Xamax : objectif réussi

Attention, je vais être amer : il fallait presque mobiliser un second car pour l’effectif xamaxien afin d’y mettre les 42 défenseurs de rechange qu’avait judicieusement prévu le duo de minimalistes qui coache l’équipe neuchâteloise. Un objectif : perdre avec le moins de buts d’écart possible. C’est gagné. D’autres équipes en ont pris 4, voire 6 ce week-end. Sauf que bon, les perdants ne sont pas toujours nos concurrents directs justement.

À quoi bon relater un tel match ? Sept jours après la victoire encourageante face à Vaduz, Xamax entame de la pire des manières son pensum de 8 matchs face au haut du classement. Comme une petite impression de déjà vu et ce, lors de chaque déplacement, même les plus accessibles. Une humiliation pour les supporters. Une insulte. 4 heures de route direction la grisaille pour voir une équipe venue perdre, ne rien essayer, ne rien tenter. Un minimalisme honteux, une «lose-attitude» qui n’est rendue que plus affligeante dans la banalisation de cette attitude. La patte Geiger est là, et bien là. Les excuses bidon, l’incapacité de se montrer ambitieux, conquérant. L’incapacité aussi de tenir un discours humble et respectueux des fans ou même de l’histoire du club, pas plus que la capacité de se remettre en question.Certes privée de nombreux joueurs en forme (récemment Wuthrich, Taljevic ?), l’équipe neuchâteloise bien manipulée par son gourou de la défaite a montré la prestation la plus inacceptable qui puisse être. Me remémorant encore ma discussion avec des journalistes et d’anciens joueurs du club, cette phrase d’un ancien Xamaxien me revient : «c’est quand même incroyable que Xamax ait pu redonner sa chance à Geiger. Il aura vraiment réussi à la baiser jusqu’au bout». Pardon pour la forme, mais le fond n’est-il pas vrai ? Pas plus tard que la semaine dernière, «Bernasc’» jouait pourtant les durs à cuire, dans Le Temps en affirmant que des personnes («les entraîneurs») avaient abusé de sa confiance, mais qu’il ne s’y ferait pas reprendre. Comme une midinette qui choisit à chaque fois les bad boys, mais qui est chaque fois persuadée que celui-ci est le bon.
Vous me trouverez certainement bien sévère envers Geiger, en me disant qu’il n’est pas le seul à diriger l’équipe, et qu’en face c’était quand même Zurich. Sauf qu’une équipe autant apathique, misérable et impuissante, cela ne s’est plus vu depuis la dernière ère Geiger justement. Une maladie lancinante, qui s’en va et qui revient donc. Une pathologie qui ne peut porter que la trace du plus antipathique membre du staff rouge et noir. Celui qui salue les supporters sans les regarder, celui dont les journalistes se plaignent unanimement de son manque de communication et celui bien sûr qui a coulé tous les clubs qu’il a touché. Des choix tactiques aberrants, un engagement ultra-minimaliste et une banalisation de la défaite. On fonce dans le mur et on accélère.
L’exception de la semaine dernière ne doit donc pas cacher le drame qui se joue. En ôtant toute envie de rébellion à ses joueurs, le groupe est en train de se porter à lui-même des lésions irréversibles. Chihab, sorti plus tard sur blessure, était le seul à s’énerver sur le terrain. On imagine le dépit qui doit régner dans la tête du sympathique Tariq, lui qui n’a jamais triché et n’acceptera jamais l’idée de perdre sans vouloir se battre. Il doit se souvenir que ces dernières saisons, Xamax s’est sauvé avec des sursauts d’orgueil, des victoires surprises qui ont bien souvent coûté le titre à un ténor et relancé leur fin de saison. Un leitmotiv qu’ont parfaitement assimilé Bellinzone et Vaduz, qui reviennent sur Xamax au terme de victoires probantes. Monsieur Geiger, vous partez quand vous voulez plutôt que de vous perdre dans des déclarations surréalistes aux micros de la TSR. Ecœurant.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Zurich – NE Xamax 3-0 (1-0)

Letzigrund : 7300 spectateurs.
Arbitre : M. Kever.
Buts : 43e Abdi (penalty) 1-0. 47e Abdi 2-0. 78e Abdi 3-0.
Zurich : Leoni; Lampi, Stahel, Tihinen, Rochat; Djuric (83e Schönbächler), Abdi, Aegerter, Okonkwo; Hassli (43e Nikci), Alphonse (63e Margairaz). Entraîneur: Challandes.
NE Xamax : Faivre; Geiger, Furios, Hodzic, Edjenguele; Bah, Chihab (40e Rak), Niasse, Sulaimani (46e Szlykowicz); Brown, Tarvajärvi (62e Niçoise). Entraîneurs: Geiger et Aeby.

Écrit par Roby Steedman