24 heures dans la peau de…

C’est une toute nouvelle saga qui vous est dorénavant proposée sur CartonRouge.ch. Toujours très client de concepts novateurs, votre site préféré se faufilera régulièrement dans la peau d’une star du sport pour vous faire vivre au plus près son quotidien. Sans tabou. Aujourd’hui, pour lancer de la meilleure des manières cette nouvelle rubrique, CartonRouge.ch s’est glissé aux côtés de Rafael Nadal pendant une journée.

Il est 5h59, le jour se lève sur Manacor. Entre sa défaite en quart de finale du tournoi d’Indian Wells contre Juan Martin Del Potro et son triomphe au tournoi de Monte Carlo, l’Espagnol est allé se ressourcer sur son île en vue de la saison sur terre battue. Depuis son retour chez lui, le Majorquin déjeune, dîne, soupe, dort, chie, pisse, boit de la poudre orange, bref, il ne pense plus qu’à la surface ocre. Il est 5h59 et c’est une journée de forçat qui s’annonce.Dès le petit déjeuner, on se rend compte que la vie d’un numéro un mondial n’est pas faite comme la nôtre, comme celle de tout un chacun. Chaque molécule ingérée par le champion est minutieusement pesée et évaluée. Pour pouvoir encaisser le travail prévu en ce jour, Rafa doit prendre des forces. Le Burkina Faso pourrait certainement se contenter d’un tel festin, et ce pour une année au moins. Trois poulets, un jambon, douze douzaines de jaune d’oeuf cru, une cinquantaine de kiwis, treize litres d’eau et huit de jus d’orange, des vitamines en gélules, en capsules, liquides, solides, tout y passe. Au total, l’Espagnol va s’enfiler pas loin de 16’000’000 calories avant que la grande aiguille n’atteigne le sept, synonyme de départ pour le traditionnel footing.

Le «tape-tapis» d’entraînement

Dans la voiture de Toni Nadal, l’oncle de la star, on comprend vite que ça ne rigole pas. Il fait déjà 24 degrés, le compteur kilométrique indique presque 15 km/h, mais celui-ci en veut toujours plus de son poulain. «Vamos Rafa» lance-t-il au mégaphone à celui qui sue sur la route qui mène au bord de mer. Parce qu’en plus, l’Espagnol ne se contente pas de courir bêtement. Tous les jeudis, il doit se munir d’un «tape-tapis» pour reproduire le plus fidèlement du monde les gestes effectués sur un court.
Sur la route de Portocristo, les gens sont d’ailleurs tous dans le coup avec Tonton. Une fois par semaine, ils sortent leurs carpettes qui pendouillent aux fenêtre et le tennisman doit les frapper tour à tour. En coup droit, puis en revers. Pour simuler le service, Toni dissimule des bouteilles mal rangées sur l’encadrement de certaines portes. Comme Rafael ne supporte pas cela, il doit se détendre afin de choper les récalcitrantes, puis resauter pour les aligner comme il faut.
Il faut bien deux heures à notre Majorquin de service pour faire l’aller-retour. A l’arrivée chez lui, toujours pas question de se relâcher et c’est là que le vice de son entraîneur prend toute sa consistance. Oh, il ne faut pas croire que Rafa est plus volontaire que vous et moi au départ, hein, il s’agit simplement d’un jeune homme avec des T.O.C.* persistants que sa famille a réussi à détourner et à transformer en véritable machine à fric. Et ça marche puisqu’il a déjà amassé plus de 23 millions de dollars sur le circuit depuis ses débuts, uniquement en prize-money. Même les jumelles Olsen n’ont pas gagné autant de thunes à moins de 23 ans. Eh oui, c’est la fête à la maison…

Slips et bouteilles

Comme pour l’histoire des bouteilles d’eau, il suffit à Ana Maria, la maman, de lui acheter des slips trop petits et le stretching se fait quasiment de lui-même. «Allez Rafa, fais cent fois ta routine au service», lui lance son entraîneur. Et machinalement, il va chercher l’élastique arrière de son sous-vêtement. Une fois à droite, une fois à gauche. Et que je te le tire, et que je te le remets un bout plus bas. Grâce à ce mouvement, il se décontracte les biceps, les épaules, les adducteurs, les abdominaux et fait le vide total mentalement. C’est tout bête, mais il fallait y penser. Pendant que Federer se débat avec ses vilains cheveux, que Safin pète des raquettes, que Murray ne fait rien et que Djokovic regarde son coach en tribunes pour savoir quand il doit abandonner, Rafael, lui, arrive à être zen uniquement grâce à un tour de passe-passe tout con.
Il est 13h30 et vous n’avez encore rien vu. Le dîner du champion ferait passer le repas traditionnel du village d’Astérix et Obélix pour un vulgaire pique-nique entre Somaliens. Passons sur les soles meunières pêchées la veille à main nue, les frit mallorquí faits maisons et encore l’entrée gargantuesque à base de sobrassada, c’est la rapidité à laquelle il arrive à engouffrer tout cela qui est impressionnante. Il faut dire qu’avec toute l’énergie dépensée le matin, il avait faim le Rafa ! Bref, il lui faudra tout de même près de nonante minutes pour tout ingérer, avant d’enchaîner sur la traditionnelle sieste.
Alors que Papa, Maman et Tonton dorment du sommeil du juste, des bruits bizarres arrivent en provenance de la chambre du joueur. «Han han han han», suivi d’un long râle spectaculaire. Réveillé en plein rêve, le Père ronchonne en se disant que maintenant qu’il a une copine – «et plutôt bonne» ajoute-t-il – il serait l’heure pour Rafa d’arrêter de faire trembler les murs de la maison à force de branlettes. Surtout qu’avec un tel bras gauche, ça pourrait être dangereux pour son engin… Il cogne donc contre le mur, mais le bruit continue. Alors bien énervé, il rentre avec fracas dans la pièce et découvre son fils une tapette à mouche à la main en train de chasser une guêpe récalcitrante.

Prise de tapette

Coup droit lifté, revers enveloppé, rien n’y fait. L’insecte semble immortel. C’est alors que Sebastian se rend compte que son rejeton n’arrivera jamais à tuer la bête. En raison de sa prise de tapette extrême, la même que sa prise de raquette, le jeune Espagnol imprègne tant d’effet à l’ustensile qu’il ne fait que fendre inutilement l’air. Ainsi, la guêpe est à chaque fois chassée par le déplacement atmosphérique sans jamais craindre pour sa vie. Mais le numéro un mondial n’aime pas qu’on lui résiste et malgré les supplications de son géniteur, il s’acharne et renverse tout sur son passage.
Après s’être fortement moqué de son gamin, Papa Nadal l’écarte et envoie une bonne giclée d’insecticide. La bestiole tombe raide morte. Vexé, Rafa décide d’arrêter de respirer tant qu’il n’y aurait pas une autre guêpe à tuer. Il est 16h30 et un appel impromptu sort le joueur de sa torpeur. Il décroche son téléphone portable et à sa grande surprise, c’est Roger Federer au bout du fil.
– «Allo ? C’est Rodj’», dit la voix.
– «Salut ! Encore toi ?! C’est de nouveau pour une leçon de tennis ?»
– «Hahaha», rit jaune le Suisse qui a vraiment perdu le sens de l’humour depuis que même Marc Gicquel croit pouvoir le battre en huitièmes de finale d’un tournoi Challenger. «Ecoute Rafa, je suis dans la merde. Ma femme n’arrête pas de me dire que notre futur-enfant doit voir son père gagner des tournois, mais je n’y arrive plus. Tu serais sympa en me laissant gagner notre prochaine rencontre. Ou au moins un set, parce que là, c’est la galère, même Yves Allegro s’est moqué de moi l’autre jour. Tu te rends compte ?»
– «Yves Allegro ? C’est qui ? Le gars qui est toujours dans ton sillage ?… J’ai cru que c’était ton groom perso. Pfff, t’es lourd franchement, déjà avant la finale de Melbourne tu m’as supplié de te laisser deux manches pour pas que t’aies l’air con… Moi j’ai une carrière à effectuer, c’est pas de ma faute si je battrai Sampras avant toi.»
– «Allez putain, Mirka elle me coûte cher ! Entre le mariage qui m’a coûté les yeux de la tête et son abo Swisscom-International, c’est la dèche ! Et imagine si mon fils mange autant que sa mère… Je veux pas finir comme Björn Borg et devoir vendre mes trophées de Wimbledon. Déjà que ma femme elle a mangé par erreur deux de mes trophées du Masters sous prétexte qu’ils ressemblaient à des cookies…»
– «Mouais, on verra… Mais pas sur terre battue, hein. On verra sur herbe si j’ai envie d’être sympa. On se redit mon pote !»
– «OK, tschüss.»
Il est 17 heures, Rafael raccroche et se prépare à aller voir sa copine. Il est mercredi, c’est le seul jour de la semaine où son coach l’autorise à voir sa dulcinée. Cette mesure très stricte n’est pas là pour punir son poulain mais plutôt pour protéger sa petite-amie, à qui il faut bien trois jours pour se remettre des ébats torrides avec l’ogre des Baléares… Une douche froide, un coup de parfum Lanvin dont il est l’égérie et Rafa part en sprintant au lieu du rendez-vous. «Stooooooooooop ! Arrêêêêêêêeêête-toi !», lui hurle sa mère. Dans son excitation quasi animale, le Majorquin avait en effet oublié de s’habiller… Il fait demi-tour et enfile ses Nike, son traditionnel bandana, un pantacourt, un marcel et repart tête baissée, bandant déjà comme un taureau en rut, ce qui le gênait quand même pas mal pour se déplacer.
Il est 17h30 et Rafa revient déjà… Il a les larmes aux yeux. Son oncle est tout inquiet et le questionne. Rafael explique à son confident-coach : «Elle m’a plaqué ! Hijo de putaaaaa ! Je ne comprends pas, j’ai pourtant été calme et romantique. En la voyant je lui ai déchiré les habits, l’ai attaché au lit avec les lacets de mes Nike, lui ai mis mon bandana vert dans la bouche et j’ai hurlé vamoooooos en lui sautant dessus… Et là elle m’a mis un high-kick dans les bourses ! Selon elle j’avais oublié de faire les préliminaires… Pourtant je te jure Tonton, je lui avais fait la bise en arrivant et j’ai rangé toutes les bouteilles de soda dans son frigo !»   
Consolé par Toni, Rafa se remet gentiment de ses émotions et se met à bailler. Il est 20h et c’est bientôt l’heure d’aller se coucher pour lui. Une telle machine de guerre a besoin de minimum 10 heures de sommeil par jour, sans quoi la régénération ne se fait pas. Le quadruple vainqueur de Roland Garros ne mange jamais le soir, vu qu’il bouffe déjà pour quatorze entre 6h et 14h. Il fait juste un dernier exercice qui consiste à se mettre sous la Range Rover de son père et de la soulever cent fois avec le bras droite, deux cent fois avec le bras gauche. Nadal effectue sa dernière tâche de la journée sans broncher et va rejoindre Morphée avant même que le soleil n’ait commencé à jouer avec la lune. Quel champion ce Rafa !

* troubles obsessionnels compulsifs

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17 Commentaires

  1. Le coup du téléphone avec notre Roger est grandiose ! Il y a des bons passages… même si des fois vous poussez un peu loin le délire faut avouer que c’est pas mal du tout.

  2. « Rafa décide d’arrêter de respirer tant qu’il n’y aurait pas une autre guêpe à tuer » –> Inspiré de l’Astérix en Hispanie? Moi j’ai toujours trouvé que Rafa ressemblait au gamin qui s’arrête de respirer!

  3. 24 heures dans la peau de… Pourquoi ne pas le raconter à la 1ere personne du singulier. Le « je » aurait peut-être permis d’entrer dans la peau du personnage. Parce que là…

  4. Franchement bof.

    Tjs la même rengaine. Pas drôle effectivement. Idem le passage sur Rodg, tjs les mêmes couplets.

    Et t’as pas des tendances homo des fois? Parce que les passages sur Rafa, c’était limite… 😀

  5. bien vu les gars, drole et original…l’anti-thèse du Matin ou la plupart des journaux romands qui présentent avant tout des totomats sportifs & jolies photos couleurs pour ceux qui savent pas lire…

    Quant aux accusations de plagiat, on attend de voir la preuve écrite que les Cahiers du Sport avaient publié un article similaire sur Nadal….
    Allez, courage à celui qui a posté le commentaire ci-dessus de prouver ce qu’il dit ou de se la coincer sur le sujet à l’avenir

  6. C’est vrai que la mirka lui coûte la peau des fesses./ A part ça, mouais, je vous ai connu plus inspiré, mais on peut comprendre, vu le sujet du billet!

  7. Mais pourquoi tout de suite parler de Plagiat?
    Un auteur a le droit de se laisser inspirer tout de même!
    Et cela dit notre ami Gary n’utilise pas le système 24h chrono mais développe largement.
    Je me réjouis du nr 2, PERSONNELLEMENT;)
    P.S.Si vous avez vraiment envie de rire, relisez le texte après quelques bières, c’est plus marrant!

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