Le réveil du Roy

Piqué au vif par les atermoiements de son peut-être futur-ex employeur, le Canadien s’est mis en évidence de fort belle manière hier soir, inscrivant deux buts importants face à une équipe bernoise qui ferait mieux de s’occuper du palet plutôt que de vouloir «casser du Chaux-de-Fonnier», chose facile avec un arbitre qui siffle des détails et laisse passer des montagnes.

Le deuxième round de cette série était annoncé encore plus musclé que le premier. Les abeilles ont eu le mérite de ne pas répondre aux incessantes provocations des hommes du colonel Von Ryan dont les ordres étaient clairs : astiquer le plus possible de joueurs. Ce ne sont pas les agressions gratuites sur Türler (qui ne finira pas le match), Vacheron, Membrez et Todeschini, toutes non sanctionnées par M. Massy, qui me permettent de penser le contraire.

Les Chaux-de-Fonniers entamaient le match pied au plancher et mettaient dans ses petits souliers une arrière-garde locale qui devait faire sans son portier titulaire Eichmann, paraît-il blessé à l’échauffement. Benjamin Hohlbaum allait-il mieux tenir la baraque que quelques semaines auparavant ? Malgré ce départ en fanfare, les Meuqueux allaient encaisser un premier but sur la première action bernoise, alors que l’horloge n’affichait pas deux minutes.

Loin de se démonter, les joueurs des Mélèzes allaient se reprendre rapidement et c’est fort logiquement que Vacheron égalisait sur un caviar de Forget. Quelques minutes plus tard, c’est Pasqualino, maigre comme un clou après ses gastro-entérites à répétition, qui donnait l’avantage à ses couleurs, sur une passe de Régis Fuchs qui fêtait ainsi son 1000ème match en ligue nationale. Chapeau bas Régis !

Dès cet instant et comme au premier match, les Bernois allaient jouer des coudes et des cannes. Au quart d’heure, Anthoine Lussier, coupable d’avoir bousculé le top-scorer local, se faisait littéralement sauter dessus par trois Bernois. Une bagarre générale s’ensuivit à la bande. Mais le meilleur restait à venir au milieu de la patinoire du Schoren, bien garnie pour une fois cette saison mais toujours aussi glaciale. Randegger donnait un coup de canne à Johann Morant qui allait montrer de la plus belle des manières que les Chaux-de-Fonniers ne sont pas des gens à se laisser marcher dessus. Un vrai fight digne des plus belles séquences de NHL allait opposer les deux hommes, sous le regard de tous leurs coéquipiers et des arbitres. Ce n’est que lorsque le numéro 74 des Mélèzes balançait à terre le numéro 44 du SCL que ceux-ci intervinrent et que les deux boxeurs d’un soir allaient pouvoir se reposer au vestiaire pour la durée de la rencontre.

Signe de la nervosité des deux équipes, la rentrée aux vestiaires, qui passe par une porte unique, allait encore donner lieu à quelques scènes épiques, le trio arbitral ayant toutes les peines du monde à faire rentrer les joueurs et le détestable Ryan. Le HCC menait au score et aux poings.

Si le deuxième tiers allait rester vierge de but, celui-ci valut surtout par les charges bernoises, qui dépassaient les limites de la régularité. C’est tout d’abord Türler qui se faisait cueillir par un Bernois au milieu de la patinoire et qui allait devoir quitter ses partenaires. Cette blessure obligeait ainsi Gary Sheehan à modifier ses lignes, la 4ème ligne n’étant plus alignée que de façon très épisodique. M. Massy insista sur le fait que la charge avait eu lieu avec l’épaule. Je ne savais pas que les charges dans le dos, même avec l’épaule, étaient autorisées…

C’est ensuite Vacheron qui allait donner quelques sueurs froides à la forte délégation chaux-de-fonnière, en mettant beaucoup de temps à se relever après avoir été projeté dans ses propres buts par un des belliqueux de service. Les joueurs chaux-de-fonniers eurent le mérite de ne pas répondre aux provocations adverses et se contentaient de contrôler le jeu, laissant les Bernois se fatiguer à leur patiner après.

Au dernier tiers, il ne fallut même pas 90 secondes pour que Jonathan Roy montre que l’on pourra compter sur lui jusqu’au bout du championnat. Le Canadian se chargeait de donner au score une allure plus sécurisante pour son équipe. L’irascible Ralph Stalder chauffait alors le banc pour le seul but marqué en power-play.

Force est de constater que ce qui faisait la force du HCC en début de saison a perdu quelque peu de sa superbe et les nombreuses pénalités sifflées en fin de rencontre par l’arbitre, qui ouvrait enfin les yeux, n’allaient pas montrer grand-chose d’autre que des phases de jeu stériles et trop stéréotypées pour surprendre l’arrière-garde locale. Il fallut donc attendre la dernière minute, alors que les Bernois évoluaient sans gardien, pour que Roy puisse sceller le score en envoyant un puck en back-hand depuis sa zone défensive.

Le HCC a donc fait le break mais l’équipe est bien placée pour savoir que la série ne sera terminée que lorsque les quatre victoires auront été décrochées. La suite de ce quart de finale s’annonce tout aussi musclée, car c’est de toute évidence l’argument principal de la bande à Ryan.Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Langenthal – La Chaux-de-Fonds 1-4  (1-2, 0-0, 0-2)

Patinoire du Schoren, 2312 spectateurs.
Arbitres : M. Massy, assisté de MM. Micheli et Tscherrig.

Buts : 2ème Gruber (Moser, Bodemann) 1-0; 8ème Vacheron (Forget) 1-1; 14ème Pasqualino (Fuchs, Emery) 1-2; 42ème Roy (Neininger, Wütrich à 5-c4) 1-3; 60ème Roy (Fäh, à 3-5, dans la cage vide) 1-4.

Langenthal : Hohlbaum ; Haldimann, Wegmüller; Schäublin, Gurtner; G-A Randegger, Wellinger; Stalder, Bochatay; Falett; Ulmann, Rezak; F. Randegger, Down, Tuomainen; Gruber, Bodemann, Moser; R. Gerber, Baumgartner, A. Gerber.

HCC : Todeschini; Fäh, Wütrich ; Vacheron, Membrez ; Daucourt, Dubois ; Emery, Morant ; Lussier, Forget, Türler ; Schild, Neininger, Roy ; Pochon, Krebs, Fuchs ; Müller, Bochatay, Chiraiev.

Pénalités : 7 x 2 et 1 x 5 + pénalité contre chaque équipe.

Écrit par Jean Dreier