Foot belge: entre renaissance et scission

La Belgique, c’est quoi ? Difficile de répondre, même pour les gens qui, comme moi, possèdent un passeport belge, unique preuve attestant que ce pays existe bel et bien. La Belgique en bref, c’est 10 millions d’habitants qui parlent 3 langues nationales, séparés en communautés et en régions qui gèrent un pays qui innove en proposant un apartheid linguistique au cœur de l’Europe… C’est aussi le pays de la bière, des autoroutes éclairées et des baraques à frites, ambiance garantie.

Le foot belge, longtemps un exemple pour les petits pays, notamment dans les années 80 (finaliste d’un Euro et demi-finaliste d’une Coupe du Monde), a connu ce qui semble devoir arriver au foot suisse : la descente aux enfers. Les locomotives du foot belge que sont Anderlecht, Club Brugge ou le Standard de Liège (un club par région, tiens tiens…) ont souffert non seulement des errements en termes de formation, de l’apparition de l’arrêt Bosman et d’un recrutement disons… aléatoire, ce qui les a fait descendre à la vitesse grand V dans les tabelles du foot européen. En plus, des affaires financières et des matches truqués par des parieurs chinois ont jeté une suspicion sur son championnat et ont fait disparaître certains clubs… Morne plaine.Aujourd’hui, un petit mieux semble se produire. Certes, Anderlecht s’est fait glorieusement éliminer par BATE Borisov de la Champion’s League… Certes le champion, le Standard, n’a pas réussi à se hisser en poules de cette compétition. Néanmoins, leur prestation face à Liverpool et le fait d’avoir sorti Everton de l’UEFA, pour une équipe composée de très jeunes joueurs, donnent une bouffée d’optimisme. Puis, il reste sur la scène européenne le terrifiant Club Brugge, solide mais sans génie, tombeur de la dream team bernoise d’YB. Les Diables Rouges montrent leurs dents… de lait.
Pour illustrer le renouveau du foot belge en général, il n’y a qu’à comparer l’équipe nationale : les Diables Rouges d’aujourd’hui et ceux qui, il y a deux ans encore, arrachaient un match nul de haut vol au… Kazakhstan. L’équipe nationale est composée d’une kyrielle de jeunes joueurs prometteurs (Fellaini, Defour, Witsel), d’un buteur (Sonck) et propose un jeu relativement intéressant. Cette équipe sans complexe a obtenu un nul en Turquie (2 points perdus sur un penalty qu’on qualifiera de généreux) et s’est incliné 1-2 face à l’Espagne avec un but injustement annulé à 1-1. Probablement trop légers encore pour se hisser en Coupe du Monde (même s’ils finiront probablement deuxièmes de leur poule et iront aux barrages), les Belges jettent les bases d’une sélection qui sera capable de créer d’énormes surprises d’ici deux à quatre ans.


Les meilleures bières du monde…

Mais, il y a toujours un mais…

Seulement voilà, ce tableau idyllique de la renaissance du foot du Plat Pays est menacé, déjà, par les velléités séparatistes. L’Union Belge, un des derniers symboles de l’unité du pays, est menacé de scission par la politique et … par le Club Brugge (via son président). De fait, le foot amateur serait scindé en deux blocs (francophone et néerlandophone), comme la plupart des activités de l’Etat. Le danger ? Le financement des stades et du sport amateur en général, donc, de fait, des équipes de jeunes. La pyramide oscille sur ses bases avant même d’avoir une pointe, et c’est bien dommage.
A partir d’aujourd’hui, la Jupiler League (de la bière pour un nom de championnat, on est en Belgique) vous rappellera, de temps en temps, que le foot peut aussi être esclave malheureux de la politique, que le championnat suisse ne peut pas regarder de haut celui de pays réputés plus faibles et, enfin, que de bons joueurs peuvent sortir d’un championnat rempli de 15 petits clubs (Roeselaere, Denderleeuw, ça vous dit rien ? Ah bon…) et de trois grands, qui laisse une grande place aux jeunes.
 
Le drapeau belge et le foot… combien de temps encore ?
A suivre au prochain épisode…

Écrit par Arnaud Antonin

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8 Commentaires

  1. « L’équipe nationale est composée d’une kyrielle de jeunes joueurs prometteurs (Fellaini, Defour, Witsel), d’un buteur (Sonck) et propose un jeu relativement intéressant.  »

    Sans oublier linévitable Dembele!!!!

  2. cest un sujet qui mintéresse beaucoup et cest toujours intéressant davoir des nouvelles puisque on entend moins parler (en suisse en tous cas) depuis quelques temps.

    mais je me pose une question.. dans le cas dune scission, que deviendrait la partie germanophone ?? autant dun point de vue footballistique que politique ??

  3. A part se moquer de notre club bernois, cet article est tres interessant! Merci.

    sans vouloir me vanter,YB est un des seuls clubs suisse avec une moyenne de spectateur en dessus de 15000!!c pas si impressionant, mais bon!!! Club Brugge nont pas un nouveau stade par hasard?

  4. Kompany, Vandenborre, Witsel, Fellaini, Defour, Mirallas, Dembele, Vermaelen, Vertonghen. Il nya pas beaucoup de nations qui peuvent se vanter davoir de telles jeunes…

  5. Zanni, Huggel, Marque, Streller… Ten connais beaucoup des clubs qui peuvent se venter davoir des titulaires pareils et qui arrivent à se qualifier pour la Champions League ?

  6. Que voici un papier utile.

    Ah le football belge, c’est quelque chose tout de même. Propulsé sur le devant de la scène mondiale en 1980 lors de l’Euro, puis en humiliant l’argentine grâce à un but de l’excellent Vanderbergh, avant de faire une très bonne coupe du monde 1986 (quoique l’élimination russe est certainement restée à la gorge de tous les amateurs de foot russe que nous étions), il nous aura offert de très jolis moments.

    (par politesse je passerai sur la coupe du monde 1990, assez moyenne quand même)

    Au niveau club, le club justement, Bruges et les Rouches (et leur fantastique public) ont un niveau qui vaut plus que celui de la majorité des clubs suisses.

    Côté télévision, la RTBF propose également une couverture supérieure, en particulier grâce à son émission consacrée à la Jupiler league. Dommage que la SSR ne daigne pas s’en inspirer pour nous proposer une vraie émission sur le football suisse.

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