au hockey, les nominés du LHC – Lüssy, Baumann et Schäublin en tête – seraient aux premières loges pour son attribution. Toujours dans le domaine des distinctions, Gailland pourrait aisément prétendre à celle de la pelote d’or, propriété ancienne de Florian Conz. En remplaçant sa canne par des aiguilles à tricoter, il aurait pu faire des pulls XXXL pour toute l’équipe. Toutefois, cela n’a pas marché dans l’optique de mettre trois points au chaud.

Esprit d’équipe, es-tu là ?

Le mécontentement populaire a alors commencé à se faire sentir dans les travées de Malley. À coups de banderoles, la Section Ouest réclama la présence des jeunes lausannois sur la glace en mettant l’accent sur l’aspect identitaire du club. Même si le temps de glace d’un joueur comme Chabloz est sujet à discussion, Gélinas l’a lancé dans l’arène avec un taux de réussite significatif, puisque le jeune lausannois  a participé à l’une des rares actions construites de l’équipe vaudoise en parachevant un joli service de Mano. Preuve que finalement, il n’est pas fondamental d’avoir 83 matchs de préparation pour développer une ébauche de jeu intéressant même si paradoxalement, la construction d’un collectif homogène doit se réaliser sur le long terme.

Un assist pour le très peu utilisé Mano

Où se situe donc le problème majeur ? L’identité du club ? Qu’on se le dise tout de suite, les discussions au sujet de l’identité du club en tant que tel n’auraient jamais lieu si le club était aux avants postes. Ce débat superflu allant jusqu’à polémiquer sur la couleur des maillot est totalement stérile et inutile. Les jeunes ? Il faut être conscient qu’entre les juniors élites et le championnat de LNB, il y a un monde de différence. Il apparaît évident que certains d’entre eux doivent faire quelques apparitions avec le LHC, mais il est inutile de précipiter les choses. Si l’on souhaite mener – pour une fois – une politique sur le long terme dans ce club, leur tour viendra. Les joueurs jouent-ils à bloc ? Il ne faut pas être de mauvaise foi : personne ne peut être accusé de tricherie. Aucun. Mais il faut admettre que personne ne joue à son niveau et cela dure depuis un long moment…
À décharge des pensionnaires de Malley, il y a trois étrangers : L’un est devenu indésirable, l’autre est méconnaissable et le troisième est blessé. La situation pourrait être un poil plus favorable. De plus, Sigrist est lui aussi à l’infirmerie, tout comme Staudenmann et Lardi. C’était donc l’occasion aux autres joueurs de prendre leurs responsabilités. Las, les bonnes dispositions entrevues à Bâle ont volé en éclats. Dany Gélinas se trouve dans une position très délicate. Il a à peu près tout essayé, mais ça ne fonctionne toujours pas. Le casse-tête se révèle bien plus ardu à résoudre que prévu, mais le communicateur canadien et ses compétences entrevues à Ajoie montre qu’il peut être capable de le faire. Essayons de conserver un coach un peu longtemps que 6 mois et gardons en mémoire les exemples de Bienne, de Zurich et plus anciennement, de Kloten. Tout est possible, surtout à Lausanne !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Viège 2-5 (0-3 1-0 1-2)

Malley : 2764 spectateurs.

Arbitres : Lenhart (All), Grossniklaus/Trottmann.

Buts : 8e Brunold 0-1. 9e Summermatter (Brulé) 0-2. 17e Bühlmann (Anthamatten) 0-3. 34e Rüfenacht (Schäublin) 1-3. 51e Bühlmann (Brulé, Schüpbach) 1-4. 53e Brulé (Heldstab / 5 c. 3) 1-5. 56e Chabloz (Mano) 2-5.

Pénalités : 7 x 2´ + 1 x 5´ (Mikkola) + pénalité de match (Mikkola/méconduite) contre Lausanne; 6 x 2´ contre Viège. 
Lausanne : Walter; Trunz, Heynen; Schäublin, Leeger; Grieder, Villa; Weisskopf; Lüssy, Rüfenacht, Mikkola; Bonnet, Miéville, Baumann; Frunz, Zeller, Gailland; Chabloz, Mano, Suri. Entraîneur: Gélinas.

Viège : Hecquet; Summermatter, Heldstab; Bucher, Schüpbach; Wiedmer, Anthamatten; Portner; Botta, Guerriero, Brulé; Dolana, Brunold, Triulzi; Brechbühl, Bühlmann, Furrer; Imhof, Masa, Bürgin. Entraîneur: Fust.

Notes : Lausanne sans Lardi, Sigrist, Staudenmann, Tremblay (blessés) ni Pecker (suspension interne); Viège sans Lauber, Herren et Wyer (blessés).

Écrit par Mathieu Nicolet