Le jour où les garçons nés le lendemain s’appelleront tous Haris…

…même si leur nom de famille est Bolomey. Il y a des jours où, en quelques secondes, on se dit qu’on ne regardera plus jamais du foot, puis que c’est quand même un sport génial et qu’on serait presque prêt à prendre des agents contractuels dans les bras. Cela nous fait aussi du bien de nous rappeler que, quand on déchante de s’être cru trop fort, avoir un bon vieux coup du destin de dernière minute ne doit pas nous faire oublier qu’à un moment on s’était justement rendu compte de ça. Mais pu…. comme c’est bon.

1. Le résumé.D’abord un affreux cauchemar. De ceux où on marche sans avancer dans des couloirs en essayant de crier mais qu’aucun son ne sort de notre bouche (et où on est déguisé en ballerine devant notre concierge nue). Une première mi-temps pour la Suisse qui nous fait considérer le match contre le Honduras en Afrique du Sud comme du caviar, celui contre l’Ukraine comme de la mousse au chocolat et on ne parle même pas d’un match de qualif contre Chypre. Pire que cela. Une horreur de misère, ponctuée par un but équatorien pas volé. Mehmedi nous redonne un soupçon d’espoir en début de seconde période, mais le plat qu’on nous sert reste une infâme tambouille qu’on sent que l’on va avoir de la peine à faire accepter à nos intestins. Et puis, Behrami… et puis Rodriguez… et puis Seferovic… Qui fait que, le lendemain, la moitié d’entre nous parleront comme Jeanne Moreau…
2. L’homme du match.
Spontanément, on pourrait penser à l’un des trois joueurs cités ci-dessus et pourtant il n’y en a qu’un : Enner Valencia. L’homme grâce à qui, indirectement, nous avons pu vivre une des émotions les plus violentes que la Suisse nous ait offert depuis des décennies. Parce que pour qu’il y ait un incroyable retournement de situation, il faut qu’il y ait cette situation. Même si certains d’entre nous ont sans doute perdu une dizaine d’année d’espérance de vie à cause de lui.

3. La buse du match.
Sans doute par volonté de fraternité, chacun a pu se partager ce titre durant ce match. Les Suisses autant que les Equatoriens tant les vagues actions offensives de part et d’autre furent d’une pauvreté effarante. Mais juste parce qu’on commence à ne plus comprendre où veut en venir Hitzfeld, on aurait envie de mettre Xhaka, l’homme dont on se demande si lui-même sait à quoi il sert sur le terrain en tant que titulaire.
4. Le tournant du match.
Le moment où Behrami s’est soudain souvenu qu’il était un joueur de foot (ça lui a quand même pris une heure et demie). Du coup, pour se rattraper, il a choisi d’offrir une démo de tous les gestes héroïques pour les écoles de foot : tacle parfait dans les seize mètres, relance de contre, abnégation après s’être fait ramasser en pleine course, lancement d’une action parfaite menant à un goal. On ne se rappelle pas avoir vu une action pareille.
5. Le geste technique du match.
J’aimerais tant ne pas le faire mais le malheur veut que je sois obligé de citer ce con de hamster qui chie et qu’on souhaiterait tant qu’il finisse comme Guiguitte et qu’on n’entende plus jamais parler de lui. Mais au final, il avait raison. On imagine déjà ce que ça donnera lorsqu’il aura bu trop de jus de pomme et du coup prédira des matchs nuls.
6. Le geste pourri du match.
Le but injustement annulé pour hors-jeu de Drmic. Même si l’erreur paraît absolument compréhensible et qu’on avait eu la chance inverse avec Frei contre la Corée en 2006, on n’ose même pas imaginer comme cela nous serait resté en travers de la gorge sans Seferovic.
7. Ce match m’a fait penser à…
Pendant une heure et demie, à un passage chez le dentiste sans anesthésie avec Mireille Mathieu qui nous hurle la Marseillaise dans l’oreille et Gérard Depardieu qui nous lèche les avant-bras (et je ne sais pas pourquoi diable il ferait une chose pareille mais c’est horrible). Puis, à la 93ème, à la première fois qu’on a utilisé un préservatif sans que ce soit pour une bombe à eau.

8. L’anecdote.
En 2010, la Suisse avait battu l’Espagne à l’arrachée lors de son premier match et n’avait pas réussi à battre le Honduras pour passer le premier tour lors de son dernier match de… ah vous aussi vous vous en rappelez ? On aimerait quand même bien qu’il se passe quelque chose de positif contre la France vendredi prochain, histoire qu’on évite le même scénario.
9. Le tweet à la con.
Vu à la télévision française « Shaqiri + Xhaka = Shakira ! ptdr ! ». En soit on ne peut pas en vouloir à ce facétieux tweetos d’adorer les blagues réchauffées et nous serions très heureux de renflouer son répertoire avec notre inédite histoire de « tu sais pourquoi il y a des morts devant les portes en Belgique » ou « c’est trois steaks hachés qui se baladent… », le tout en écoutant « il est vraiment phénoménal lalala ». Mais finalement, est-ce que Tweeter était vraiment une invention indispensable ?
10. La rétrospective du prochain match.
La France découvre qu’il est plus compliqué de jouer contre une équipe qui joue en face. La Suisse découvre qu’il est plus compliqué de jouer contre une équipe qui sait viser une cage de but. Les 22 acteurs ne se remettent absolument pas de cette découverte et dès les expulsions conjointes de Lichtsteiner, Valbuena, Behrami, Pogba (tous suite à discussions avec l’arbitre à propos de cette mousse à raser que celui-ci leur gicle sur les chaussures), le match se débride de façon inattendue. On finit en un 7 à 7 hallucinant. Mais au moins la Suisse a son destin entre les mains.