De la pratique à… la théorie

En cette période de championnat du monde et de hockey sérieux, je vous livre un nouvel épisode de la saga «Hockey d’Outre-Mer». J’ai volontairement fait une petite pause pour ne pas interférer avec les présentations du championnat du monde, mais maintenant que la Suisse est bientôt éliminée (les quarts de finale c’est bientôt, non ?), il est peut-être de bon ton de détendre l’atmosphère. Qu’en pensez-vous ?

Savoir patiner c’est bien. Savoir à peu près manier la rondelle, c’est super, mais connaître les règles de ce sport c’est encore mieux. Pour apprendre un peu de la culture de ce sport à mes coéquipiers j’ai prévu une leçon théorique au lieu de l’entraînement avec le visionnage d’un match du championnat du monde enregistré. Lorsque j’invite tout le monde chez moi au lieu de leur dire de se rendre à notre piste de glace, je crois avoir suscité la curiosité. Certains ont même cru que j’abandonnais au vue de la stagnation assez décevante de ces dernières semaines. S’ils savaient à quelle sauce ils allaient être mangés…

Le Blanc est Valaisan

Hormis mon compère Stéphane, personne ne connaissait la cuisine traditionnelle helvétique dans l’équipe. D’aucuns avaient vaguement entendu parler de la fondue et de la raclette. Outre un met à base de fromage, ils ne pouvaient pas en dire plus. Je me suis donc proposé pour leur faire déguster une bonne fondue. La raclette eut été plus logique au vu de mon origine géographique (rappelons que je suis Valaisan), mais je trouve la fondue tellement plus conviviale à manger. Rassurez-vous, le vin blanc était de «chez moi», Vétroz pour être exact. (Salutations à Marc-Henri Cottagnoud pour ses envois réguliers)
Mike le gardien est le premier à arriver chez moi. Je me rends vite compte qu’il n’a pas l’air d’avoir envie de rigoler. Conscient des soucis que j’ai pu faire naître chez mes coéquipiers, je le mets tout de suite à l’aise en lui expliquant le but de la soirée. Aussi étonnant que cela puisse paraître, manger du fromage chaud ne l’a pas forcément rassuré. «Et vous mettez du pain dedans ?», me dit-il les yeux écarquillés.

Hockey champagne ?

Trente minutes plus tard, tout le monde était présent. Ce matin-là, j’avais enregistré le match Suisse-France en ouverture du championnat du monde grâce au site de la fédération internationale qui propose un service de vidéos très performant. Je pensais pouvoir leur montrer un spectacle intéressant avec ce match où «nous» allions faire qu’une bouchée des Français. Comme l’élimination des All-Blacks par les «Bleus» lors de la Coupe du monde 2007 de rugby reste encore bien en travers de leur gorge (on peine à le croire, n’est-ce pas ?), je me suis dit que ça allait leur faire plaisir.
Inutile de vous dire que j’avais visionné le match en direct malgré le décalage horaire. Se lever aux aurores pour voir mon pays étriller la France, un délice que je ne manquerais pour rien au monde. J’ai vite déchanté et je me suis presque gêné de devoir montrer ce match à mes joueurs. L’honneur est sauf, la Suisse a gagné, mais quel match pénible à suivre… Alors il va falloir leur infliger ça. Et si je les faisais manger (et surtout boire !) avant ? Je dois avouer que j’ai hésité, mais j’ai finalement choisi de leur montrer le match en premier et de finir sur une note plus joyeuse avec la fondue.

Fondue supérieur au match

Forcément, lorsque l’on voit son premier match de hockey, la vitesse de patinage et la technique de crosse impressionnent. Béats d’admiration, les Néo-Zélandais se mettent à vibrer pour la Suisse et le but de Martin Pluess est accueilli comme il se doit. Sans vouloir leur faire un cours théorique, je glisse ça et là des notions qui pourraient nous être utiles tôt ou tard. Je ne me suis pas amusé à parler de trappe défensive ou de fore-checking, mais tout simplement d’orientation du jeu et de placement du joueur de centre et des ailiers. C’est compliqué avec Déruns sur la glace car les schémas techniques sont tout de suite plus brouillons… Mais ça, c’est une autre histoire. Au terme d’un bien mauvais match, la Suisse a gagné et mes partenaires de hockey sur glace croient que le hockey est un sport aussi spectaculaire qu’un mauvais match de football. C’était vraiment un mauvais exemple. Faute avouée à moitié pardonnée, il paraît.
Dans la foulée, je me lance dans la réalisation de la fondue. Stéphane dresse la table et l’odeur se propage doucement dans la pièce principale de mon appartement. Les neuf gaillards présents dans le salon semblent surpris en bien par le fumet. «Ca a l’air pas mal ce que tu nous prépares», parvient à mes oreilles. Je me contente de sourire. Tout le monde prend place à table et je leur explique que celui qui lâche son bout de pain fera deux tours de patinoire en patinant en arrière. Fébrilement, John – un défenseur qui peine à patiner en avant déjà – tremple son bout de pain en premier et goûte. Le suspense ne dure que quelques instants et il sourit immédiatement. «Very good», lâche-t-il rapidement.
Tout le monde s’y essaye et la grande majorité a apprécié la fondue suisse et je pense qu’il va falloir que je fasse une réserve assez rapidement en vue des quatrièmes tiers-temps. Ha oui, j’oubliais. Le premier match des Wellington Islanders (nom peu original certes mais plutôt nécessaire en Nouvelle-Zélande) aura lieu le 3 mai face à une équipe de Canadiens expatriés. Je vais demander à mélanger les équipes, sinon on devrait friser un record de la branlée la plus mémorable.
To be continued…

Écrit par Paul Fournier

Commentaires Facebook

12 Commentaires

  1. Super sympa.

    Du dépaysement (dans tous les sens du terme), de la bonne humeur (parce que la fondue…) de l’humour et de beaux moments à venir en perspective.

    On en redemande

    See you soon, folks… ;o)

  2. Tout comme Babaorum, j’aime beaucoup, c’est frais, c’est très bien écrit, c’est plein d’humour !

    Que Paul Fournier n’hésite pas à continuer à nous relater les pérégrinations de ses « Hockey-Rockets » des antipodes !

  3. Une Amigne avec une fondue….non mais l’est-y possible des choses pareilles…
    Pas étonnant qu’ils aillent se prendre une rouste pour leur premier match si tu continues comme ca..

    Mais je reste optimiste surtout si tu leur inculques une méthode de relance Bezina…mais en mieux !

  4. Super article, merci de nous faire vibrer avec cette équipe qui ne peut que faire penser aux Rasta qui font du bob !

    Et vive la fondue suisse (par 35° ?)

  5. si tu sais pas quoi leur faire la prochaine fois, faire leur une fondue vacherin! Ca se laisse manger même par grosse chaleur.. parole de fribourgeois!

    et excellent article!

    (avec la fondue vacherin, sert leur un Johannisberg Mont-d’or…qui ravira tes papilles valaisannes)

  6. Excellent article comme d’habitude!

    Mais c’est pas fini ces histoires de fondue? Ca me donne faim moi! (et soif…)

  7. Meci pour le récit, Paul. C’est vrai qu’à cette heure ça donne vraiment envie de partager ce repas!
    Mais la prochaine fois, excuse-moi Fredy, tu dois leur faire connaître la raclette: 1 p.d.t, 1 raclette, 1 verre de fendant, 1 p.d.t, 1 raclette, 1 verre de fendant etc…(les petits cornichons et oignons en plus)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.