Deux demi-surprises en valent une

Afin d’éviter de s’endormir au Schlüefweg de Kloten, il fallait plutôt venir pour le premier match de cette journée de samedi qui mettait aux prises les divorcés tchèques et slovaques. En soirée, le duel entre la Finlande et la Biélorussie fut en revanche plutôt soporifique malgré le canardage en règle administré par les Nordiques.

Pathétique contre la Finlande et franchement grotesque contre le Canada, la République tchèque a laissé entrevoir de très légers progrès, le temps d’en enfiler huit à des Slovaques toujours aussi consternants. Lorsque le toujours très concerné Jágr figure en tête des compteurs de son équipe, c’est qu’il y a vraiment un gros souci dans le collectif tchèque. On passera outre la problématique du poste de gardien, laquelle a fait l’objet d’un paragraphe pamphlétaire lors de mon dernier papier. Du côté slovaque, on a pas ce souci : pouvant compter sur les excellents Halák et Lašák, il y a de quoi être tranquille. Du moins, en théorie.

Detroit Red Wings – HC Tolochenaz III

Possédant donc un dernier rempart capable de faire nominer d’office Nando Wieser pour le trophée Vezina et affublé d’un coach qui parvient à faire passer Heikki Leime pour un alliage parfait entre del Curto, Slettvoll et Hitchcock, la Tchéquie jouait son honneur contre la Slovaquie. Une défaite, et les joueurs de Růzička étaient bons pour demander l’asile politique en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou au Gabon. De plus, une élimination au stade du tour intermédiaire pouvait être franchement envisageable. Sans compter que la Slovaquie joue toujours contre son arrogante voisine tchèque avec une hargne et une motivation décuplée.
Les choses ne se sont pas exactement passées comme l’on pouvait s’y attendre. Les plus nombreux et bien plus bruyants supporters slovaques se sont faits très rapidement refroidir. Après vingt minutes d’un match passé exclusivement dans le camp des bleus (au propre comme au figuré), deux théories étaient alors possibles. Soit la République tchèque s’est fichue de la gueule du monde avec ses précédentes prestations indigestes et a soudainement décidé à jouer au hockey, soit la Slovaquie – en surrégime évident contre la Finlande – est effectivement d’une nullité extrême. Après le deuxième tiers, on tendait plutôt à pencher en faveur de la seconde hypothèse.

Débâcle historique

Le démon Eliáš et le requin Michálek se sont révélés être de précieux renforts ; quitte à assumer pleinement sa totale faiblesse dans le secteur défensif, autant tout miser sur l’attaque. Il faut bien admettre que ce succès fut là. Enfin du moins ce soir. Je m’en suis aussi beaucoup pris à l’entraîneur tchèque, mais force est de constater qu’il a vu juste sur un point : la tactique visant à menacer chacun de ses joueurs à passer une nuit avec Conchita Martinez et Mélanie Molitor sitôt cinq pénalités mineures atteintes a clairement porté ses fruits. La première pénalité tchèque n’est survenue qu’après la 35e minute de jeu. Durant la troisième période, la Tchéquie baissa enfin d’un ton, permettant à la Slovaquie de se montrer plus dangereuse, sans toutefois concrétiser ses occasions.
Altruistes, les Tchèques ont pourtant tout fait afin de prendre quelques buts, notamment en réalignant leur passoire fétiche au buts. Sans succès donc, puisque l’imposture suprême consistant a obtenir un blanchissage s’est bel et bien produite, et ce malgré un taux de rebonds accordés de 100%. Les Slovaques ont ma foi réalisé un de ces fameux matchs tout pourri, où rien ne fonctionne. Même avec Brodeur dans les buts, il n’y avait rien à faire. Si vous ajoutez à cela certains coups du sort comme l’assist d’Handzuš de la main pour un Eliáš qui fusille ensuite Lašák d’une reprise de volée sans vraiment faire exprès, ça pousse le grand-guignolèsque jusqu’à un niveau rarement atteint.

La Finlande en échec

Après son petit coup de mou contre les ridicules Slovaques la veille, la Finlande affrontait en soirée la dernière dictature européenne en la personne de la Biélorussie. À défaut d’être franchement emballante, cette rencontre aura au moins permis d’entrer dans le livre des records. Il n’a fallu en effet que cinq secondes à Děmagin pour ouvrir le score. Prise à froid, la nombreuse colonie finnoise a continuer a donner de la voix pour leur équipe qui dominait malgré tout la partie, sans pour autant trouver la faille. Situation classique, plus le temps passait et plus les escarmouches finlandaises se faisaient de manière plus hachées et moins fluides.
Un remake du fameux Suisse – Lettonie prenait progressivement forme. À force de tenter dans toutes les positions et de manière désordonnée, les Nordiques commencèrent à s’agacer. Ne misant pas assez sur leur vitesse propre et dominés physiquement, la Finlande put néanmoins égaliser en supériorité numérique durant la période médiane. Du coup, les Lions se mirent enfin à jouer juste lors des prochaines trois minutes ayant suivies le but de Niskala. Et ce fut ensuite le même cirque. Verrouillant parfaitement la zone médiane ainsi que l’entrée du slot, les Biélorusses ont neutralisé à merveille les offensives finlandaises.
À ce jeu, la tactique ultra-défensive des robustes biélorusses à fini par payer en remportant la partie aux tirs au but. Persistant dans un complexe d’infériorité toute finlandaise, les Blancs se sont fais avoir en ayant portant dominé l’intégralité de la partie. Si la défaite de la Finlande – la première lors de ces championnats du monde – n’est en soi pas dramatique, la manière l’est un peu moins. Avec seulement trois buts inscrits en deux matchs face à des adversaires intrinsèquement plus faibles, la machine offensive des Lions se doit de se dégripper à temps. Face aux extraterrestres canadiens (pour l’ultime rencontre de ce tour intermédiaire), ça va s’avérer en principe assez compliqué.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Tchéquie – Slovaquie 8-0 (4-0 4-0 0-0)

Schlüefweg, 5165 spectateurs
Arbitres : Reiber (Sui)/Sterns (Usa) ; Feola (Usa)/Wirth (Sui)
Buts : 7e Jágr (Rachůnek) 1-0. 10e Jágr (Čajánek, Blaťák) 2-0. 13e Blaťák (Rachůnek, Klepiš/5c3) 3-0. 16e Červenka (Vašíček, Klepiš) 4-0. 26e Kotalík (Hlinka, Čáslava) 5-0. 30e Červenka (Klepiš, Vašíček) 6-0. 31e Michálek (Zidlický, Plekanec) 7-0. 39e Eliáš (Rachůnek) 8-0.
Tirs cadrés : 41-18 (20-2 14-7 7-9)
Pénalités : 4 x 2′ contre la Tchéquie ; 7 x 2′ contre la Slovaquie
Tchéquie : Prusek (34e Ṧtěpánek); Zidlický, Barinka; Rachůnek, Čáslava; Polák, Blaťák; Němec; Hemský, Čajánek, Jágr; Plekanec, Michálek, Eliáš; Kotalík, Hlinka, Rolinek; Klepiš, Vašíček, Olesz; Červenka.
Slovaquie : Lašák (31e Halák) – Obšut Sekera; Smrek, Vydarený; Barinka, Valábik; Švarný, Graňák; Bartečko, Handzuš, Surový; Růzička, Mikúš, Marcel Hossa; Bicek, Bartovič, Štefanka; Nagy, Ölvecký, Radivojevič.

Finlande – Biélorussie 1-2 tab (0-1 1-0 0-0)

Schlüefweg, 5621 spectateurs
Arbitres : Kurmann (Sui)/Vinnerborg (Swe) ; Oskirko (Rus)/Sabelström (Swe)
Buts : 1e (0’05") Děmagin (Grabovsky) 0-1. 34e Niskala (Nummelin/5c4) 1-1.
Tirs au but : Hagman rate (arrêt de Mezin), Antoněnko 0-1, Nummelin 1-1, Meleško rate (à côté), Immonen 2-1, Grabovsky 2-2; Nummelin rate (arrêt de Mezin), Antoněnko 2-3.
Tirs cadrés : 45-19 (15-5 15-10 12-2 3-1)
Pénalités : 6 x 2′ contre la Finlande ; 6 x 2′ contre la Biélorussie
Finlande : Rinne; Nummelin, Lehtonen; Kukkonen, Niskala; Koistinen, Jaakola; Salmela; Hagman, Miettinen, N. Kapanen; S. Kapanen, Immonen, Pyörälä; Hyvönen, Hytönen, Vahalahti; Santala, Kerman, Komarov; Ruutu.
Biélorussie : Mezin; Rjadinskij, Salei; Denisov, Baško; Usenko, Kosťjučenok; Antonov, Korobov; Ugarov, Děmagin, Grabovsky; Michaljov, Meleško, Čupris; Antoněnko, Kulakov, Kovyršin; Štefanovič, Staš.

Écrit par Mathieu Nicolet

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