Kloten sans trop vouloir, Bienne sans trop pouvoir…

Ou quand 56 secondes suffisent à terrasser des Biennois en panne d’inspiration.

Longtemps, très longtemps vendredi soir, les Seelandais crurent possible de battre Kloten une seconde fois en quelques heures après leur avoir raflé la signature pour les deux prochaines saisons du meilleur compteur à croix blanche de ligue B, Kevin Lötscher.Un succès pour le backoffice biennois. Mais un succès révélateur du statut mitigé du HC Bienne dans le grand bain des négociations et des tractations en vue des prochains championnats. Loin de disposer des moyens suffisants pour attirer au Stade de Glace les noms les plus huppés de la ligue, force est de constater qu’ils seront encore contraints dans un avenir proche de jouer les dénicheurs de talents et les portes d’entrée pour les artistes méconnus de l’échelon inférieur. Un sort somme toute pas si honteux que cela, puisque les obligeant à œuvrer dans la continuité et à appliquer une réelle politique de formation sur le long terme.
Et des talents à révéler au grand jour de la ligue A, il en faudra encore plusieurs pour sortir l’équipe de la série de défaites dans laquelle elle s’est prise les pieds récemment. Un seul et maigre point récolté lors des sept dernières sorties, voilà qui est bien trop maigre. Trop maigre mais tout sauf immérité tant les hommes d’Ehlers donnent actuellement l’impression de patiner à côté de leurs lames. Comme ce fut encore le cas vendredi soir.

Aux sources du mal

Alors que les Aviateurs n’avaient de toute évidence aucune intention de dépenser la moindre once d’énergie superflue dans ce duel si inégal, les Biennois ont tenu bon. Longtemps justement. Plusieurs fois ils furent très, très, très proches d’ouvrir la marque. Mais plusieurs fois aussi, il leur manqua le dernier geste de qualité, la dernière parcelle de lucidité qui transforme les rondelles qui traînent aux alentours des cages en buts. Kloten n’offre que de rares ouvertures à ses adversaires, il faut donc savoir en tirer profit, ce que les Biennois n’ont pas su faire.
Hormis la poursuite de l’insulte permanente qu’est la présence dans la buanderie seelandaise d’un chandail floqué du numéro 17, la stérilité créatrice du jeu de puissance est un handicap aggravé. Celui qui obtient huit avantages numériques sur son adversaire sans même adresser le moindre tir un tant soit peu dangereux a des fondamentaux à revoir de toute urgence. D’accord, en face il y a l’organisation de jeu signée Eldebrink et un Ronnie Rüeger solide comme à l’accoutumée, mais cela n’excuse pas tout.

Et demain ?

Et bien demain, ou après-demain plus exactement, c’est une succession de ces matches dits « à six points » contre des ensembles face auxquels les Biennois se doivent de renouer avec la victoire. En déplacement à Ambri juste avant Noël, les Lakers et leur immonde bleu pastel au Stade de Glace pour entamer 2009 de la meilleure des façons avant de s’en aller défier la bande à Tigrou et de recevoir Zoug. Quatre échéances desquelles les Seelandais doivent exiger au moins trois victoires. Mais pour cela il faudra réapprendre à loger le puck au fond des filets, et il y a urgence.
Ici c’est Bienne, et on s’est emm… ferme vendredi soir. A l’exception des 56 secondes ou Kloten a montré son vrai visage. Celui d’un prétendant discret mais infiniment crédible à graver son logo dans le deuxième puck qui viendra garnir le nouveau trophée du champion national.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Jean-Philippe Ritz