Federer est de retour sur terre

Pour son baptême du feu, la Caja Mágica, nouveau temple du tennis espagnol, a fait honneur à son nom. Le jeu, la passion ibérique et le soleil étaient au rendez-vous du cinquième tournoi de la saison estampillé Master 1000. Normal pour Madrid nous direz-vous. Et pourtant, l’épilogue du week-end était tout sauf attendu. Nadal s’est fait prendre un trophée qui lui tendait les bras depuis une semaine. Et le vainqueur était peut-être celui qu’on attendait le moins.

Verdasco, Djokovic ou même Wawrinka auraient en effet eu plus de popularité auprès des parieurs qu’un Federer en pleine dérive, sans coach, tout juste marié et sur le point de voir naître son premier enfant. «Une situation rêvée pour reconquérir sa place de numéro 1 mondial» vous martèlerait sans hésiter Rodgeur, sans oublier bien sûr de rajouter qu’il sait exactement ce qu’il doit faire pour battre Nadal.

Nadal – Djokovic : la finale avant l’heure

Samedi, 16 heures, les spectateurs acclament l’entrée sur le court central des deux hommes en forme du moment. Une affiche de rêve pour commencer la journée. On ne sera pas déçu. Le jeune Serbe commence fort et mène 3-0 alors que les derniers 2’583 spectateurs entrent dans le stade. Imaginez leur déception : non seulement ils font l’impasse sur la sacro-sainte sieste, mais en plus le pitre du circuit domine l’idole du pays. Nadal n’est pas dans un grand jour. Il commet beaucoup trop de fautes directes et s’incline logiquement 6-3 dans le premier set.
Les 12’500 crevettes à l’ail ne paraissent pourtant pas inquiètes. Fines connaisseuses, elles savent toutes que leur héros national a pour habitude de monter en puissance. Les encouragements se font plus nombreux. Sans être brillant, le numéro 1 mondial s’accroche et finit par remporter la deuxième manche au tie-break. Un jeu décisif gagné au mental, la grande force du Baléare et apparemment aussi celle de notre voisine de douze ans hurlant des «vamos Rafa» avant CHAQUE point. Après quatre heures d’un match incroyable, la petite repartira à la maison avec le sourire et une vilaine extinction de voix. 
Comme à son habitude, Rafa élève son niveau de jeu et le dernier set prend une nouvelle dimension. Des échanges interminables ponctués de coups gagnants ahurissants qui conduiront à un nouveau tie-break, celui-ci d’anthologie. Aucun des joueurs n’arrive à se détacher dans un premier temps. C’est Djokovic qui dispose des premières balles de match. Les deux premières écartées par le maître espagnol grâce à des passing millimétrés. Le dernier espoir de Djokovic s’envole lorsque sa balle sort à quelques centimètres de la ligne. Au final, Nadal s’impose par 11 à 9 au terme d’un jeu décisif qui rendrait même enthousiaste un  journaliste de la TSR, mais pas Joël Grivel sous morphine. Couché sur le dos, le champion du soir salue cette victoire sous les «Rafa, Rafa…» d’une foule hystérique. Il est 20h45. A peine le temps de nous enfiler une bière et on enchaîne avec la deuxième affiche. À notre grande surprise, la bière est sans alcool. La rencontre qui suit sera elle sans panache.

Rodgeur – Del Potro : du temps perdu

On avait presque oublié le Federex, du moins face à un Top 10. Après près de quatre heures de pure dégustation visuelle, les organisateurs auraient pu avoir la décence de reprogrammer le match Rodgeur – Del Potro le dimanche matin de 6 à 8 heures. Au menu de la soirée, des avortons d’échanges, un Del Potro s’encoublant dans sa raquette et un Federer à peine mouillé après 1h22 de jeu.  L’essentiel était toutefois là. L’ATP nous offre un nouvel acte du Clasico du tennis masculin.

Nadal – Rodgeur : court, mais bon

Ils ne s’étaient plus rencontrés depuis les larmes de l’Open d’Australie. Personne ne croyait en Federer, sauf lui-même qui clamait haut et fort détenir les clefs pour battre Nadal, sans pour autant vouloir rencontrer son meilleur ennemi avant Roland Garros. Une attitude de gagnant qui pouvait faire sourire voire même pleurer quand on connaît l’importance du mental dans un match de tennis. Les premiers jeux s’enchaînent. Pas de break, mais Nadal pousse. Federer, fidèle à lui-même, traîne sa nonchalance sur la terre battue ibérique. Une, deux puis trois balles de break sauvées. Il ne semble que pouvoir retarder l’échéance. On rêve presque de le voir se révolter, péter une durite sur le courte Vas-y Roger, casse des raquettes, insulte les ramasseurs de balle ou frappe l’arbitre ! Mais merde, ne reste pas là sans rien faire.
Puis soudain, LA balle de break, la seule du premier set. Trois coups de raquette plus tard, l’ex-numéro 1 mondial renverse la tendance et confirme que nos connaissances tennistiques égalent celles footballistiques d’un Yannick Paratte aux commentaires d’une soirée Champions League. En grand patron, Federer remporte le premier set 6-4 sur sa seule occasion. Mais à quoi bon… On te connaît Roger, tu finiras bien par flancher alors que tu mènes 3-1 service à suivre dans le deuxième set. Là encore, on a tout faux. Ce deuxième acte ressemble comme deux gouttes d’eau au premier. Seule différence, Nadal entrevoit une lueur d’espoir dans le dernier jeu. 0-30, le stade est en délire, notre voisine est carrément en transe mais Roger reste solide sur son service comme à la grande époque et claque un ace pour conclure une semaine madrilène calibre number one. Tout est allé si vite. Incrédules, les spectateurs mettent quelques minutes à comprendre que le tournoi est terminé. Oui, Federer l’a bien remporté en moins de 1h30 de jeu face à un joueur invaincu depuis 33 matches sur terre battue.
Cette victoire fera du bien à Roger, mais de là à y voir un signe annonciateur d’un quelconque triomphe à Paris, il y a un fossé que nous ne nous aventurerons même pas à tenter de passer. Restons sur terre. Comme Federer le nota en conférence de presse, Nadal en 2009 c’est une seule défaite pour trois titres remportés sur surface ocre. L’Espagnol reste le grand favori du tournoi parisien. Néanmoins, en perdant dimanche, il a fait naître une lueur d’espoir chez tous les joueurs qui le croyaient imbattable sur terre battue. Oui Rodgeur, tu nous as souvent ruiné nos fins de week-end ces derniers temps, mais là, tu nous as fait rêver. Vamos Roger !

Écrit par Manuel Lopez et Basile Corbaz

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21 Commentaires

  1. Oui c’est vrai, Rodg a enfin fait ce qu’on attendait de lui en attaquant constamment le Majorquin.. Mais ce que cet article omet de dire, c’est que Nadal avait autant de jus lors de cette finale qu’une Patty Schnyder des grands jours !!! Désolé de faire le rabat-joie, mais sans les 4h de jeu disputées face à Djoko, je doute que notre Rodg’ national ait gagné – du moins aussi facilement..
    Néanmoins l’espoir fait vivre alors j’espère que la surprise se rééditera à la Porte d’Auteuil

  2. Il suffit pour Rodgeur d’être un poil + agressif et d’arrêter d’allumer les tribunes avec son coup droit.

    Rodgeur gagnera tout le temps contre Nadal.

    Le jour où Federer se limitera à 10-12 fautes directes par set, Nadal n’aura aucune chance contre lui !

    Mais malheureusement le coup droit de rodgeur est trop friable…
    Donc, la réponse est… arrête de rester comme un abruti en fond de court… et avance !

    Grande Fedex, !
    RG + Wimbledon + US Open !… et le monde du tennis admettera ce qui est déjà une évidence que Monsieur Federer est le dieu parmi les dieux !

    Bye bye Rafa, t’as l’air d’un type sympathique ! mais ton jeu me fait juste vômir.

  3. « Bye bye Rafa, t’as l’air d’un type sympathique ! mais ton jeu me fait juste vômir. »

    Y’en a qui ont le trouduc en dessous du nez ma parole…

    Joli article, bravo. Fair & Just.
    Faut reconnaître quand Roger
    fait de belles choses. Mais Paris
    est une autre affaire. Cette surprise
    à Madrid va toutefois filer de la niaque dans les vestiaires de la Porte d’Auteuil. Good Thing !

    Ciao !

    Olive

  4. Cette surprenante première victoire de Roger n’est qu’un épiphénomène dans une saison dominé de la tête et des épaules, des biceps, triceps… orteil gauche et paupière droite par Nadal.

    Non seulement le terrain convenait beaucoup plus à Roger mais en plus ce dernier a seulement du « jouer » 1h20 la veille alors que Rafa et Djokovic nous ont régalé pendant 4h.

    Ceci dit, je suis content pour Roger. Ça fait plaisir de le voir sourire à nouveau… Ce qui m’inquiète, c’est qu’il prenne trop confiance. Car aussi étrange que ça puisse vous paraître, je n’ai aucune envie de le voir pleurer à Paris.

  5. @Olive
    trou duc en dessous du nez ! lol !

    c’est plutôt nadal qui se met les doigts dans le trou duc 500 fois par match !

  6. c’est irrelevant que le taureau ait été fatigué.

    le taureau aurait pu jouer avec une jambe amputee tant que y’a la victoire au bout c’est tout ce qui compte. Au tennis y’a que la victoire qui compte comme dirait PAD.

    On sera un tout petit peu plus detendu pour RG. D’autant plus que Djoko etant passe 4 il se retrouve dans la moitie de tableau de Nadal et que le scenario pourrait se repeter.

    Il faut se raccrocher a ce qu’on peut.

  7. Eh non, les têtes de séries 3&4 sont placées par tirages au sort, comme toutes les autres.

    Donc une chance sur deux d’avoir Djoko dans la partie de Rodg’.

  8. Comme dit plus haut, seule la victoire compte en tennis!!! Peu importe le temps passé par le joueurs sur le court…

    Et à ce sujet, notons quand même que si Nadal et le prétentieux Djokovic ont passé plus de 4h sur le court, c’est notamment à causse de la minute trente que chacun d’entre eux a besoin entre chaque point!!!!

    Allez Roger!
    coco

  9. Vous commencez doucement à me faire chier avec vos excuses à 2 balles ! Si Rafa à plus jouer que Roger avant cette finale c’est parce qu’il a pas réussi à faire la différence assez vite contre Djokovic. AU TENNIS ON GAGNE UN TOURNOI, PAS UNE FINALE !!!

  10. J’ai cru entendre de source sur que Federer avait la chiasse en final de Wimbledon !

    Personne n’a rien dit, respect… !

    Et là, sous prétexte que Nadal et Djokovic ont tapé la balle sur la terre battue de Madrid 8’783 fois… si si, j’ai compté !
    On dénigre la victoire du somptueux, majestueux, sublimissime roi parmi les rois… Rodgeur « the king » Federer.

    Nadal est un feu de paille… il va encore gagner 2 ou 3 RG et c’est tout !

  11. Si Rodg prend enfin conscience que Rafa est imbattable en restant au fond et écourte les échanges il a une chance y compris à RG.

    Ceci dit, il ne faut pas se leurrer, Rafa ne jouera pas des balles à mi court sans consistance comme se fut le cas à Madrid. De plus, je pense que Roger peut avoir de mauvaises surprises sur la quinzaines bien avant la finale.

    Il faut espéré qu’il puisse stabiliser son niveau de jeu au niveau de celui de Madrid durant 15 jours.

    Bon y a moins de risque de se faire surprendre sur un match en 5 sets qu’en trois, mais Roger n’est plus la forteresse imprenable d’il y a encore 2 ans. La clé sur la durée, sera une stabilité retrouvée en 1ère balle et un coup droit qui reste dans les limites du court…

    Perso j’y crois et je suis sûr qu’il peut encore se hisser en finale et même gagner dans un jour de grâce face à Rafa.

  12. Non mais faut arrêter! Rodgeur le somptueux ?? Vous pensez sérieusement que Nadal donnera des balles courtes a Federer a RG ??? Je vous rappelle également que la terre battue de Paris est bien plus lente que celle de Madrid et l’altitude est plus basse; tous ces éléments sont en faveur de Nadal. A Paris, ses passings passeront, Federer pourra moins le déborder et il se fera avoir comme d’hab; ses coups ne peuvent pas résister à l’incroyable lift de Nadal. Et meme si je ne suis pas un grand fan de Nadal, arrêtez de le dénigrer et ne vous faites pas trop d’illusion pour Federer a Paris. Je pense qu’un finale à Paris serait un excellent résultat pour Rodgeur car il aura surement de durs obstacles d’ici la.

    Mais bon, je vous comprends d’un coté, l’espoir fait vivre!

  13. Tout à fait d’accord avec avocat. J’irai même plus loin: il vaut mieux pour Federer qu’il ne nourisse pas trop d’espoir, de sorte qu’il ne subisse pas une autre grosse désillusion.
    L’absence de tout espoir, voilà son seul espoir!

  14. Crevette à l’ail.. tu faisais moins le malin dimanche passé ;)!
    Et n’oublie pas de mettre 5 étoile qund tu juges ce genre d’article.. 😉
    Vamos Rodger

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