La Lettonie aux arrêts de Riga

À ce niveau d’impuissance, la Suisse devrait songer à jouer en bleu. Que cette équipe de Suisse est frustrante ! La qualité est pourtant là, le meilleur alignement depuis bien des années. Et le jeu est devenu enfin un peu plus ambitieux. Pourtant, le compteur de buts n’augmente pas.

Le match contre la Lettonie a ainsi été entamé par le bon bout. Et l’on crut plusieurs fois à l’ouverture du score. Dès la première minute, Romano Lemm servait idéalement Sandy Jeannin devant le but vide. Mais le capitaine montrait l’exemple en ratant le palet. Puis tous les mastres de la GéantJaune Arena se levaient comme un seul homme pour célébrer le premier but suisse. Pas de bol, Mark Streit avait en fait ajusté l’extérieur du filet. À cinq minutes du premier thé, la rondelle était cette fois bien à l’intérieur de la cage, propulsée par Severin Blindenbacher. But ? Non, annulé justement car Lemm était entré de son plein gré dans la zone du gardien avant que Rodrigo Laviņš, qui n’a pas de cœur, ne l’expédie sur ce qui allait petit à petit devenir le cauchemar des hommes de Ralph Krueger.Pire, la Suisse payait au prix fort l’absence de défenseurs défensifs dans la sélection. Sur sa première infériorité numérique, Matthias Seger partait comme un beau à l’abordage et s’enfermait dans l’arrondi pour y perdre le palet. La contre-attaque fusait et sur le deux contre un qu’elle produisait, Roman Josi se plaçait «nulle part», ne gênant aucunement le tir, ce qui laissait Herberts Vasiļjevs fixer tranquillement Martin Gerber avant d’adresser un caviar que Mārtiņš Cipulis ne se privait pas d’exploiter, puisque le défenseur bernois n’était pas en position d’intercepter une passe, non plus. La défense rouge continuait de flotter par la suite, et Mārtiņš Karsums pouvait dans la foulée s’y reprendre à trois reprises pour tenter de doubler la mise, sans être le moins du monde inquiété par qui que ce soit.
Les Helvètes reprenaient les choses en main dès le début du deuxième tiers, et la suite de la rencontre fut un festival d’occasion ratée (avec Roman Wick, excellent par ailleurs, dans le rôle du Vendangeur Masqué), de malchance, de tirs «à ça», le tout compliqué par la performance quasi parfaite du Cerbère de Duisbourg (ça le fait, hein ?) Edgars Masaļskis.
Après une longue chasse, la solution arrivait presque miraculeusement. Bien lancé par Mark Streit, Wick n’était pour une fois pas à la conclusion, ce qui constituait sans doute la clé du succès. Le joueur de Kloten créait la brêche d’une superbe passe dans le dos depuis l’arrière du but. Andres Ambühl, toujours là quand il faut, s’y engouffrait pour loger enfin le puck hors de portée de la muraille lettone et sauver un point pour ses couleurs. C’était bien la moindre.
Dans la prolongation, les locaux se montraient un peu ailleurs, et les Lettons dominaient pour la première fois une période, manquant de faire la décision dans les dernières secondes. Ce n’était que repousser l’échéance. Alexandrs Ņizivijs trompait Martin Gerber avec sang-froid et précision, pendant que Wick et Lemm nous montraient la même feinte éculée sous un angle différent. Puis Julien Sprunger  ratait la cage. Offensivement, ce n’était vraiment pas la soirée.
Ni vraiment le tournoi ? Longtemps critiqué (à juste titre) pour ses partis pris frileux, Ralph Krueger est paradoxalement en course pour enregistrer l’une de ses moins bonnes performances alors même que son équipe va de l’avant. Et pour cause de stérilité devant le but adverse. Qu’aurait-il pu faire d’autre ? La différence aurait-elle pu venir d’un Reto von Arx en perte de vitesse ou d’un Michel Riesen qui joue quand il veut ? Rien n’est moins sûr. Après tout, il y a sans doute une raison pour laquelle aucun attaquant suisse ne s’est jamais encore imposé en NHL.
Pour rester dans le paradoxe, si tout n’est pas perdu pour la Suisse, c’est justement parce que de gros morceaux s’annoncent. Libérée de l’initiative du jeu, elle devrait trouver un contexte plus à sa mesure.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Suisse – Lettonie 1-2 tab (0-1 0-0 1-0)

Postfinance Arena, 9’771 spectateurs.
Arbitres : V. Baluska, D. Zalaski ; P. Feola, Y. Oskirko.
Buts : 15’30 M. Cipulis (H. Vasiļjevs, A. Ņiživijs / 5 contre 4 / Y. Weber) 0-1, 58’29 A. Ambühl (R. Wick, M. Streit / 6 contre 4 / K. Sotnieks) 1-1.
Tirs au but : R. Wick échoue sur la botte d’E. Masaļskis, A. Ņizivijs ajuste la lucarne droite 0-1, R. Lemm tente la même feinte que R. Wick de l’autre côté pour le même résultat, M. Gerber stoppe l’envoi de  M. Karsums, J. Sprunger tire à côté.
Pénalités : 6 x 2′ contre la Suisse, 11 x 2′ contre la Lettonie.
Tirs : 39-21 (15-5 12-9 11-4 1-3)
Suisse : M. Gerber ; S. Blindenbacher, M. Streit ; M. Seger, R. Josi ; F. Du Bois, G. Bezina ; Y. Weber, T. Monnet ; M. Plüss, I. Rüthemann, R. Gardner ; R. Wick, S. Jeannin, R. Lemm ; A. Ambühl, T. Paterlini, T. Ziegler ; R. Sannitz, J. Sprunger, K. Romy.
Lettonie : E. Masaļskis ; K. Skrastiņš, K. Rēdlihs ; R. Laviņš, K. Sotnieks ; G.Galviņš, G. Pujacs ; O. Bārtulis, A. Jerofejevs ; J. Sprukts, M. Karsums, Ģ. Ankipāns ; L. Dārziņš, M. Rēdlihs, A. Bērziņš ; H. Vasiļjevs, A. Ņizivijs, M. Cipulis ; G. Dzeriņš, O. Sorokins, A. Cipruss.
Notes : 57’00 Temps mort pour la Suisse. 57’49 M. Gerber quitte sa cage jusqu’à la réussite d’A. Ambühl.

Écrit par Yves Grasset

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6 Commentaires

  1. Etant au match hier soir, je n’ai pas compris pourquoi le premier pénalty Suisse n’a pas été comptabilié comme un goal. En effet, on voit clairement le gardien déplacer sa cage avec la gambière ce qui devrait (comme en avait fait l’exérience Caron) être interprêté comme un but.

  2. Et le but annulé est quand même bien bien limite. Le gardien s’effondre sans raison, misant sur la présence du Suisse dans la zone pour qq centimètres… Mais bon.

    Riesen le dieu du hockey a inscrit moins de buts que Sprunger ou Gardener, et le même nombre qu^un Wick ou Ruthemann. Et ils n y sont pas parvenus: aucune raison d affirmer que Riesen aurait fait la différence. Ce n est pas le problème à mon sens.

    Bon article. Juste, c est Streit le capitaine, pas Jeannin.

  3. J’ai vu 20 bons joueurs sur la glace, incapables de mener leur projet à bien parce que pas bien motivés, pas bien coachés et pas bien entourés. Si le puck ne rentre pas, ce n’était pas uniquement le gardien, mais il manquait le « truc », la confiance.

    Krueger est l’arbre qui cache la forêt. Il suffit d’aller faire un tour sur site web minable de la fédération (après 3 mois de recherche google car qui pense hockey suisse ne pense pas nécessairement « sehv ») ou de prendre contact avec eux, d’attendre 3 semaines – en tant que sponsor ! – pour avoir une réponse pour se rendre compte que l’amateurisme est de rigueur chez ces gens.

    La Suisse est dépourvue de personnel technique qualifié en hockey. Le nombre de joueurs de NHL par équipe nationale est certes un indice de qualité, mais si vous prenez la ligue A, combien y a-t-il d’entraîneurs de nationalité Suisse ? Cette remarque n’a pas pour but de fustiger les étrangers, mais bien de faire remarquer qu’en Suisse, il n’y a aucune volonté d’établir une culture du hockey. Allez voir les effectifs des équipes dominantes… Est-ce que c’est des Finlandais qui entraînent la Suède ?

    Après que les joueurs n’aient pas un mental d’acier, c’est peut-être normal si l’on considère qu’ils disposent d’un encadrement moyen durant leurs jeunes années et qu’au lieu d’avoir les atouts pour viser la OHL ou la LHJMQ, ils préfèrent jouer en ligue B et faire des études à côté et avoir aussi un groupe de rock et sortir tous les week-end. On ne leur montre pas ce qu’est la NHL et ce qu’il faut pour y parvenir. On leur dit que c’est un « rêve », comme battre une équipe dans un tournoi est un « exploit ».

    Soit il faut créer un cadre ici en Suisse qui serve au développement de grands espoirs, soit il faut tous les exporter Outre-Atlantique. Sinon, on reste avec le status quo, on ne se plaint pas et on dit que le gardien Letton était franchement bon. Moi ça m’emmerde…

  4. Je pense que Riesen et Von Arx aiderait malgré tout plus l equipe de Suisse que Deruns et Paterlini… Riesen sur le power play (enorme faiblesse de l equipe suisse) et Von Arx en tant que leader…

  5. Dans une ambiance de feu , la suisse va battre la suède , ira en quarts , puis en demi-finale … après tout reste possible .

  6. Dans une ambiance de feu , la suisse va battre la suède , ira en quarts , puis en demi-finale … après tout reste possible .
    –> Bien vu 🙂

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