Belgique : à couteaux tirés

Bien que le championnat de Belgique ne soit pas le plus compétitif à l’échelle européenne et malgré le fait qu’il ne soit que peu suivi en dehors des frontières du royaume, la Jupiler League nous a offert un scénario invraisemblable qui a trouvé son épilogue ce week-end, au terme d’une finale aller-retour entre le RSC Anderlecht et le Standard de Liège… J’en ai toujours mal dans le bras…

Une faille du règlement ? Une volonté de se distinguer de tous les autres pays du monde ? Un oubli ? Peu importent les raisons qui ont amené à départager les deux co-leaders du championnat lors d’une finale aller-retour. Amusant quand même de constater qu’avec une meilleure différence de buts au terme des 34 journées du championnat régulier, le club bruxellois d’Anderlecht aurait été sacré champion national partout ailleurs. Oui mais voilà, en Belgique, on ne sait rien faire comme les autres… Et, très franchement, ces manches finales avaient le mérite de permettre une arrivée au sprint (mais sans vélo), d’assister à deux nouveaux affrontements entre deux clubs rivaux depuis toujours. En plus, cette méthode permettait de sacrer le club qui prendrait directement le meilleur sur son concurrent, celui qui serait le vrai champion de Belgique.

Un héros nommé Bolat

Jeune gardien remplaçant du KRC Genk et illustre inconnu en début de saison, Sinan Bolat (20 ans) était transféré au Standard de Liège durant le mercato hivernal. Après quelques mois pour se mettre dans le bain, le Belgo-Turc s’est vu confier les clés du coffre-fort liégeois à deux mois du terme du championnat, alors que son équipe avait tout à perdre. Une telle marque de confiance à de jeunes joueurs, soit-dit en passant, devrait faire réfléchir quelques dirigeants, en Val… euh, en Suisse, mais aussi partout en Europe.
Or, le jeune portier a su saisir cette chance et mieux, faire gagner le Standard. Rendez-vous compte : il n’a encaissé que 2 buts (dont un auto-goal) lors des 8 dernières journées du championnat. Mais, surtout, il a sorti le pénalty qui allait faire gagner le titre à son club à la… 92ème minute de l’ultime match, alors que le score était de 1-0 pour ses couleurs… Un miracle, un vrai, comme il n’en arrive qu’aux équipes pour qui il est écrit – comme Sion en finale de Coupe suisse – : «Tu triompheras quoiqu’il arrive».
Un miracle surtout, qui allait permettre aux Rouches de défier Anderlecht dans la finale, mode aller-retour. Un exploit qui rend une équipe moralement invincible au meilleur moment, et qui donne un coup de massue énorme aux futurs adversaires, qui étaient déjà en train de sabrer le champagne à ce moment-là…

Finale : du foot ? Où ça ?

Vu l’enjeu de cette double confrontation, on comprendra aisément que le football est passé à la trappe. En effet, tant à l’aller qu’au retour, des millions de Belges tendus comme des crampes ont assisté à un affrontement physique et tactique. Beaucoup d’entre eux ont frôlé l’infarctus dès la 2ème minute du match aller, quand Dalmat (Standard), seul devant le but vide, ajustait… le poteau. Puis il y eut un deuxième poteau pour les Liégeois, avant qu’Anderlecht, via Legear, n’ouvre la marque… Joie intense pour les Mauves, mais joie de courte durée, puisque l’inévitable Mbokani, ancien Anderlechtois – ironie du s(p)ort – égalisait quelques minutes plus tard. 1-1, fin du match aller, et la quasi-certitude que le Standard – invincible à domicile – serait champion.
Certitude confirmée dimanche soir au terme d’un match qui tenait plus de la lutte gréco-romaine par équipes que du football, dans un chaudron en ébullition, qui a vu pleuvoir bières et cartons jaunes. Un but, un seul, inscrit sur pénalty par Witsel – meilleur joueur du championnat – aura permis aux Rouches de remporter leur 2ème titre consécutif et, du même coup, de se qualifier directement pour les phases de groupes de la Champions League 2009-10. 
Un dénouement que n’aurait d’ailleurs jamais permis la prise en compte du goal-average. Alors, merci, amis de la fédération belge, de ne jamais réussir à penser à tout !

Écrit par Arnaud Antonin

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5 Commentaires

  1. Et dire que ce règlement était le dernier du nom… Mais est-ce qu’il ne faudrait pas plutôt adopter ce mode de faire (match aller-retour en cas d’égalité de points) ? A part des problèmes de calendrier, tout le monde a à y gagner. Surtout les sponsors et la TV, ok. Mais pour les supporters c’est vraiment sympa ! A tel point qu’en Belgique, la finale de Coupe (samedi soir) est passée presque inaperçue…

  2. A savoir, que tous les clubs étaient au courant de ce règlement au début du championnat, donc cela ne sert à rien aux anderlechtois de râler la dessus.

  3. Heu… en italie c’est la même chose… une année ils ont failli finir égalité à 3 et ils avaient prévu une mini poule pour désigner le champion…

  4. Quelle est la meilleure manière de permettre à deux équipes ayant le même nombre de points et de victoires de se gausser du titre suprême?? En leur permettant d’en découdre en match aller-retour, pardi!

    Alfred Hitchkock n’aurait pas osé écrire ce scénario incroyable…

  5. L’avantage de ce système est qu’il ne laisse place à aucun score suspect genre Argentine-Pérou à la CM 78. L’Espagne entre autres, propose une solution qui est digne d’intérêt: le score total des rencontres entre les équipes ex-aequo sert de base au départage (mais j’ignore sur quoi on s’appuie ensuite). Dans les deux cas de figure, Anderlecht et son football efficace mais frileux, dépourvu du moindre panache, aurait coiffé les lauriers.

    Avantage collatéral: en accédant directement aux poules de la ligue des champions, le Standard va pouvoir combler quelque peu l’écart budgétaire qui le sépare de son éternel et richissime – à l’échelon belge – rival.

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