Suffisant ou presque

Si comme de nombreux joueurs vous estimez que la Nati a livré une bonne performance hier soir, cet article est pour vous. Il a été écrit avec bonne volonté, mais il manque l’essentiel. Si vous restez sur votre faim, vous aurez l’occasion d’être en communion de pensée avec l’auteur.

Pour une fois, j’avais fait preuve d’un peu de professionnalisme et avais écrit mon article avant la fin du match. Soit les Russes allaient dominer outrageusement les Suisses qui allaient commettre bourde sur bourde et montrer qu’ils n’ont aucune force morale, soit les Suisses allaient créer un exploit en gagnant d’un but et ceci m’aurait permis de dire que les Russes étaient de ridicules souillasses qui mettaient tous les soirs les voiles sur Fribourg, afin de trouver un environnement où le fait de faire la fête comme des nouveaux riches n’est pas choquant. Mais la physionomie de ce match fut trop honnête pour que je me perde dans ces clichés. C’est simple : la Suisse a perdu parce qu’elle se serait contentée d’un exploit, alors qu’elle devait simplement penser à gagner un match de hockey.
La Russie a gagné car son jeu est plus posé et qu’elle n’a qu’à dérouler pour être imparable. Elle a fait l’expérience de la crise de nerfs devant plus faible que soi, ce dont elle peut s’estimer contente. Car si Radulov s’était comporté de la même manière qu’à l’égard de Pluess contre des Canadiens, des Suédois ou des Finlandais, les Russes auraient perdu quelques dents, la bataille psychologique et fort probablement la partie.
Contre des Suisses qui se disent 8 fois avant de faire une passe qu’ils sont sur le point de « faire un truc », ils ont réussi à passer pour des modèles de stabilité psychologique. Leur talent ne pourra que gagner en assurance d’une telle expérience.
Si la Suisse espère réaliser un exploit (= gagner un titre), il ne faut pas nécessairement qu’elle aligne plus de joueurs de NHL. Il serait en revanche bienvenu qu’elle ne soit pas obligée d’en aligner certains dans des postes clés alors qu’ils tournent avec un minimum d’une bourde par match. La limitation actuelle de l’équipe de Suisse n’est pas liée au talent ni à la taille du contingent, mais bien à la disposition psychologique.
La stratégie de Krueger qui vise à maîtriser les risques pousse la Suisse à jouer petit ne permet pas aux individualités de crever un plafond. «Ne pas perdre contre moins fort et jouer la gagne contre plus gros» peut donner l’illusion de l’exploit, mais empêche les talents suisses de s’exprimer pleinement et de prendre leur pied en mettant un 5-0 à un pays frontalier.
Pour preuve : Mark Streit a certes beaucoup travaillé en Amérique du Nord. Mais si ses passes sont aussi précises et que son sens du jeu est aussi bon, c’est qu’il a confiance en ses moyens.* Le reste du groupe ne devrait pas suivre, mais être dans la même disposition. La gestion du mental n’est pas quelque chose qui s’acquiert en jouant au babyfoot entre sélectionnés, elle incombe à l’entraîneur.
Sans sous estimer ses adversaires, la Suisse doit prendre le risque de se croire favorite. C’est la seule façon qu’elle a de devenir une grande nation et de voir des clubs prestigieux s’arracher ses joueurs.
Bref, tout ce que je dis là est bien connu, mais je crois qu’il ne faut pas cesser de le penser lorsque la Suisse perd en livrant une performance honorable. Quoi qu’il arrive, les choses doivent changer et évoquer le traumatisme de la relégation, c’est simplement l’entretenir.
*J’espère d’ailleurs que ce n’est pas la remarque stupide de M. Bastardoz sur son niveau de français (excellent d’ailleurs) qui le fera bouder les téléspectateurs romands.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Russie 2-4 (2-1 0-1 0-2)

Bern Arena, 11’479 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : Sindler (Tch)/ Zalaski (Can) ; Valch (Slq)/ de Haan (Can).
Buts : 3e Atyushov (Kovalchuk, Gregeshkov) 0-1. 10e Gardner (Pluess, Blindenbacher/à 5 contre 4) 1-1. 18e Pluess (Streit, Ruethemann/à 5 contre 4, pénalité différée) 2-1. 30e Kovalchuk (Zinoviev) 2-2. 49e Morozov (Kovalchuk) 2-3. 60e (59’45 ») Perezhogin 4-2 (dans le but vide).
Suisse : Gerber; Blindenbacher, Streit; Du Bois, Bezina; Seger,
Furrer; Josi; Paterlini, Ziegler, Ambuehl; Déruns, Jeannin, Lemm; Ruethemann,
Pluess, Gardner; Sprunger, Sannitz, Romy; Wick.
Russie : Bryzgalov; Nikulin, Proshkin; Atyushov, Kalinin;
Tverdovsky, Vishnevsky; Grebeshkov; Morozov, Tereschenko, Kovalchuk; Perezhogin, Zinoviev, Frolov; Radulov, Gorovikov, Saprykin; Kuryanov.
Pénalités : 6 x 2′ contre la Russie; 5 x 2′ contre la Suisse.
Notes : la Suisse sans Manzato, Monnet, Diaz ni Weber (surnuméraires). L’équipe de Suisse sans gardien de 59’03 » à 59’45 ».

Écrit par Jean-Boris Cochet-Lamouche

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. Je persiste à dire que Mr.Krueger s fait son temps et qu’il serait bien pour l’équipe Suisse de trouver un coach comme Larry Huras pour encore progresser car à mon avis avec Ralf on stagne depuis plusieurs année…. il a apporté la stabilité des 1/4 de finales… mais bon on ne joue pas un championnat du monde pour arriver en 1/4… on le joue pour le gagner même si nous sommes pas encore assez constent pour y arriver…

    13 ans que Krueger est la… Merci vous avez fait un excellent travail mais maintenant faut laisser la place à un autre coach avec d’autres idées….

    Hopp Suisse

  2. « La Suisse doit prendre le risque de se croire favorite »

    On a vu ce que ça donnait l’été passé 😉

    Autrement l’article est très bon et c’est vrai que j’aimerais bien que les joueurs se lâchent un peu plus…

  3. Très bon article, suis entièrement d’accord avec Butchenko. Merci M. Krueger mais laissez votre place. Un nouvel entraîneur aménera un nouveau souffle dont on a besoin. De plus, les von Arx et co. reviendront en équipe de suisse. Pourquoi pas Del Curto nouvel entraîneur ? Il doit commencer à se lasser d’être champion suisse…..

  4. Bon article,

    Il faut tout changer sauf les joueurs :
    – le Coach (il nous faut un gagneur),
    – Bastardoz (parle-t-il aussi bien le suisse-allemand que Streit le suisse-romand?)
    – la mentalité (va de pair avec un nouveau coach).
    Sinon, ben bravo la France (je pensais jamais dire ça!), on a 3 points !

  5. … c’est beau le positivisme, mais faudrait pas oublié que nous n’avons tout simplement pas le niveau pour battre régulièrement un top 5 lors de matchs à enjeux. changeons de coach pour voir… mais ne venons pas pleurer après.

    Nous sommes à notre place et le résultat contre la Lettonie, la encore démontré.
    vous pouvez me traiter de petit suisse qui manque d’ambition, le fait est que plus on avance dans le tournoi, plus on souffre physiquement et techniquement, et ça, un changement de coach n’y changera pas grand chose.

    Je souhaite sincèrement me tromper et voir notre « nati » se qualifié, mais si nous passons en 1/4 puis suite à un miracle en 1/2 ça restera un accident de parcourt. n’en déplaise à notre égo…

    Pour finir, cet article me fait penser aux discours de vos potes, Sylvio Bernasconi et Christian Constantin, « avec notre contingent, l’année prochaine nous viserons le titre » mouarff

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.