Bienne perd, mais gagne quand même…

Bienne recevant les Zurichois – les champions en titre, pas les sans-patinoire-fixe de l’aérodrome voisin – et se ramassant au final un sec 4-7, voilà qui pourrait être assimilé à une petite claque pour qui limiterait son horizon à l’extrémité de ses narines.

En y regardant de plus près toutefois, les Seelandais sortent d’une semaine difficile mais particulièrement rentable. Diable, le ZSC et Davos, respectivement champion et leader actuel, ont tout de même été contraints de céder chacun un point au trublion biennois pour ne pas avoir réussi à en venir à bout avant le pile ou face des tirs au but. Et deux points de plus dans l’escarcelle d’Heinz Ehlers et de ses boys alors que même le plus téméraire des bookmakers n’aurait pas parié un fish and chips sur le gain de la moindre unité comptable contre de tels adversaires.

C’est toutefois sur un autre plan que le HC Bienne ressort gagnant de cette semaine cruciale, voire même de ce début de championnat importantissime. Car le ZSC de samedi soir lui a offert la plus précieuse des valeurs pour le petit nouveau de la ligue : son respect. Oui, les joueurs au lion qui rugit avec cette pointe d’accent nasal si caractéristique du dialecte zurichois ont pris le HC Bienne au sérieux. Cette fois-ci point de Lukas Flüeler pour défendre les buts du champion mais un Sulander toujours aussi épatant (mais comment fait-il ?), point de légèreté coupable dans les actions du Z mais une application évidente à s’accaparer la maitrise du jeu et de ne laisser que des miettes à leur nouvellement redouté contradicteur.

Mais où était donc King Ralf ?

Visiblement émoussés par leur balade à la Vaillant Arena, les Biennois n’ont pas eu l’ombre d’une chance lors des deux premières périodes face à un ensemble dont on n’aurait pas été plus surpris que ça de le voir évoluer avec le maillot rouge à croix blanche. Car les Zurichois peuvent se targuer de présenter une défense à 50% internationale avec les Forster, Blindenbacher et le retour au jeu de Seger. Devant ? C’est à peine moins bien achalandé puisqu’entre les Krügériens Wichser et Monnet, on trouve pléthore de pupilles des sélections M20.

Tschantré et Bienne n’ont pas été ridicules

Face à cette Nati light qui a pris cinq longueurs d’avance dès qu’elle décidait de jouer à plein régime et de profiter de la timide soirée de Caminada dans le but biennois, Ehlers a vu tout juste en offrant du temps de glace en suffisance à son quatrième bloc, prouvant une fois pour toutes que ses options tactiques de l’an dernier qui avaient usé à outrance des ressources des leaders n’étaient bien que la résultante du manque de profondeur de son effectif d’alors. Cette saison, il sait préserver les forces de ses plus fins artificiers à l’approche d’un week-end aux objectifs bien supérieurs.

Un final exaltant

Cinq buts de retard à l’entame de l’ultime tiers ? Assez pour que la plupart des équipes soldent l’ultime période. Mais le Biennois est fourmi et pas cigale, il n’offre rien. Le Biennois meurt mais ne se rend pas. Suffisamment lucides pour se rendre compte du léger relâchement zurichois, il était hors de question que les Seelandais plient et acceptent leur sort sans se rebeller. Une fois, deux fois, puis trois et quatre, ils ont ravi les presque 5’000 spectateurs (le public du Hallenstadion n’aime visiblement pas se déplacer) et ont une fois encore mérité la standing ovation qui leur fut faite. Les fans du Z auront rarement été accompagnés hors de l’enceinte sous les chants des vaincus…

Bienne a perdu les trois rencontres de la semaine mais a gagné quand même. Pas que des points, mais surtout du respect. Le respect du champion en titre. Le respect de son public reconnaissant. Gagné le droit de passer au niveau supérieur, avec tout ce que cela implique de nouvelles attentes et de férocité de l’opposition…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Bienne – Zurich Lions 4-7 (0-1 1-4 3-2)

Stade de Glace, 4836 spectateurs.
Arbitres : MM. Prugger, Kohler et Müller.

Buts : 6e Krutov 0-1, 21e Gardner (Alston, Wichser) 0-2, 29e Forster (Pittis/5 c 4) 0-3, 31e Forster (Bastl, Bühler) 0-4, 38e (37’09 ») Alston (Suchy/5 c 4) 0-5, 38e (37’34 ») Peter (Ehrensperger) 1-5, 48e (47’09 ») Kamber (4 c 5!) 1-6, 49e (48’47 ») Truttmann (Himelfarb) 2-6, 53e (52’51 ») Reber (Ehrensperger, Nüssli/5 c 4) 3-6, 54e (53’19 ») Himelfarb 4-6, 57e Blindenbacher (Krutov) 4-7.

Bienne : Caminada; Hill, Schneeberger; Kamerzin, Kparghai; Gossweiler, Reber; Tschantré, Fata, Nüssli; Ling, Himelfarb, Truttmann; Bärtschi, Peter, Ehrensperger; Wetzel, Brägger, Fischer. Entraîneur: Ehlers.

Zurich Lions : Sulander; Blindenbacher, Suchy; Forster, Geering; Seger, Schnyder; Krutov, Kamber, Grauwiler; Alston, Wichser, Gardner; Monnet, Pittis, Trudel; Bühler, Gloor, Bastl. Entraîneur: Simpson.

Notes : Bienne sans Steinegger, Tschannen, Beccarelli (blessés), Neff (malade), Meyer (convalescent) ni Tuomainen (surnuméraire). Zurich Lions sans Sejna (surnuméraire), Stoffel (blessé), Lemm, Lindemann ni Cadonau (tous avec Grasshopper). Temp-mort demandé par Simpson (53’19 »).

Pénalités : 7 x 2′ contre Bienne; 8 x 2′ contre Zurich Lions.

Écrit par Jean-Philippe Ritz