L’Amérique entre ombre et lumière

Cette année, la tournée américaine s’est écrite en clair-obscur. Si Lara Gut, Daniel Albrecht et Bode Miller ont refait connaissance avec la partie plus sombre de leur sport, d’autres ont connu un retour en grâce quasi orgasmique à l’image d’Aksel Lund Svindal. Le Roi est à nouveau en pleine lumière.

On le sentait revenir. Il a fallu cinq courses outre-Atlantique à Svindal pour signifier son véritable retour au premier plan. Discret mais placé (7e de la descente et 9e du super-G) dans les vents capricieux de Lake Louise, le Norvégien préparait son come-back sur la piste "Birds of Prey", là même où il s’était grièvement blessé la saison dernière.Imaginez ce qu’il a dû se passer sous le casque du colosse nordique lorsque, lors des reconnaissances et du premier entraînement, il est repassé à l’endroit de la terrible chute qui avait mis un terme prématuré à sa saison.
Son entraîneur avait prévenu : "Aksel gagnera à nouveau une course cette année." C’est fait. Et à double s’il-vous plaît ! Non content d’exorciser les douloureux souvenirs de la saison dernière en remportant la descente, Svindal s’est également adjugé le super-G et a pris la 3e place du géant. Géant. Voilà qui colle parfaitement à l’immense champion qu’il est. Chapeau, Monsieur !
Dans l’aire d’arrivée de Beaver Creek, les tapes dans le dos et les franches poignées de main de ses adversaires, clins d’oeil et sourires en coin en option, vont rapidement laisser la place à des mines plus bougonnes. Surtout si le Norvégien poursuit sur sa lancée une fois rentré en Europe.
Ce n’est pas Bode Miller qui va nous contredire. Le fantasque Américain revient en Europe avec une 14e, une 16e place ainsi que trois éliminations dans ses bagages. Ce serait-il remis à picoler ? On ne pourrait pas lui en vouloir. Après un début de saison tonitruant avec sa 2e place au slalom de Levi, on l’attendait au contour. Malheureusement, le funambule de Franconia a perdu le fil de son ski, exagérant encore ses angles improbables, jusqu’à ne plus toucher la neige du tout. C’est rapidement beaucoup moins efficace.

Et les Suisses ?

Après l’entrée en matière idéale de Sölden, l’équipe de Suisse espérait beaucoup (trop) de cette tournée dans les Rocheuses. Ni Daniel Albrecht ni Didier Cuche n’ont complètement répondu aux attentes suscitées par leur doublé sur le glacier autrichien. Si le Neuchâtelois a tout de même décroché un podium dans le super-G de Lake Louise, le Valaisan n’a pas su s’arracher pour être tout devant. Certes, son comportement en descente (11e et 9e) laisse entrevoir des possibilités pour l’avenir dans l’optique d’une future bataille pour le classement général. Les deux éliminations qui ont suivi (super-G et géant) ont rappelé à tous qu’Albrecht – 25 ans tout de même – continue de se battre contre des problèmes de concentration.
La surprise de la semaine est venue des spatules de Carlo Janka. Parti avec un dossard très élevé, le Grison a profité d’une éclaircie pour signer un exploit en s’adjugeant la 2e place de la première descente de la saison à Lake Louise. Ce podium donne au bilan de l’équipe de suisse masculine une image un peu plus conforme aux ambitions des gars de Martin Rufener.
Autre satisfaction, Didier Défago a terminé toutes ses courses dans le top ten, à chaque fois très proche, en terme de centièmes, d’un podium. Lui qui n’ambitionnait pas de se battre pour le classement général de la Coupe du monde est aujourd’hui le Suisse le mieux placé (3e).
Côté féminin, on a assisté à un renversement spectaculaire, et peut-être éphemère, de l’intérêt médiatique. Malgré ses énormes qualités, Lara Gut, espoir tessinois adulé dans tout le pays n’a pas su dompter les éléments tant à Aspen (éliminée) qu’à Lake Louise. Elle devrait ainsi retrouver une tranquilité dans laquelle elle pourra poursuivre son apprentissage de la Coupe du monde.
Lara Gut de retour dans le rang, la faute à Fabienne Suter. La Schwytzoise, 2e du super-G, a rappelé qu’elle avait remporté les deux dernières courses de la spécialité l’an dernier. L’introvertie skieuse de Suisse centrale n’a pourtant pas le glamour de la fille de Comano. Son charme discret lui a d’ailleurs valu le surnom de "Janne Ahonen" (le sauteur finlandais qui ne souriait jamais) auprès des responsables de course de la marque de skis suisse qui l’équipe.

Écrit par Oscar Sörensen

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